Christoph Prégardien et Andreas Staier interprètent Brahms |
Johannes Brahms : La Belle Maguelonne. Christoph Prégardien (ténor), Andreas Staier (pianoforte), Sami Frey (narrateur).
1 cd Teldec 85573-80917-2.
Le concert, à la Comédie des Champs-Élysées, fut l'un des moments les plus émouvants de la saison, parmi les trop rares soirées consacrées au Lied. Inutile de dire qu'on retrouve, dans l'enregistrement gravé quelques semaines auparavant, les mêmes qualités. On a rarement entendu diction plus claire et plus subtile que celle de Christoph Prégardien ; les mots, pour lui, sont musique, et plaisir de dire, mais aussi saveur, sentiment. Vaillance (" Keinen hat es noch gereut "), douleur (" Sind es Schmerzen "), désir exalté (" War es Dir, dem diese Lippen bebten ? "), sa palette est riche en couleurs, et vibrante. Celle du pianoforte d'Andreas Staier est plus limitée, mais l'énergie et l'agressivité qu'elle recèle apportent un surcroît de vie au romantisme des poèmes. C'est sans doute Sami Frey qui déconcerte le plus. Sa présence physique, à la scène, tient autant à sa discrétion et sa distinction qu'au timbre de sa voix. Elle est moindre au disque, qui souligne sans pitié la neutralité du ton. Il est vrai que, tout excellent comédien qu'il soit, il arrive en étranger dans un monde qui n'a plus aucun secret pour ses deux partenaires, habitués, de surcroît, à aller l'amble. N'empêche : la poésie est là , et avec elle le rêve, toile infinie sur laquelle se tissent les contes.
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