Thaïs de Massenet avec Renée Fleming Renée Fleming (Thaïs), Thomas Hampson (Athanël), Giuseppe Sabbatini (Nicias), choeur et Orchestre National de Bordeaux-Aquitaine, Yves Abel.
2 cd Decca 466 766-2.
Autrefois fort populaire, la Thaïs de Massenet, inspirée du roman d'Anatole France, a quelque peu déserté les scènes, et n'a pas davantage enthousiasmé les directeurs artistiques des maisons de disques. Voilà que pourtant Decca relève le gant, choisissant la version définitive de 1898, voulue par le compositeur. À l'heure du star système, comment ne pas confier les deux principaux rôles à de grands noms ? On n'est guère surpris d'y retrouver Renée Fleming et Thomas Hampson, escortés de Giuseppe Sabbatini. Le résultat ? Conforme aux attentes, à un détail près. Sensuelle, et vocalement superbe, Renée Fleming captive dans l'air du miroir, et meurt en grande musicienne dans un dernier acte dont l'intensité dramatique ne faiblit jamais. Face à elle, Hampson, qui se glisse sans peine dans la peau du moine tourmenté par la chair ; timbre de bronze, éclatant, insolent, et forte présence. À la scène, tous deux feront un duo de choc. Sabbatini, quant à lui, prête à Nicias un phrasé d'une rare élégance. À l'exception du Palémon caverneux de Stefano Palatchi, les personnages secondaires sont habilement croqués. La grande surprise vient de l'Orchestre National de Bordeaux-Aquitaine, d'une pâte sonore franche et généreuse, même si l'écriture magistrale de Massenet mériterait davantage de couleurs, de nuances, de raffinement. Habitué du répertoire français, Yves Abel mène le jeu avec dynamisme, équilibre drame et lyrisme en un geste théâtral sensible et efficace. Le détail dont je parlais plus haut ? Le naturel de la langue, décidément impossible à capter par des chanteurs non francophones. Ne nous plaignons pas que la mariée soit trop belle. Cette nouvelle Thaïs distance sans peine ses rivales. J'allais oublier la célèbre Méditation ; le très jeune Renaud Capuçon y fait assaut de délicatesse, et c'est fort bien ainsi.
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