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SELECTION CD |
19 mai 2024 |
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Les sacrées histoires de Charpentier |
Trois Histoires Sacrées de Marc-Antoine Charpentier Mors Saülis et Jonathae H 403 - Sacrificium Abrahae H 402 – Dialogus inter angelum et pastores H 406.
Il Seminario Musicale
Jaël Azzaretti, Marie-Louise Duthoit, dessus – Gérard Lesne, Benjamin Clee, haute-contres – Jean-François Novelli, Nicolas Bauchau, tailles – Ronan Nédélec, Raimonds Sporgis, basses.
1 CD Naïve-Astrée E 8821
Faut-il encore souligner la singularité de Marc-Antoine Charpentier parmi les compositeurs du Grand Siècle ?
Singularité du langage d'abord, puisque Charpentier, fortement influencé par son séjour à Rome et les compositeurs romains, au premier rang desquels le grand Carissimi, élabora une écriture largement italianisante qui ne renie cependant pas ses caractéristiques françaises, d'un raffinement harmonique et expressif exceptionnel.
Singularité dans la forme ensuite, car en bon disciple de Carissimi, Charpentier s'adonna à l'oratorio, exemple presque unique et assurément sans successeur dans la musique française. Pour ce genre à travers lequel il élabore progressivement son écriture théâtrale, Charpentier préfère le terme " d'Histoires sacrées ", mais son modèle est bel et bien l'oratorio de Carissimi.
L'historicus, acteur essentiel assumant la fonction narrative, est confié à un choeur ; les autres personnages, voix solistes, chantent en récitatif, ménageant cependant des passages hautement mélodiques. La difficulté majeure à laquelle se heurte tout interprète, réside dans la recherche d'un équilibre entre italianismes et veine française, puis entre déclamation et mélodie.
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Dans ce nouvel enregistrement, Gérard Lesne et Il Seminario Musicale apportent une réponse magistrale. Sans doute son histoire sacrée la plus accomplie, Mors Saulis est exemplaire à cet égard. Gérard Lesne confie les pages chorales aux solistes répartis en double choeur à quatre voix, parvenant à concilier lisibilité irréprochable et volubilité irrésistible, avec une percussion sensible dès le choeur initial du Rumor bellicus ou une expressivité poignante dans les déplorations. Et qu'il s'agisse de ces choeurs ou des récitatifs, le soin apporté à la ligne de chant, scrupuleusement respectée par tous les chanteurs, témoigne du raffinement indispensable à cette musique.
Au sein d'une équipe très homogène, signalons les timbres particulièrement lumineux de Jaël Azzaretti et de Marie-Louise Duthoit. Le maître d'oeuvre rayonne dans ces pages idéales pour sa voix actuelle, plus sombre, plus dramatique que par le passé : Charpentier était lui-même haute-contre, et des rôles tels que la sorcière Maga sont l'occasion pour Gérard Lesne de déployer, dans une tessiture qui lui convient parfaitement.
Le soutien instrumental est lui aussi irréprochable, de la flûte éloquente de Pierre Hamon au violon solaire de Patrick Bismuth ; on s'en voudrait de ne pas mentionner un continuo aux couleurs inépuisables (les complices de toujours, Bruno Coscet à la basse de violon, Pascal Monteilhet au théorbe et Blandine Rannou au clavecin et à l'orgue). Réussite totale, qui se confirme aussi bien Le Sacrifice d'Abraham que le Dialogue entre les anges et les bergers H 406.
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Les sacrées histoires de Charpentier | |
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