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SELECTION CD |
03 mai 2024 |
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Tristan und Isolde de Richard Wagner Choeur et orchestre de l'opéra d'état de Munich
Direction : Zubin Mehta
Mise en scène : Peter Konwitschny
Avec Jon Fredric West (Tristan), Waltraud Meier (Isolde), Kurt moll (Marke), Bernd Weikl (Kurwenal), Marjana Lipovsek (Brangäne)
Réalisateur vidéo : Brian Large
2 DVD Arthaus Musik
Zubin Mehta avait prévenu d'emblée: son Tristan fleurerait bon les grands souvenirs toscaniniens, il mettrait l'accent sur la richesse mélodique d'une partition parfois sous-estimée à cet égard, particulièrement au premier acte.
Et de fait, la musique coule de source, le chef hindou se plaît manifestement à traquer l'arioso et le moindre relent italianisant partout où ils se trouvent.
Le premier acte y gagne une facilité d'accès que les longs " flash-back " d'Isolde rendent parfois indigeste.
On s'attendait aussi en conséquence à un deuxième acte inondé de soleil, même s'il s'agit d'une nuit d'amour, mais rien dans la direction de Mehta ne vient supplanter l'hédonisme d'un Karajan (avec Berlin) où l'érotisme rigoureux de Karl Boehm à Bayreuth. Il en résulte un troisième acte qui perd en substance dramatique ce qu'il gagne en lisibilité.
Coté mise en scène, Peter Konwitschny a opté pour une transposition qui s'embarque sur un paquebot contemporain. Malgré cette licence, on appréciera la sobriété de l'ensemble dans un décor ramassé qui n'exclut pas l'effet de mouvement (un déroulant au premier acte donne véritablement l'impression que le bateau avance
).
La passion de Tristan et d'Isolde est ici si visible que le filtre n'est plus finalement qu'un élément anecdotique. Tout ici est humain, trop humain, Wagner brille de toutes ses contradictions et ses personnages sont loin d'être taillés dans le marbre des siècles.
Waltraud Meier épouse totalement ce concept du mythe et ses qualités d'actrice éclaboussent l'écran. Familière du rôle, mais manifestement toujours aussi concernée et riche d'un enthousiasme que la pratique assidue n'a pas entamé. La cantatrice allemande frissonne, souffre, jouit et se meurt avec une justesse de ton que ses partenaires n'arrivent pas égaler.
Même Kurt moll (Marke) et Bernd Weikl (Kurwenal) pourtant familiers des planches paraissent légèrement en retrait. Et que dire du Tristan de Jon fredric West ? En face d'une partenaire moins présente, il se distinguerait sans forcer. Mais en regard des circonstances présentes, il plaide en faveur d'un Tristan subissant le jeu, aimant et mourant sur commande. À son crédit, un timbre chaud qui n'est pas sans rappeler Jon Vickers.
Mais comment pouvait-il lutter lorsqu'ici, même le réalisateur n'a d'yeux et de caméras que pour la plus belle Isolde du XXe siècle ; celle pourtant dont Bayreuth a décidé de se passer
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Tristan et Waltraud | |
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