Domenico Scarlatti : Stabat Mater Ensemble William Byrd
Catherine Greuillet, Raphaële Kennedy, Sophie Decaudaveine, (sopranos), Brigitte Vinson (mezzo soprano), Pascal Bertin, Vincent Darras (altos), Bruno Boterf, Raphaël Boulay (ténors), François Fauche, Paul Willenbrock (basses)
Yannick Varlet, orgue de chambre
Graham O'Reilly, direction
Arion/Pierre Verany.(juillet 1999)
Attention, ici, les larmes sont pudiques, le temps est suspendu, c'est une entrée en douceur dans la spiritualité, dans la sérénité, dès les premières mesures.
Composée vers 1715 à l'époque où Domenico Scarlatti était maître de chapelle de la Chapelle Giulia, le choeur de la Basilique Saint-Pierre de Rome, ce Stabat Mater monumental était probablement destiné à la vigile de la Semaine Sainte ou à la célébration du rosaire pour la Fête des Sept Douleurs de la Vierge. S'il paraît de prime abord archaïque, ses dissonances et son aventureuse écriture contrapuntique à 10 voix réelles en font d'emblée une oeuvre sans pareille.
Or, face à ce niveau de complexité, la difficulté est de garder la lisibilité des lignes sans que cela s'opère au détriment de la rondeur et la couleur des voix. En effet, Scarlatti disposait vraisemblablement de castrats pour interpréter les parties de soprano. Il devait donc manier un tissu vocal à la fois rond et dense. C'est toute la force de l'Ensemble William Byrd que de réunir une équipe d'excellents solistes qui savent fondre leurs timbres tout en conservant une personnalité vocale différenciée et chaleureuse.
Comparée aux versions plus éthérées de John Eliot Gardiner et d'Erik van Nevel (datées respectivement de 1985 et 1990), la réalisation de Graham O'Reilly réussit un bien meilleur équilibre entre les tutti et les parties solistes. Dans le Sancta Maria, istud agas, moment d'extase devant le corps crucifié du Christ, la trame polyphonique s'épaissit et s'enrichit de dissonances propre à élèver l'âme des fidèles et l'envoûter. Graham O'Reilly a su conserver ces ambiances uniques, spirituelles et sereines sans changements de tempi trop brusques. L'Amen final s'envole sans tonner. L'auditeur aussi, mais non sans s'étonner.
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