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SELECTION CD 28 avril 2024

Nouvelles aventures chez Teldec



Le nouveau label “New Line” de Teldec, qui promet de se consacrer à la musique vivante et aux grands classiques du XXe siècle, offre un contrat d'exclusivité à György Ligeti, destiné à poursuivre l'enregistrement intégral de son oeuvre (interrompu chez Sony). 4 CD suivront celui-ci, tous réalisés avec l'aval du compositeur : un beau cadeau pour ses 80 ans, qui seront célébrés en mai 2003.


Le 03/07/2001
Françoise MALETTRA
 

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     Nouvelles aventures chez Teldec

    Intégrale Gyorgy Ligeti
    Melodien pour orchestre (1971)
    Chamber Concerto pour 13 instruments (1969-70) (Corrente – Calom,sostenuto – Movimento preciso e meccanico – presto)
    Schönberg Ensemble
    Direction: Reinbert de Leeuw

    Piano Concerto (1985-88)
    (Vivace molto ritmico e preciso – Lento e deserto -Vivace cantabile – Allegro risoluto, molto ritmico – Presto luminoso)
    Pierre-Laurent Aimard, piano
    Asko Ensemble
    Direction : Reinbert de Leeuw

    Mysteries of the Macabre (1974-77 ; 1991)
    Peter Masseurs, trompette solo
    Asko Ensemble
    Direction : Reinhert de Leeuw
    Teldec New Line – 8573-83953-2


    Le premier de la série, qui sort aujourd'hui, est encore une fois l'autoportrait d'un orfèvre amoureux fou de son matériau, qui interroge sa texture sonore jusqu'à ce qu'elle lui livre les clefs de toutes ses métamorphoses possibles.

    Et c'est aussi le Ligeti qui refuse clairement dans les pièces réunies ici, l'idée d'un quelconque apparentement à l'héritage (même revisité) d'une avant-garde style Darmstadt années soixante (un nouvel académisme ?), dans lequel on l'a longtemps enfermé : " Je suis le traître de la musique moderne. Je ne veux pas accepter les comme elles sont, y compris dans ma propre musique ! "

    Les nouvelles règles du jeu qu'il invente dans le Concerto de chambre lui donnent raison. Écrit à l'intention de 13 " vrais " solistes, il en appelle à chacun d'entre eux pour qu'il marque son territoire, assume ses propres configurations rythmiques, se fonde dans l'autre ou le provoque, tous étant sommés de tisser une trame musicale extrêmement sophistiquée et parfaitement homogène. Une démonstration de folle virtuosité pour la mécanique de haute précision qu'est l'Ensemble Schönberg. Fascinant.

    Quant aux Melodien ce sont de longues phrases orchestrales, où les voix entremêlées glissent ensemble et en un seul mouvement, comme le ferait l'eau d'une rivière entre des rives très capricieuses, apparaissant, disparaissant, surgissant ailleurs, en s'irisant au passage des couleurs du célesta ou du glockenspiel.

     



    La musique est sensuelle, intemporelle, d'un raffinement inouï. Il aura fallu à Ligeti quatre années de silence (entre 1980 et 1985), mais d'un silence fertile, pour opérer un retour à l'écriture dont le piano sera le grand bénéficiaire, avec le premier cahier des Etudes et le Concerto.

    Changement radical de style : il renonce en partie à la technique de superpositions des rythmes en strates et aux vitesses contrariées, pour ce qu'il nomme " une structure granuleuse, faite d'impulsions rapides et égales ", à laquelle la découverte des polyphonies africaines, grâce aux travaux de Simha Arom, n'est pas étrangère.

    La phrase musicale est libre, les sonorités moins perméables les unes aux autres, les harmonies plus lumineuses, et le piano réapprend à chanter, tout en bousculant allègrement les instruments qu'il pousse dans leurs derniers retranchements et oblige à d'innombrables facéties. Une course poursuite s'engage, échevelée, diabolique, mais inflexible.

    Ligeti qui, avec Pierre-Laurent-Aimard, avait déjà trouvé son interprète idéal dans un premier enregistrement du Concerto avec Pierre Boulez et l'Intercontemporain(DGG) le retrouve ici, encore plus débridé, sous la conduite de Reinbert de Leeuw, un spécialiste en la matière, à la tête de l'Asko Ensemble au bord de l'implosion.

    Les Mysteries of the Macabre qui enchaînent vont soumettre les nerfs à une autre épreuve : il s'agit en fait d'un arrangement pour trompette des trois airs du chef de la police, extraits de l'opéra Le Grand Macabre ( une variante du même morceau avec solo de soprano), réorchestrés par Elgar Howarth.

    C'est toujours l'atmosphère singulière et inquiétante de ces " funérailles joyeuses du vieux monde agonisant " qui avaient fortement divisé le public lors de la création de l'opéra en 1978. La trompette s'entête obstinément dans les registres suraigus, arrogante, menaçante, contraignant l'orchestre pris en otage à se débattre dans le piège infernal qui lui est tendu. L'exécution de Peter Masseurs touche à la performance.

    Décidément, d'aventures en nouvelles aventures, György Ligeti, est bien aujourd'hui, et plus que jamais, un maître de l'illusion.

     

     

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