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SELECTION CD 26 avril 2024

Sélection CD-DVD décembre 2013



Une ribambelle de parutions précèdent notre tout prochain dossier de cadeaux de Noël. 5 CD et 2 DVD d’abord, avec Yannick-Nézet Séguin sur tous les fronts, et le choc historique des Soldats de Zimmermann à Salzbourg. Puis trois parutions Wagner au niveau très contrastés, avec un Coup de cœur pour le Parsifal de Castellucci à la Monnaie.


Le 06/12/2013
Yannick MILLON
 

  • SĂ©lection de nouveautĂ©s CD et DVD
  • Wagner cĂ©lĂ©brĂ© avec des bonheurs divers…
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      (ex: Harnoncourt, Opéra)


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     Wagner cĂ©lĂ©brĂ© avec des bonheurs divers…

    Un Parsifal des profondeurs



    Richard Wagner (1813-1883)
    Parsifal
    Thomas Johannes Mayer (Amfortas)
    Victor von Halem (Titurel)
    Jan-Hendrik Rootering (Gurnemanz)
    Andrew Richards (Parsifal)
    TĂłmas TĂłmasson (Klingsor)
    Anna Larsson (Kundry)
    Willem van der Heyden (Erster Gralsritter)
    Friedemann Röhlig (Zweiter Gralsritter)
    Ilse Eerens (Erste Knappe)
    Angélique Noldus (Zweite Knappe)
    Glijs van der Linden (Dritte Knappe)
    Guillaume Antoine (Vierte Knappe)
    La Choraline
    Chœur et Orchestre symphonique de la Monnaie de Bruxelles
    direction : Hartmut Haenchen
    mise en scène, décors, costumes & éclairages : Romeo Castellucci
    préparation des chœurs : Winfried Maczewski
    Enregistrement live : Théâtre de la Monnaie, Bruxelles, 20 février 2011
    2 DVD BelAir Classiques BAC097




    Prévue initialement pour archivage interne, la captation du Parsifal de Romeo Castellucci à la Monnaie de Bruxelles est finalement commercialisée, une vraie surprise qui permettra de s’imprégner durablement d’un spectacle salué par le Prix de l’Europe francophone 2011 du Syndicat de la critique. Ou le miracle d’une première mise en scène lyrique en authentique coup de maître.

    Jouant du caractère hybride du dernier drame wagnérien, mi-action scénique mi-oratorio, mi-mystère médiéval mi-célébration eucharistique, Castellucci a tenté de mettre en images les visions qui se sont imposées à son esprit à force d’heures d’écoute de la partition. Son Parsifal est donc celui des profondeurs, créant un rapport espace-temps révolutionnaire et hypnotique.

    Il n’a d’ailleurs pas dû être simple de filmer ce I presque constamment dans l’obscurité, où passent seules quelques lumières rasantes de lampes torches et un chien loup, monde irréel, suffocant mur végétal vivant découvrant un cœur de forêt où rôdent des silhouettes énigmatiques, peuplé d’une humanité apeurée, en tenue de camouflage, digérée par d’inquiétants hommes-arbres.

    Mais la forêt se fera buisson, inexorablement grignotée par la chaîne des tronçonneuses, en prélude à une scène du Graal vraiment invisible, réduite à un tulle éclairé d’une lumière blafarde, orné seulement d’une apostrophe bien mystérieuse. Notons au passage que bien que disponible sur le seul support DVD, la qualité du master permet ici d’éviter dans tous les passages de basse luminosité de bien vilains pixels, une réussite à saluer.

    Antre psychanalytique des tortures de l’esprit, le royaume cauchemardesque de Klingsor abritera une chambre froide où le nécromancien, maestro maléfique animant des corps féminins pendus par les pieds, s’effacera devant la séance d’initiation de Parsifal au sexe féminin façon Origine du monde, où déambulera une Kundry pécheresse, très maternelle, un python albinos enroulé autour de l’avant-bras.

    Le III, enfin, osera l’expérience du vide, avec son plateau nu, son unique rameau vestige de la forêt d’antan. Puis, solitude dans la multitude, trois cents figurants en marche vers l’exode, chacun pour soi, figures anonymes, se disperseront in fine en abandonnant Parsifal à l’errance sur un sol jonché de détritus, face à l’image d’une ville renversée.

    Pour quitter le spectacle la tête remplie d’interrogations, on a pourtant l’impression d’avoir vécu un moment qui fera date, où la raison s’efface devant la vision, où la métaphysique éclipse la narration. Grâce soit donc rendue à Bel Air Classiques d’avoir permis de diffuser cette étape fondamentale dans l’appréhension de l’ouvrage.

    D’autant que sans être parfaite, l’équipe musicale ne démérite pas. Et Hartmut Haenchen avant tout autre, distillant ici tout ce qu’il avait cherché à imposer en vain à l’Orchestre de l’Opéra de Paris en 2005, dans une lecture dégraissée, allégée et cursive mais toujours tendue, tournant le dos à plus d’un siècle de tradition. Sans les bizarreries sonores entendues dans la Grande Boutique, le chef allemand triomphe à la tête d’un Orchestre de la Monnaie plus modeste mais infiniment mieux équilibré. Et profite même cette fois de l’immatérialité des voix d’enfants à la Cène.

    Andrew Richards n’a pas le plus séduisant des timbres, mais il impose l’étrangeté, l’absence, l’impalpable d’un rôle-titre très bien cerné, et avec une ineffable élégie dans la ligne. Anna Larsson est plus problématique, Kundry souvent dure, matériau bétonné dardant d’impressionnants aigus mais souvent imperméable aux sortilèges du plus complexe de tous les personnages wagnériens.

    N’était un vibrato vraiment fatigué sur les longues tenues, Jan-Hendrik Rootering a l’exacte couleur de Gurnemanz, timbre plein d’aménité, déclamation d’authentique wagnérien, souffle de chêne et nuances de vieux sage. Victor von Halem impose un timbre sépulcral, Titurel puisé dans les racines d’un séquoia millénaire, et l’Amfortas de Thomas Johannes Mayer est d’un somptueux métal, presque trop insolent pour la santé défaillante du roi maudit, face à un Tómas Tómasson idéal de fiel en Klingsor.



     
    Un Parsifal abscons



    Richard Wagner (1813-1883)
    Parsifal
    Wolfgang Koch (Amfortas / Klingsor)
    Milcho Borovinov (Titurel)
    Stephen Milling (Gurnemanz)
    Johan Botha (Parsifal)
    Michaela Schuster (Kundry)
    Thomas Ebenstein (Erster Gralsritter)
    Derek Welton (Zweiter Gralsritter)
    Annika Sophie Ritlewski (Erste Knappe)
    Carolin Neukamm (Zweite Knappe)
    Mauro Peter (Dritte Knappe)
    Attilio Glaser (Vierte Knappe)
    Salzburger Festspiele und Theater Kinderchor
    Chor der Bayerischen Staatsoper
    Sächsischer Staatsopernchor Dresden
    Staatskapelle Dresden
    direction : Christian Thielemann
    mise en scène : Michael Schulz
    décors & costumes : Alexander Polzin
    éclairages : Urs Schönebaum
    prépration des chœurs : Pablo Assante
    captation : Brian Large
    Enregistrement live : Grosses Festspielhaus, Salzburg, mars-avril 2013
    2 DVD Deutsche Grammophon Unitel Classica 00440 073 4939




    Si le Parsifal de Castellucci, non dénué de mystères, a l’immense mérite d’images à jamais gravées dans les mémoires, celui de Michael Schulz donné au dernier Festival de Pâques de Salzbourg est totalement abscons et d’une insigne laideur, concernant au premier chef des costumes au mieux moches – la combinaison-armure de Gurnemanz –, au pire grotesques – les cosmo-écuyers, les chevaliers zombies du III.

    Comprenne qui pourra ce spectacle lourdingue, vaguement futuriste, où le Chaste fol est flanqué de préados finissant par le délaisser pour les Filles-Fleurs, où Klingsor semble téléguidé par un nain, où Kundry entretient une relation trouble avec un Christ, puis un second lorsque le premier s’effondre sur l’extase de la Passion, où un Amfortas roulant des yeux exorbités s’essaie au lancer de Titurel aux funérailles. Quelques idées, beaucoup d’éparpillement, et une direction d’acteurs proche de l’inexistant.

    Heureusement qu’il reste la musique, conduite par un Christian Thielemann des grands soirs, un peu neutre au départ puis magistral dans l’art des transitions et des suspensions, une nouvelle fois pas assez tendu dans la trajectoire dramatique du II, mais dont la pâte sonore s’est éclaircie et dont les tempi ont encore gagné en fluidité – 3h51 seulement au total (soit dix minutes de moins que son enregistrement audio à Vienne qui n’était déjà pas un modèle de lenteur).

    Les couleurs de la Staatskapelle de Dresde, qui succède au Festival de Pâques à presque cinquante années de présence des Berliner Philharmoniker, partis brouter l’herbe plus verte et récolter les sommes plus sonnantes de Baden-Baden, sont un modèle de clarté, de lumière et de couleurs mordorées – ce fondu, cette douceur voilée de cuivres tels des cornets à bouquin, ces cordes graves qui savent rugir sous le Und ich, ich bin’s der all dies Elend schuf de Parsifal. Pour ne rien dire des chœurs, qui vaudraient ceux de Bayreuth.

    Quant au plateau, si Johan Botha chante très décemment quoique d’une manière placide, il n’est vraiment pas regardable, boudiné dans sa veste fluo tel un éléphant de mer qui se serait roulé dans des épinards radioactifs, et la Kundry de Michaela Schuster, très vite en difficulté, en mode expressionniste faute de mieux, n’est guère meilleure actrice.

    Dans la force de l’âge, le Gurnemanz de Stephen Milling rappellerait le matériau d’un René Pape, sans l’aigu somptueux de ce dernier, et Wolfgang Koch brille nettement plus dans les éclats de Klingsor que dans la douleur d’Amfortas, dont il ne sert idéalement que la vindicte, aigus magnifiquement projetés, sa conception de la douleur rentrée à coups d’attaques par-dessous et droites presque systématiques laissant une drôle d’impression. Mais l’expérience de confier les deux rôles au même chanteur valait d’être tentée.

    Au final un DVD à oublier assez vite, même si les wagnériens fervents ne feront sans doute pas l’impasse, et on les comprend, sur ce magnifique orchestre et ces chœurs saxons et bavarois absolument prodigieux.



     
    Encore raté…



    Richard Wagner (1813-1883)
    Der Ring des Nibelungen
    Albert Dohmen (Wotan)
    Katarina Dalayman, Linda Watson (BrĂĽnnhilde)
    Stephen Gould (Siegfried)
    Tomasz Konieczny (Alberich)
    Christopher Ventris (Siegmund)
    Waltraud Meier (Sieglinde)
    Anna Larsson (Erda)
    Janina Baechle (Fricka / Waltraute)
    Wolfgang Schmidt (Mime)
    Markus Eiche (Donner / Gunther)
    Eric Halfvarson (Hunding / Hagen)
    Attila Jun (Hagen)
    Ain Anger (Fafner)
    Adrian Erod (Loge)
    Caroline Wenborne (Gutrune)
    Chor und Orchester der Wiener Staatsoper
    direction : Christian Thielemann
    Enregistrement live : Staatsoper, Wien, novembre 2011
    The world of the Ring (4 films de Eric Schulz)
    14 CD + 2 DVD Deutsche Grammophon Unitel Classica 479 1560




    Une déception de taille pour finir, avec la sortie d’un deuxième Ring au disque de Christian Thielemann, trois ans à peine après une première mouture enregistrée sur le vif au festival de Bayreuth 2008, sans que la vision d’ensemble ait évolué d’une manière à justifier la publication d’un produit où l’on retrouve de surcroît les mêmes titulaires des trois rôles principaux, dans un état au moins aussi contestable.

    Au regard de ses autres prestations à Bayreuth – ses Maîtres Chanteurs (2000), son Parsifal (2001), son Tannhäuser (2002-2005) –, le Ring n’avait pas vraiment réussi à Thielemann, qui a vu s’effilocher entre 2006 et 2010 une lecture déjà inégale, où l’on pouvait déplorer d’emblée, malgré de réelles qualités, un manque global de tension, une hiérarchisation insuffisante des leitmotive et une certaine uniformisation des timbres (14 CD Opus Arte).

    On imagine mal comment, alors qu’il avait échoué dans le Temple, le chef allemand aurait pu triompher quelques mois plus tard à l’Opéra de Vienne. D’autant que les Wiener, en service minimum, apparaissent ici exsangues, sonorités éteintes accentuées par une prise de son radio indigne, en accord avec une direction filandreuse, d’un laisser-aller affligeant – les préludes du II de la Walkyrie ou du III de Siegfried, littéralement ahanés.

    Loin de racheter le naufrage orchestral, le plateau enfonce plutôt le clou. On l’a déjà dit, graver une nouvelle fois dans le marbre la Brünnhilde flasque et criarde de Linda Watson est un non-sens, encore que dans la Walkyrie, Katarina Dalayman laisse une fille de Wotan plus épouvantable encore, toute de dureté, d’air sur la voix et de stridences – les appels du II, plantage flagrant et massif.

    Fidèle à lui-même, c’est-à-dire acceptable, le Wotan d’Albert Dohmen, solide et au timbre noir accrocheur, apparaît plus fatigué qu’à Bayreuth, d’un intérêt comparable au Siegfried de Stephen Gould, sans mordant mais plutôt juvénile, malgré un vibrato mécanique dans l’aigu. On voit d’ailleurs mal quel chanteur pourrait justifier l’investissement dans ce coffret, jusqu’à la Sieglinde chuintante et élimée de Waltraud Meier, dans un rôle dans lequel elle n’a au fond jamais été très convaincante, question d’ambiguïté psychologique sans doute.

    Correct, le Siegmund très clair, presque nasillard de Christopher Ventris, ne pèsera pas lourd face aux monstres sacrés de la discographie, tandis qu’il faut compter avec deux Hagen pour le prix d’un, le vétéran Eric Halfvarson, qui vibre tout son saoul, jetant l’éponge à la fin du II de Crépuscule.

    À tout prendre, c’est le Mime de Wolfgang Schmidt, ancien Siegfried reconverti dans les emplois de caractère, qui attire le plus l’attention, car ni l’Alberich de Tomasz Konieczny, ni des Gibichungen très secondaires, ni même des Filles du Rhin ordinaires quoique moins ingrates qu’à Bayreuth n’enrichiront de quelque manière notre connaissance de l’ouvrage.

    Les deux DVD bonus, réservés aux germanophones et anglophones, présentant l’univers du Ring en quatre documentaires d’une heure à l’aide d’images tirées des productions de Chéreau, Kupfer, la Fura dels Baus et Bechtolf, d’extraits de répétition de Thielemann, d’interviews de spécialistes, dont l’incontournable Stefan Mikisch, sorte de Jean-François Zygel bavarois, ne manquent pas d’intérêt, mais ne rachèteront pas les faiblesses rédhibitoires de cette tétralogie qui aurait plutôt dû dormir dans les archives de la radio autrichienne.

     
    Yannick MILLON


     

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