Alyssa, Alcyone et Myrrha.
Alyssa (1903)
Véronique Gens (Alyssa), Yann Beuron (Braïsil), Ludovic Tézier (Le Barde)
Alcyone (1902)
Mireille Delunch (Alcyone), Béatrice Uria-Monzon (Sophrona), Paul Groves (La Voix)
Myrrha (1901)
Norah Amsellem (Myrrha), Paul Groves (Sardanapale), Marc Barrard (Bélésis)
Orchestre du Capitole de Toulouse
Direction : Michel Plasson
Emi 57032-2
Marcel Marnat, auteur d'une remarquable biographie de Ravel(Fayard 1986), préface ce disque avec sa vivacité coutumière; avec lui on entre dans les mécanismes d'attribution de ce Prix fort difficile : il motive d'autant plus notre écoute. La signature de Ravel pourrait être malaisée à reconnaître dans ces oeuvres tant elles sont inscrites dans l'esthétique de l'époque.
Chronologiquement, l'Ouverture de Shéhérazade est déjà écrite (1898), tout comme la version pour piano de Pavane pour une infante défunte, et le chef-d'oeuvre pour clavier qu'est Jeux d'eau. Que faut-il de plus pour être accepté dans la société musicale ? Le Prix. Ravel en a besoin pour être pleinement reconnu.
Il se soumet donc, en ces années 1901-1903, aux exigences de la "grande scène lyrique" dont la difficulté permet de juger, pensait-on, les véritables aptitudes des jeunes compositeurs. Maurice Ravel marquera bientôt son temps de manière irrécusable, mais pour l'instant, force est de dire que ses compositions de circonstance font penser à un habile mélange de Massenet (Alyssa "puisqu'en vain pour eux je supplie", plage 6), de Gounod (Alcyone "Ma fille, mon enfant, qu'as-tu ?", plage 12), et de Saint-Saëns (Myrrha, Prélude, plage 13).
Ces pièces de concours, le tigre Ravel ne les a "griffées" que superficiellement, mais ces oeuvres-là sont dignes de celles de certains prédécesseurs de Ravel, parfois illustres, comme Berlioz; et cet enregistrement de grande qualité montre qu'elles ne déparent pas non plus son catalogue ultérieur.
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