Atmosphères bohémiennes |
Henryk Szeryng et Rafael Kubelik au Konzerthaus de Vienne
AntonĂn Dvořák (1841-1904)
Husitska, op. 67
Johannes Brahms (1833-1897)
Concerto pour violon en ré majeur op. 77
Henryk Szeryng, violon
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
direction : Rafael Kubelik
Enregistrement : Konzerthaus, Vienne, 11/06/1967
CD Orfeo d’Or C719071B
Retour sur le marché, avec un visuel Orfeo d’Or à peine modifié, pour ce concert de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise et son chef d’alors Rafael Kubelik, en tournée dans la capitale autrichienne ce 11 juin 1967 pour les Wiener Festwochen. Dans un son excellent, clair et brillant, insufflant une présence très immédiate aux timbres râpeux typiques des instrumentistes munichois, un air de Bohême flotte sur le Konzerthaus, seconde salle de concert de la ville, à quelques encablures du célèbre Musikverein.
D’abord dans une ouverture Husitska de Dvořák grisante de libertĂ©, de prise de risques, de frĂ©nĂ©sie de l’instant, d’emballements sachant conserver tout du long une lĂ©gèretĂ© inimaginable, y compris dans les tutti les plus fournis. Douze minutes et demie de fĂ©licitĂ© musicale oĂą plane l’ombre de Smetana (rĂ©utilisation du chant hussite qui irrigue Tábor et BlanĂk dans Ma Patrie), relĂ©guant en comparaison l’excellente gravure de studio des mĂŞmes interprètes presque dix annĂ©es plus tard pour DG – oĂą seul le choral introductif des vents sonnera avec plus d’unitĂ© – au rang de musique en conserve.
Puis dans un Concerto pour violon de Brahms plus Mitteleuropa que nature sous l’archet d’un Henryk Szeryng des grands soirs, sans doute un rien moins olympien qu’en studio, mais constamment sur le fil d’une musicalité partagée avec un Kubelik fin accompagnateur, sachant tantôt s’effacer devant la cantilène du soliste tantôt ruer dans les brancards des ponctuations orchestrales, avec un lyrisme sans affectation stylistiquement très juste.
Le timbre et le vibrato un peu gras typiques du hautbois bavarois n’en dialoguent pas moins efficacement avec les lignes suspendues du violon dans l’Adagio, tandis que l’Allegro giocoso final n’a jamais revĂŞtu pareilles teintes Europe centrale, au point que l’on jugerait Ă plus d’une occasion Ă©couter du Dvořák. Le tout sans une faute de goĂ»t, dans une constante attention Ă servir le texte.
Et même si au final, Szeryng-Monteux (RCA), sans doute inapprochable de chant et de lumière, ou encore Szeryng-Haitink (Decca), havre de sérénité absolue, peuvent garder la préférence des garants du classicisme brahmsien, on ne refusera pas de se frotter à cette exécution de concert trop souvent méprisée par chez nous.
| |
|