altamusica
 
       aide















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




SELECTION CD 29 avril 2024

Sélection Noël 2022



Dans un contexte international toujours troublé alors que la pandémie de Covid commençait à refluer, 2022 semble avoir renoué avec les tensions d'un monde qu'on pensait révolu, et aura été tout aussi anxiogène que les deux années précédentes. Tentons d'amener un peu de lumière en prévision des fêtes de fin d'année avec quelques idées de cadeaux (coffrets CD et DVD-Blu-ray).
Joyeux Noël !
Aujourd’hui, Sélection Decca Eloquence



Le 09/12/2022
Yannick MILLON
 

  • SĂ©lection ECM & Socadisc (I)
  • SĂ©lection BelAir Classiques
  • SĂ©lection Praga Digitals
  • SĂ©lection Palazzetto Bru Zane
  • SĂ©lection Distrart
  • SĂ©lection Socadisc (II)
      [ Toutes les parutions ]


  • Les 3 derniers dossiers
  • Les "indispensables" Bach de nos critiques

  • Telefunken Legacy : le nec plus ultra des collections historiques

  • Les dernières parutions pour l'annĂ©e Bach

    [ Tous les dossiers CD ]


     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)


  •  

     SĂ©lection ECM & Socadisc (I)

    Dans les pas de Mozart





    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Les Sonates pour piano
    Robert Levin, piano
    7 CD ECM New Series 4855776
    Enregistrement : Mozarteum, Salzbourg, février 2017 & 2018


    Lorsque Constance Mozart quitte Vienne en 1810 pour suivre son nouveau mari à Copenhague, elle confie le pianoforte du compositeur à leur fils aîné. L’encombrant meuble prend alors la direction de Milan où s’est établi Carl Thomas. C’est en 1856 que l’instrument du facteur viennois Walter, daté de 1782 et joué par Mozart durant sa dernière décennie, est légué à la fondation du Mozarteum. Aujourd’hui, ce Hammerklavier se trouve toujours à Salzbourg, dans la maison, sur Makartplatz, où vécut Mozart entre 1773 et 1780 et où mourut son père Leopold en 1787.

    Le musicologue et pianiste new-yorkais Robert Levin, passionné par l’œuvre de Mozart et qui vient de fêter ses 75 ans, avait comme envie de longue date d’enregistrer les sonates, projet avorté dès après un premier volume chez Deutsche Harmonia Mundi. Dans la grande salle du Mozarteum, il vient cette fois à bout du cycle en devenant au passage le premier à le graver sur l’instrument du compositeur. Très détaillée, la prise de son met en relief les spécificités de ce pianoforte viennois au joli modérateur et aux basses extrêmement drues, loin du halo confortable des instruments modernes, qui réinvente la partie de main gauche.

    Ce qui frappe ici d’emblée, c’est la dramatisation du discours, la palette de sentiments convoqués, la richesse des états d’âme et la prodigieuse inventivité du style, transcendées par une ornementation joyeuse des reprises, quand les premières expositions s’en tiennent au texte écrit. Cette gradation dramatique apporte un grand bol d’air au passage obligé de la barre de reprise dans des tempi toujours bien calibrés. Les variations du Finale de la Sonate Dürnitz, celles du premier mouvement de la Sonate turque poussent le langage dans ses retranchements, faisant fi de toute galanterie béate, avec une énergie bouillonnante, parfois un peu sèche, mais qui ne fragmente jamais la ligne.

    Déjà à l’origine naguère d’une proposition d’achèvement du Requiem et de la Grande Messe en ut mineur, Levin propose en marge des dix-huit sonates sa complétion de trois mouvements inachevés : fragment en ut majeur de la K. 42, premier Allegro entier en sib majeur de la K. 400, et fascinant mouvement en sol mineur K. 312 ; ainsi qu’une lecture de la Fantaisie en ut mineur comme portique de la Sonate K. 457.

    Un passionnant livret d’accompagnement (95 pages) propose deux textes du directeur du Mozarteum Ulrich Leisinger (sur les sonates à proprement parler puis sur le pianoforte du compositeur) et un troisième du pianiste lui-même sur les trois fragments achevés et l’influence de Carl Philipp Emanuel Bach quant à l’ornementation des reprises. Seul regret pour une onéreuse parution ECM comme celle-ci : l’absence de traduction française.



     
    Le grand piano de Bella





    Bella Davidovitch
    The Philips Legacy
    Enregistrements : 1979-1985
    8 CD Decca Eloquence 484 4186


    Née en 1928 à Bakou (dans l’Azerbaïdjan alors rattaché à l’URSS) comme Rostropovitch l’année précédente, la pianiste Bella Davidovitch commence à Moscou des études que la guerre interrompt. Au Concours Chopin de Varsovie 1949 dont elle ressort avec le Premier prix, elle rencontre le violoniste Julian Sitkovetski. Un coup de foudre qui aboutit bientôt à un mariage et à la naissance d’un fils, Dimitri, amené à devenir violoniste et chef d’orchestre. Mais en 1958, l’époux est emporté par un cancer à l’âge de 32 ans, laissant veuve la pianiste pas encore trentenaire.

    Cantonnée de l’autre côté du rideau de fer, elle enregistre quelques disques pour Melodiya et commence à être autorisée à se produire à l’Ouest en 1966. Le départ de son fils pour les États-Unis en 1977 lui vaut une interdiction de voyager d’un an. C’en est trop, Davidovitch traverse elle aussi l’Atlantique. Alors quinquagénaire, elle commence à enseigner à la Juilliard School de New York. L’ère Gorbatchev lui permet de se produire à nouveau en Union soviétique, après avoir pris soin d’obtenir la nationalité américaine. Chat échaudé…

    Son aventure discographique pour Philips, regroupée pour la première fois par Decca Eloquence, débute à La Chaux-de-Fonds en 1979 pour s’achever six ans plus tard dans le même canton de Neuchâtel, en Suisse romande, après avoir transité par Londres au Watford Town Hall (en solo) et au Walthamstow Assembly Hall (en concerto), et par le Concertgebouw d’Amsterdam pour un magnifique Concerto n° 2 de Saint-Saëns et d’étincelantes Variations sur un thème de Paganini de Rachmaninov.

    La part la plus connue de son legs reste ses disques Chopin : d’imposants Préludes, Impromptus et Ballades, agrémentés de quelques pièces isolées (Barcarolle, Polonaise n° 4, Rondeau op. 16). Du grand piano romantique, profond, large, sonore, un peu moins physique dans les concertos indolemment accompagnés par Neville Marriner. Quant à son album Schumann (un Carnaval et une Humoreske intimidants de moyens) il n’avait jamais été édité au CD. Sur les huit disques de cette somme d’ailleurs, seul le Saint-Saëns avec Neeme Järvi était déjà ressorti chez Eloquence en 2016.

    Vu l’approche musculeuse de ses romantiques, on s’étonne du son moins marmoréen de son répertoire russe, d’une impressionnante maîtrise de la dynamique tant dans la Sonate n° 3 que dans les extraits de Roméo et Juliette de Prokofiev, ou encore dans son bouquet Scriabine (Sonate Fantaisie, Mazurkas, Poèmes…), quasi impressionniste. Même constat de nuances millimétrées dans des Beethoven (sonates La Chasse, Clair de lune, Bagatelle à Élise) eux aussi pour la première fois au CD, la tête froide, l’architecture inébranlable, sans éclats intempestifs ni excentricités.


    NDRL : Sur notre exemplaire, la valse de Scriabine qui clôt le CD 8 s’interrompt en plein milieu.



     
    Violoncelle crépusculaire





    Pablo Casals
    The Philips Legacy
    Enregistrements : 1956-1961
    7 CD Decca Eloquence 484 2348


    Lorsqu’il réalise son premier enregistrement pour Philips à l’Amphithéâtre de la Sorbonne, Pablo Casals, né en 1876, l’année de la première du Ring de Wagner, s’apprête à fêter ses 80 ans. On le sait, la huitième décennie d’un instrumentiste à cordes est autrement compliquée que celle d’un chef. Il ne faut donc pas attendre dans ce Philips Legacy du musicien catalan sa souveraineté technique des années 1920, lorsqu’il enregistrait avec le trio Thibaud-Cortot-Casals pour His Master’s Voice.

    Au soir de sa vie, l’artiste commence à buter sur la technique, d’autant que six CD sur les sept que comporte ce petit coffret Eloquence présentent des interprétations intimistes prises sur le vif. Cet avertissement préalable ne vaut toutefois que pour ceux qui ne supportent pas une attaque sale, une intonation approximative, ou une stéréo assez rudimentaire avec ici quelques saturations dans les concerts de Bonn.

    C’est d’ailleurs en septembre 1958, dans l’acoustique très mate de la maison natale de Beethoven, que le violoncelliste est le plus en difficulté. Et pourtant, par-delà le vibrato poussé, la justesse qui flanche, l’effort physique trahi par des grognements, Casals met l’expérience de toute une vie au service du compositeur, avec au clavier son comparse polonais alors au milieu de la soixantaine Mieczyslaw Horszowski (Sonate pour violoncelle n° 2, n° 5, transcription de la Sonate pour cor), auquel se joint Sándor Végh alors quadragénaire pour le Trio avec piano n° 3, Les Esprits et L’Archiduc.

    Ce lyrisme automnal presque à bout vaut l’une des plus fascinantes Deuxième Sonate de l’histoire du disque, avec son sol mineur d’une tristesse insondable et son déchirant manteau d’Arlequin de sentiments contradictoires. Porté par le toucher agile et sobre, tout sauf démonstratif du piano, le violoncelle, brisé, chante à s’en fendre l’âme. Quant au trio Les Esprits, son Largo lentissime, carrément à la double croche, offre l’expérience de l’abolition du temps.

    Le coffret permet en outre la comparaison avec les sessions de juillet 1961 à Prades, dans le même Geistertrio, Horszowski cédant sa banquette au Suisse Karl Engel (avec l’Allegro vivace initial cette fois sans la reprise du développement), où il est jusqu’au violoncelle de trouver une certaine sérénité, sans doute facilitée par l’acoustique moins rêche de l’église Saint-Pierre. Un confort accouchant pourtant d’un mouvement lent moins tétanisant que trois ans auparavant.

    Casals irradie encore de poésie dans la Première Sonate sous les doigts de Wilhelm Kempff, ou en renfort du Quintette à deux violoncelles de Schubert aux côtés du Quatuor Végh. Après ces cinq disques de musique de chambre, les deux derniers consistent en l’hommage des 80 ans à la Sorbonne évoqué plus haut, puis Casals-chef en studio dirigeant son confrère Maurice Gendron dans Haydn (Concerto n° 2) et Boccherini avec les Concerts Lamoureux.

     
    Yannick MILLON


     

  • SĂ©lection ECM & Socadisc (I)
  • SĂ©lection BelAir Classiques
  • SĂ©lection Praga Digitals
  • SĂ©lection Palazzetto Bru Zane
  • SĂ©lection Distrart
  • SĂ©lection Socadisc (II)
      [ Toutes les parutions ]
     


  •   A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com