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SELECTION CD 27 avril 2024

Anniversaire Sibelius
Discographie comparée :
Quatrième Symphonie


© Visit Finlande


Deuxième week-end de janvier 2015. Loin de Paris, entourés de sapins aux faux airs finlandais, Pierre-Emmanuel Lephay, Benjamin Grenard et Yannick Millon passent au crible 15 versions de la Quatrième Symphonie, chef-d’œuvre de désolation écrit en 1911 par Sibelius qui se savait atteint d’un cancer de la gorge qui ne devait pas l’empêcher de vivre quarante-six années encore.


Le 08/12/2015
Yannick MILLON
Benjamin GRENARD
Pierre-Emmanuel LEPHAY

 

  • SĂ©lection
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      (ex: Harnoncourt, Opéra)


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     Premier tour en aveugle

    Version 1 [Beecham]




    BG : J’ai eu au départ un peu de mal à rentrer dedans. Cuivres qui clashent, pâte de cordes qui accroche, globalement trop de staccato. Imprécisions dans l’orchestre, mais petit à petit cela me plaît plus. Atmosphère un peu pesante dans l’ensemble. Approche instantanée, mais il y a tout de même beaucoup de climat.

    YM : On est loin de l’âge d’or boulézien de la perfection d’exécution instrumentale, mais il y a un vrai climat. Très bonne pulsation stable, bonne gestion du temps qui sait se dilater. Cuivres abrupts, caricaturés par la prise de son d’époque. Violoncelle très aiguisé. Portamento des cordes pas gênant. Saillies toscaniniennes, vrai esprit de Scherzo qui dénote l’ancienne école. Fin très exacte, qui fonce bille en tête et termine sans cérémonie.

    PEL : Je ne suis pas emballé. Cuivres caricaturaux, extérieurs, qui me font penser à Finlandia, l’œuvre que j’aime le moins de Sibelius. Les nuances sont très respectées, mais d’une manière didactique. On a la lettre, mais pas l’esprit, ni la grande ligne. Le Scherzo affiche plus d’entorses à la lettre, tant dans les nuances que le tempo. Il ne s’y passe pas grand-chose, malgré un bon orchestre. Nez un peu collé dans la partition, on ne prend pas de hauteur, on sent que le compositeur est encore vivant.





     
    Version 2 [Rojdestvenski]




    YM : Version hédoniste, pleine de santé, qui passe complètement à côté de l’esprit de la Quatrième. Donne l’impression qu’on a découvert la stéréo récemment, qu’on se fait plaisir avec le son. Phrasés de cordes pas très subtils, contrebasson peu porté sur la discrétion. Sensation d’espace assez large, mais en rien nordique. Trompettes façon cuivraille, violoncelle solo sans sourdine, à la Rostropovitch, trop concertant. Un contresens.

    PEL : Je suis complètement d’accord. Orchestre sans doute russe, cuivres clinquants, qui pétaradent, grand pathos, palette de nuances assez limitée, pas de mystère, pas nordique du tout en fin de compte. Scherzo qui traîne, épais. On est dans du (mauvais) Tchaïkovski, certainement pas chez Sibelius.

    BG : Quel saucisson symphonisant ! Bonne respiration initiale, beaucoup plus romantique qu’impressionniste. Pâte orchestrale charpentée, tradition allemande, sans finesse, on perd le côté nouveau de cette musique. C’est du pseudo-Wagner, du gros son au détriment de l’expression. Développement poussif, le tout a du mal à décoller ! Je pense qu’on peut éliminer d’office.




     
    Version 3 [Bernstein]




    PEL : Le Scherzo est scolaire, d’une lenteur insupportable. Les nuances ne sont jamais respectées. Violoncelle très actif dans le premier mouvement, pas du tout le climat abattu que j’attends du mouvement liminaire. C’est appuyé, brouillon, épais. Non !

    BG : Je ne suis pas convaincu non plus. On ne sait pas où on va, et il y a bien plus de passages erratiques que la partition n’en demande. C’est souvent trop fort, cela cherche une ampleur à tout prix. Scherzo trop lent, sans étincelle, qui m’évoque un sénateur asthmatique !

    YM : J’aurais été moins sévère que vous à l’issue du premier mouvement, car même si ce n’est pas le Sibelius de mes rêves, il y au moins des cordes qui raclent dans les tréfonds, des altos avec beaucoup de grain, mais qui n’ont pas envie de faire le grand decrescendo initial. Filiation mahlérienne, postromantique, on a l’impression parfois d’être dans la Nuit transfigurée. Suis d’accord sur le Scherzo, traînassant, chichiteux, où l’orchestre ânonne.




     
    Version 4 [Rattle]




    BG : On sort du romantisme pour aller vers des vapeurs plus subtiles. Attaques droites, tranchantes, moins gros son qu’auparavant. Mais manque de grain propre aux contrebasses. Ca en garde longtemps sous la pédale, presque trop, et on manque dans l’ensemble de couleur. Mais j’aime cette recherche de plus de transparence, de demi-teinte. Beau contraste dans le développement entre l’appel et les bruissements qui suivent. Espace sonore mieux géré, plus confortable d’écoute, cela respire davantage. Ce n’est pas encore mon Sibelius rêvé, parfois cela m’interpelle, parfois je trouve ça terne.

    YM : D’emblée une autre école de direction d’orchestre, beaucoup plus moderne. On laisse de côté le systématisme des vieux réflexes tension-détente issus du romantisme, pour une étude de timbres plus poussée. Je suis gêné par contre par l’absence de couleur, indispensable pour appuyer l’étude de timbres, ici tout sonne en noir et blanc. Passé l’effet de surprise de l’attaque initiale, on a tendance à s’embourber au niveau du tempo. Tout paraît étiré, façon Celibidache. Jeux d’ombres intéressant dans le Scherzo, mais vite stérile, car on n’est là encore pas dans les couleurs nordiques.

    PEL : Enfin du Sibelius, du XXe siècle, du mystère, un travail sur le timbre ! J’ai été captivé par le Scherzo, je n’ai pas lâché l’attention une seule seconde. Premier mouvement un poil lent, mais le chef fait très bien ressortir la modernité de cette musique. Ambiances bien campées, tension maintenue, trémolos de cordes fantomatiques. J’aime beaucoup cette version.




     
    Version 5 [Sanderling]




    YM : C’est la première fois que je suis vraiment happé par un discours : tradition orchestrale quant à la couleur des cordes et immense humanité, souffrance en dedans. Côté thrène qui n’oublie jamais qu’il s’agit d’une musique de nature, au superbe décor avec cuivres en écho. Discours conduit de a à z, où la vie circule en permanence tant dans les motifs rythmiques que mélodiques. Scherzo de force tranquille, parfaitement articulé, flûtes mezzo-piano pour la première fois, présence inquiétante constante des contrebasses, climat très différencié du passage central.

    PEL : Je pense absolument tout l’inverse. Je me suis ennuyé d’un bout à l’autre. Nuances pas respectées, decrescendi qui n’intéressent pas le chef. C’est trop actif, les vents sont beaucoup trop présents dans l’épisode de l’orage. Orchestre pas très beau, les timbales notamment. Flûtes peut-être mezzo-piano, mais pas du tout tranquillo comme indiqué. J’ai même trouvé ça romantique par moments. Ca n’avance pas…

    BG : Je rejoins YM. La balance violoncelles-contrebasses du début est excellente, j’ai repéré des procédés d’écriture que je n’avais pas encore entendus dans les versions précédentes. Là où la V4 [Rattle] laissait les choses indéfinies, dans le brouillard, celle-ci est plus scrupuleuse quant aux détails. Mystère symboliste, clarté impressionniste du tissu dans l’appel parsifalien des cors. Mosaïque de timbres captivante. Dans le Scherzo, où j’avais parfois l’impression d’être perdu, j’ai pour la première fois entendu un mouvement entier en forme de point d’interrogation. Une révélation pour moi !




     
    Version 6 [Saraste]




    PEL : J’aime assez, sans être saisi. Le début, notamment, n’est pas terrible, le violoncelle n’a pas une belle sonorité, cela me paraît parfois un peu appuyé, un peu extérieur. Finalement, je reste assez indifférent face au premier mouvement. En revanche, j’aime assez le Scherzo qui me fait penser à Chevauchée nocturne et lever de soleil. Ce type d’approche originale me donne assez envie d’entendre la suite.

    BG : Une pointe de rudesse dans la couleur du violoncelle. Rupture très impérieuse. Version plus rustique et naturelle que beaucoup d’autres. C’est un Sibelius plus solaire, aux sons percés au laser. L’optique me séduit beaucoup. La durchfhürung du développement s’entend ici au sens propre, on passe vraiment à travers quelque chose. Pas de mystère par la couleur, mais du climat qui mobilise l’attention. Vapeurs mystérieuses d’état second. Climat de joyau vibrant. La gestion du temps est la plus convaincante de ce qu’on a entendu jusque-ici.

    YM : Pour la première fois, le vrai son sibélien, avec un orchestre sans doute scandinave. Aucune épaisseur même dans les tutti, pureté de diamant, tranchant de la pâte sonore et climat cristallin. Idiomatique du début à la fin. Introspection, très beau son de vièle à roue malade du violoncelle, côté chanson de barde. Différents éléments me font penser à une version philologique, qui n’aurait pas les mêmes sources manuscrites que ce qu’on entend généralement. Deuxième partie orageuse avec le col legno. Tout simplement limpide.




     
    Version 7 [Berglund]




    BG : Passionnant de bout en bout. Un Sibelius incisif, quoique moins taillé au laser que V6 [Saraste]. Franchise des sons qui me plaît. Quand j’entends ça, je me dis que mon qualificatif douteux pour la V2 [Rojdestvenski] était encore trop gentil ! Belle transparence, couleurs idiomatiques, tutti équilibrés. Manière très naturelle de conduire le crescendo dans le premier mouvement. Beau travail du timbre, passage de l’appel plus solennel, mais caractère d’évidence tout du long.

    YM : Encore une lecture qui montre un autre visage de la Finlande. Autant la précédente était solaire, autant celle-ci est lunaire. Le début est une descente immédiate vers le néant, une immense désolation, désertique jusqu’au vertige. On sent l’imminence d’une catastrophe, avec une pâte sonore brûlante comme la glace. Je sens aussi un autre aspect de la musique finlandaise, le rapport à la terre, un climat tellurique, moins aristo que V6 [Saraste], plus ancré. Quelques échappées des flûtes attrapées au vol par un a tempo brutal. Très beau Scherzo, mordant et lapidaire.

    PEL : Il y a vraiment un chef dans cette version, ce qui me manquait un peu jusqu’ici. Climat très fantomatique, attaque à la corde initiale, travail sur les attaques, sur le timbre, sur le son des cuivres, très mat au départ, mais violoncelle très beau. Fait vraiment ressortir le caractère unique de cette musique venant de nulle part. Très moderne, côté désespéré, très prenant, angoissant. J’ai été captivé du début à la fin.




     
    Version 8 [Maazel]




    YM : Version assez flamboyante, rugueuse et décomplexée. Quelque chose de conquérant, de lyrique presque, dans une veine spectaculaire, mais dans la limite du raisonnable. Avant tout symphonique, très haut de gamme au niveau du fini. Violoncelle très viril, hautbois me faisant penser à la Philharmonie de Vienne, épisode orageux de luxe, et cuivres wagnériens. Scherzo virtuose, jeune, engagé. Idées sans doute un peu courtes dans l’absolu, mais belle orfèvrerie orchestrale.

    PEL : Je suis d’accord. Version très active, un peu extérieure, chef qui s’ébroue. Travail sur la polyphonie intéressant, entretient la tension par la vitesse, mais pas vraiment de mystère au final. Partition prise à bras le corps, qui cherche à faire une démonstration. Il y a un côté Gergiev dans cette version, même si je sais que Gergiev n’a pas enregistré la Quatrième de Sibelius, dont on reste tout de même bien éloigné ici.

    BG : Je suis assez emballé. Violoncelle bien rugueux, c’est une partition différente, certes moins sibélienne, mais qui m’interpelle presque autant. Je trouve cette version assez noire, désabusée, sans concession, une manière d’enfer finalement. Un côté Knappertsbusch 1964 dans Parsifal, on sent que la Première Guerre mondiale n’est pas loin. Son tendu, approche plus traditionnelle, magnifique hautbois, dramatiquement très bien senti.




     
    Version 9 [Vänskä]




    PEL : Je suis à la fois déconcerté et séduit. Il n’y a pas de tension au début, et petit à petit, j’ai été happé, après le solo de violoncelle. L’ambiance devient lourde, étrange, ça avance lentement mais sûrement, le mystère apparaît, il y a de la tension dans le Scherzo. Fait ressortir l’étrangeté de cette musique, mais différemment des versions qu’on a qualifiées de finlandaises jusqu’ici. L’orchestre est superbe, et le chef pique ma curiosité. J’ai envie d’en entendre plus.

    BG : Met effectivement très en valeur l’étrangeté de cette partition. En revanche, j’ai suivi un parcours inverse de PEL, j’ai été plus captivé au départ qu’à l’arrivée. Joue de manière intelligente du tutti de violoncelles sourd en contraste avec le solo, optique de phrasé original, plus sobre mais aussi plus accompagné dans les tenues, pour les crescendi. Développement intéressant, orage plus sourd, plus étrange. Belles couleurs d’orchestre, plein et acéré à la fois. Très travaillé.

    YM : Suis d’accord avec vous deux, cette version touche au cœur du mystère. Travail du son presque spectral, attention à chaque tenue, balancement initial hypnotique, angoissant. Suspensions qui laissent le souffle coupé, on est au bord du précipice en permanence. Atomisation du temps musical magnifique, et si ça ne commence pas forte, c’est le plus beau decrescendo initial entendu jusque-là : l’espace se rétrécit de manière continue. Scherzo fabuleux, lointain, nimbé de mystère, nébuleux. Pour moi, version sœur de V4 [Rattle], mais en abouti. L’orchestre est absolument magnifique.




     
    Version 10 [Barbirolli]




    BG : Très contrasté, timbres creusés, glas sonore du mi au départ, caractère un peu macabre, discours bien conduit. Cuivres lapidaires, puis un peu légers sur l’appel, presque bondissants. Développement fourmillant, presque éparpillé, avec des marqueurs violents, comme cette timbale dure, violoncelles transparents, travail manifeste sur les saillies. Scherzo qui prend corps à la moitié.

    YM : À ne pas mettre entre toutes les oreilles. Quelque chose d’une nature primitive, indomptée, avec guère de trace de civilisation, constamment brut de décoffrage. Beaucoup de poids, climat lourd et oppressant. Pâte sonore beaucoup plus XIXe que les versions précédentes. Cela se perd parfois en chemin, puis une timbale à réveiller les morts vous saisit. Sonorités crues et dures, glabres. Scherzo taillé en blocs, avec une pulsation presque tribale. C’est assez glauque.

    PEL : Très Sacre du printemps, Scherzo démoniaque, faustien, cors bouchés. Sonorités appuyées, très pleines, c’est lyrique par endroits. Beaucoup de violence. C’est étrange…




     
    Version 11 [Davis]




    YM : Orchestre très beau, jolies couleurs, c’est bien fait. Pas vraiment de direction globale, c’est assez amorphe, quelque chose d’un peu épais et confus. Transitions mécaniques, forme de pilotage automatique, au ras des notes. La sauce ne prend pas. Scherzo aux limites de la paresse, rien d’indigne, mais on a entendu tellement mieux.

    PEL : Entièrement d’accord, c’est laborieux, mécanique, ça n’est pas indigne mais ça ne m’intéresse pas.

    BG : Bel orchestre, tout le monde s’applique et fait bien son boulot, mais ça ne prend pas. Version sans vice ni vertu qui est au fond le pire cauchemar du critique. Ce type de routine est vraiment compliqué à aborder dans ce métier. Reste que c’est ennuyeux à mourir.




     
    Version 12 [Karajan]




    PEL : Là encore laborieux, mais d’une autre manière. Démonstration d’orchestre, torrent de cordes, les solistes se haussent du col, se marchent sur les pieds pour faire le plus beau solo, on écoute des sons, mais pas un discours. Très beaux sons, attaques dures étranges par moments.

    BG : Démanché douteux sur les demi-tons du violoncelle, c’est redondant ! Belle couleur d’orchestre, saillies masculines pas inintéressantes, mais le discours n’est pas vraiment construit.

    YM : On nage en plein bain sonore. Première attaque émoussée, violoncelle très accidenté, orchestre brassé à pleine pâte, vision un peu nombriliste, avec des cors évoquant Bruckner. Par ailleurs, je n’aime pas du tout ce hautbois au gros vibrato terne, et cette esthétique sonore globale de la quantité plus que de la qualité. Où est Sibelius ?




     
    Version 13 [Kegel]




    BG : Je n’aime pas beaucoup. Peu de substance, orchestre assez hédoniste, qui se regarde et s’écoute jouer, phrasés écourtés, tenues mécaniques, spatialisation de l’orchestre curieuse, cuivres au dramatisme appuyé, macho et écrasé, bois lointains. Orchestre de grande qualité, mais options qui ne me plaisent pas du tout.

    YM : Quelques similitudes avec la version précédente, mais il y a au moins ici un parti pris. C’est sans doute un hors sujet, mais tellement assumé qu’il parvient à retenir mon attention. Quelque chose d’exacerbé, d’inquiétant jusque dans le vibrato étrange de la trompette. Dissonances appuyées de manière impitoyable, quelque chose d’expressionniste, pas loin de la Seconde École de Vienne.

    PEL : Ressemble vraiment à la version précédente, très narcissique là encore, dans les solos notamment. Pas de mystère, c’est assez extérieur, avec un violoncelle sans sourdine, trop concertant, et des cuivres pas toujours très beaux. J’ai parfois eu une impression de concerto pour orchestre, qui ne m’a pas accroché.




     
    Version 14 [Segerstam]




    YM : Assez proche d’esprit de V4 [Rattle] et V9 [Vänskä], et plus exactement de cette dernière. Conception du temps similaire, son d’orchestre très fin, typiquement sibélien. Textures plus en noir et blanc. Un peu moins conduit, un peu plus abstrait, assume moins une véritable interprétation. Gestion du temps très zen dans le balancement initial. Scherzo avec hautbois qui musarde, climat agreste, naïf et détendu. Je comprends juste assez mal pourquoi autant de ralenti à présentation du thème, qui heurte le naturel des phases. Deuxième partie en superbe contraste, plus inquiète.

    PEL : Fait penser en effet à la V9 [Vänskä]. Côté inquiétant bien rendu. Très bel orchestre, tension bien entretenue dans le premier mouvement. Scherzo étrange, côté galant, straussien, façon concerto pour hautbois. Suis d’accord aussi sur le systématisme du ritenuto qui morcèle le discours. Un brin narcissique, mais dès que la deuxième partie commence, on retrouve de la tension.

    BG : J’ai pensé à Sanderling, en raison de la gestion du temps, et des beaux timbres des bois, et une certaine objectivité avec la partition. Discours très clair, une forme de classicisme sibélien. Pas forcément très personnel mais au moins très construit.




     
    Version 15 [Ansermet]





    PEL : Approximations et orchestre aux cuivres braillards, son étrange du violoncelle, hautbois un peu vert et un peu faux. Direction un peu neutre dans le premier mouvement, plus de personnalité dans le Scherzo, avec une belle chevauchée.

    BG : Hautbois timbré mais baveux, parfois une certaine urgence dans le développement, discours bien conduit, mais il y a beaucoup mieux dans le genre.

    YM : Clairement plus ancienne école, orchestre fébrile. Pour autant, belle désolation initiale, les cordes raclent bien, le violoncelle a presque peur de sortir du rang. Appel de cuivres droit, tangent. J’ai eu presque tout du long l’impression que le chef sait où il va, mais que l’orchestre suit comme il peut. Scherzo plus vivant, beaucoup de bonne volonté, mais réalisation très moyenne.



    Après ces quinze écoutes en aveugle qui brouillent forcément les pistes, dix petites minutes sont nécessaires pour faire le point et choisir quelles versions restent en lice pour le tour suivant, avant lequel seront dévoilés les noms des chefs retenus. Sans hésitation, PEL, BG et YM s’accordent pour garder V7 [Berglund], V9 [Vänskä] et V14 [Segerstam]. Quant à l’étrange V10 [Barbirolli], tous trois demandent également à l’écouter plus avant.

    V6 [Saraste] a surtout captivé BG et YM, mais PEL accepte de la conserver. Après un petit débat, PEL insiste pour abandonner V1 [Beecham]. Pour le reste, chacun des trois participants a un faible pour une version différente, BG pour V8 [Maazel], PEL pour V4 [Rattle], YM pour V5 [Sanderling]. Chacun brandissant son joker, les trois sont conservées à leur tour.

    YM regrette juste un peu d’abandonner V13 [Kegel], mais devant l’air plus que circonspect de PEL et BG, il annonce sans plus tarder les versions retenues et les noms des chefs pour le deuxième tour, consacré au seul mouvement lent : Rattle, Sanderling, Saraste, Berglund, Maazel, Vänskä, Barbirolli et Segerstam.

     

     

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