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SELECTION CD 29 mars 2024

Soixantes minutes d'oubli



Adapter la musique vocale de Monteverdi au violoncelle est déjà un pari peu évident, mais lorsqu'il s'agit en plus de l'insérer dans un programme qui rassemble Kurtag, Berio, Dutilleux, Donatoni et Dusapin, on mesure la gageure que constitue le dernier enregistrement de Sonia Wieder-Atherton.


Le 09/04/2001
Françoise MALETTRA
 

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     Disque récital Sonia Wieder Atherton

    Au commencement Monteverdi
    " Au commencement Monteverdi "
    Monteverdi : " Duo Seraphim (extrait de " Vespro della Beata Virgine "), " Ohimè, dov'è il mio", " Non vedro mai le stelle ", " Chiome d'oro ", " Pur ti miro " (extrait du " Couronnement de Popée ")
    György Kurtag : " Pilinszky Janos : Gérard de Nerval "
    Luciano Berio : " Les mots sont allés "
    Pascal Dusapin : " " Immer ", " Invece "
    Henri Dutilleux : " Trois strophes sur le nom de Sacher "
    Franco Donatoni : " Lame "
    Sonia Wieder-Atherton(violoncelle)
    (avec la participation de Natalia Shakhovskaia, violoncelliste)
    RCA 74321843552


    Sonia Wieder-Atherton est cette musicienne radieuse qui ne cesse d'étonner, parce qu'elle ne rêve que de s'étonner elle-même, et que visiblement elle connaît bien ceux qui peuvent faire cette grâce à son violoncelle, le médiateur idéal de tous ses désirs de musique, que celle-ci soit d'ancienne mémoire ou la plus engagée dans la création contemporaine.

    Ce disque est en partie son histoire, et donc il lui ressemble. Une histoire qui commencerait avec Monteverdi et son envie d'adapter ces duos "dont la modernité harmonique, le sens du récit et du drame" l'avaient bouleversée, et qui enchaînerait avec Kurtag, berio, Dusapin, Dutilleux et Donatoni, des compositeurs qui habitent depuis longtemps sa petite planète, qui ont écrit pour elle ou aspirent à le faire.

    "À la source de toute partition, écrit-elle, il y aurait cette sensation de souffle, devenant voix, ou même parole". Et c'est vrai qu'à travers des esthétiques aussi différentes, elle réussit à énoncer, construire, varier chaque pièce, qu'elle aurait passionnément décryptée, avant simplement de l'adresser à ses auditeurs.

    Elle apprend aux oeuvres à vivre entre elles, à s'apprivoiser, à se répondre, à se prolonger, au nom de la vocalité pure (Monteverdi), de la poésie grave et tranquille(Kurtag), des énigmes du récitatif(Berio), de l'éclatement des cordes, frottées, percutées, frôlées(Dusapin), de la variation virtuose(Dutilleux), ou de la sensualité âpre et flamboyante(Donatoni). Il faut écouter ce disque, et l'écouter impérativement dans l'ordre qu'elle a choisi, faire le voyage avec elle et toute confiance à son violoncelle. C'est s'assurer soixante minutes d'oubli
    de presque tout.





     

     

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