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SELECTION CD 28 mars 2024

Féministe, Dreyfusard et génial



Albéric Magnard est un grand compositeur français encore trop méconnu. La monographie que viennent de lui consacrer Simon-Pierre Perret et Harry Halbreich lui fait justice et devrait dans la foulée stimuler l'imagination de chefs en quête de répertoire.



Le 24/04/2001
Françoise MALETTRA
 

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     Féministe, Dreyfusard et génial

    Albéric Magnard (1865-1914)
    Par Simon-Pierre Perret et Harry Halbreich
    Editions Fayard
    64O pages/180 FF


    Misanthrope, humaniste, musicien farouchement indépendant qui fut sans doute un des créateurs les plus radicaux de son temps, Albéric Magnard fut incontestablement une personnalité hors du commun, idéaliste et intraitable, à laquelle la postérité fera payer très cher son refus de tout compromis avec la société de son temps, et un musicien inclassable (tant mieux !), un immense symphoniste, doué d'une veine mélodique d'une richesse confondante. Ce qui n'empêchera pas ses détracteurs de prétendre qu'il fallait une table de logarithmes pour le décrypter !

    Si sa production est peu abondante (une vingtaine de partitions pour quatorze heures de musique où dominent les grandes formes : 4 symphonies, 2 opéras, l quatuor, un quintette, des sonates
    ), elle constitue un ensemble d'une facture impressionnante qui revendique et assume pleinement la tonalité, mais une tonalité qui, même poussée dans les plus extrêmes conséquences de la tension harmonique, ne la remet jamais en question.

    Une oeuvre qui traduit souvent les engagements de l'homme. Ardent défenseur de Dreyfus, il écrit une lettre magnifique à Emile Zola, au lendemain de la parution de son " J'accuse ! " : " Bravo, Monsieur, vous êtes un crâne. Votre courage est une consolation pour les esprits indépendants
    Marchez ! Vous n'êtes pas seul. On se fera tuer au besoin ! ". Le même jour, il démissionne de son corps des officiers de réserve, et trois ans plus tard, il offre à Dreyfus son " Hymne à la Justice ".

     



    Attaché à la défense active de l'égalité des femmes, il exigera que la création de sa 4e Symphonie soit donnée par un orchestre exclusivement féminin. Il ira plus loin encore dans son opéra Guercoeur, inventant un paradis où siègeront les toutes puissantes allégories de " Beauté ", " Bonté ", " Vérité " et " Souffrance ". Là sont les passionnantes contradictions de Magnard, qui s'inscrivent dans la logique imparable d'une nature " qui préféra toujours l'éthique à l'esthétique ", et à la recherche des timbres propre à son époque, l'énergie de l'idée musicale et l'ampleur de ses développements.

    Le livre de ces deux militants avoués que sont Simon-Pierre Perret et Harry Halbreich devrait servir la cause du musicien, stimuler l'imagination de chefs en quête de répertoire, et faire échec à la mémoire oublieuse de nos contemporains. Peut-être la fin du purgatoire pour celui qui pensait que " le saut dans le Grand Tout devait avoir du charme ", ignorant que l'été 1914 allait faire de cette utopie une tragédie : à 39 ans, il disparaissait carbonisé dans sa propriété en feu qu'il tentait désespérément de défendre contre l'envahisseur allemand.

    Par chance, le disque offre aujourd'hui la quasi totalité de l'oeuvre de Magnard. En première ligne, les 4 Symphonies, et l'opéra Guercoeur, enregistrés par Michel Plasson et l'Orchestre National du Capitole de Toulouse (EMI).

     

     

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