Jean-François Heisser joue Alban Berg |
ALBAN BERG
Sonate pour piano opus 1
Quatuor à cordes opus 3, transcription pour piano à quatre mains du compositeur
Concerto de Chambre pour piano, violon et 13 instruments à vent Jean-François Heisser, Marie-Joseph Jude : piano. Peter Csaba, violon. Ensemble à vents de Prague.
Praga Digitals PRD 25 130. Distribution Harmonia Mundi.
Ce disque compact présente deux oeuvres emblématiques de la production de Berg accompagnées par une curiosité : la transcription pour piano quatre mains faite par le compositeur de son quatuor à cordes opus 3. Plutôt que de chercher à éclairer la forme complexe de la Sonate opus 1, Jean-François Heisser souligne son caractère énigmatique, tout à tour mélancolique et vindicatif. Sa sonorité claire, son refus des effets sonores, donnent à cette partition qui bluffe souvent les pianistes (il est aisé d'y dénicher la collection complète des poncifs " expressionnistes "), une tonalité schubertienne. On se promène ici dans une forêt de thèmes qui s'abolissent les uns les autres au grès du cheminement tranquille de Heisser. Cette vision apaisée d'un compositeur qui est lui-même tout sauf serein, est à l'opposé du morceau qui suit. La transcription du Quatuor opus 3 est un remerciement à la ville de Vienne qui venait de lui offrir le " Grand Prix de la ville de Vienne ". Malgré l'effet tumultueux et souvent touffu que donne le piano, celui-ci n'apporte pas vraiment une vision nouvelle de cette oeuvre dont le quatuor à cordes est le véritable support. La production pour piano de Berg est cependant suffisamment mince pour justifier qu'on la joue. Il faut juste accepter qu'elle se retrouve comme engoncée dans le tricot à mailles trop minces du clavier à quatre mains malgré la vaillance de ses interprètes. La construction du Concerto de Chambre est une des plus ambitieuse qui soit. L'oeuvre est truffée d'allusions au chiffre trois (Schoenberg, Webern, Berg), d'anagrammes constitués par les lettres des noms des compositeurs, en plus de tous les procédés classiques dont Berg est passé maître. Sa composition est d'une complexité effarante, pourtant son effet sur les auditeurs est immédiat. Les artistes rassemblés par cet enregistrement en font un parcours passionnant fait d'équilibre, de sonorités mystérieuses, de tendresse et surtout d'intelligence. Peter Csaba, le violoniste, y fait merveille de poésie. Si l'on ajoute à la qualité de l'interprétation le sérieux du livret, voici un disque compact qui mérite largement de figurer dans toutes les discothèques.
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