SĂ©lection
Sous des températures égyptiennes quoique dans une zone géographique n’ayant rien de désertique, Mehdi Mahdavi (MM), Thomas Coubronne (TC) et Yannick Millon (YM) se sont coupés du monde loin de Paris pendant un week-end de juillet pour examiner de leurs oreilles impitoyables douze versions studio d’Aïda et établir une discographie comparée, exercice réservant toujours son lot de surprises.
La multiplicité des éditions d’enregistrements sul vivo dans des conditions sonores rarement satisfaisantes et le manque de cohésion orchestrale de nombreux de ces témoignages font que nos trois critiques ont préféré s’atteler aux seules réalisations de studio, en incluant toutefois la version Toscanini, enregistrement radiophonique réalisé sur deux émissions de la NBC où ne flotte en rien le désordre instrumental typique du live.
Une présélection a permis d’établir facilement le panel des douze versions choisies, enregistrées entre 1946 et 2001, soit un vaste panorama des diverses époques du chant verdien, en ne tournant pas le dos aux versions mono comme cela se fait de plus en plus dans ce type d’exercice, principe auquel la rédaction d’Altamusica ne souscrit en rien.
Ont donc été retenues dans la catégorie mono les versions de Serafin I (EMI-1946), pour la belle école de chant à l’ancienne et l’implication du chef italien, qu’on retrouvera à un degré nettement moindre dans Serafin II (EMI-Naxos-1955), incontournable avec Maria Callas dans le rôle-titre, tout autant que l’enregistrement NBC de Toscanini (RCA-1949), qui avait reçu les conseils précieux du compositeur dans sa jeunesse, mais aussi la gravure Erede (Decca-Naxos-1952) avec Del Monaco et Tebaldi, et celle, plus mythique encore de Perlea (RCA-Naxos-1955) avec Björling et Milanov.
Dans la catégorie stéréo ont été sélectionnées les versions Karajan (Decca-1959), première réalisation verdienne du maestro avec les Wiener, Solti (Decca-1961), mythe parmi les mythes, avec Leontyne Price, Jon Vickers et Rita Gorr, Mehta (EMI-1966), avec le Radamès incandescent de Franco Corelli et l’Amnéris de Grace Bumbry, Muti (EMI-1974), sans doute la plus équilibrée et cohérente de toutes, ainsi que les témoignages plus récents de Maazel (Decca-1988), pour le Radamès de Pavarotti, et Levine (Sony-1990), reflet d’une production célèbre du Met. Enfin, dans le rôle du poil à gratter a été incluse la version Harnoncourt (Teldec-2001), qui renouvelle de fond en comble notre connaissance de la partition, malgré une distribution fort critiquée à sa sortie.
Il a été en revanche décidé de ne pas retenir la deuxième version studio de Karajan (EMI-1979), caricature de la première, avec un plateau d’une tenue bien inférieure (Carreras), malgré Freni. Quant à Abbado (DG-1982), il a été écarté en raison du naufrage du rôle-titre de Katia Ricciarelli. Enfin, d’aucuns pourront s’étonner de l’absence de la version Leinsdorf (RCA-1970), doublonnant trop avec celle de Solti pour Price, de Muti pour Domingo, de Mehta pour Bumbry, et par ailleurs peu essentielle quant à la direction du chef autrichien.
Un tirage au sort, tout de même cloisonné entre versions mono et stéréo pour éviter un grand écart sonore pouvant nuire aux plus anciennes, a désigné l’ordre de passage suivant : Serafin II, Erede, Perlea, Serafin I, Toscanini, puis Solti, Maazel, Karajan, Harnoncourt, Muti, Mehta et enfin Levine.
Le premier tour se fera sur l’acte I (prélude, scène 1, Celeste Aida, puis trio Radamès-Amnéris-Aïda).
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