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SELECTION CD 19 avril 2024

Réellement Tauride



On connaît la fougue de Marc Minkowski à la tête de ses musiciens du Louvre. En voici une nouvelle démonstration éclatante, avec son nouvel enregistrement d'Iphigénie en Tauride. Mireille Delunsch qui y tient le rôle-titre mérite amplement que l'on torde un vocable géographique en adjectif.



Le 04/05/2001
Gérard MANNONI
 

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     Réellement Tauride

    Iphigénie en Tauride de Christoph Willibald von Gluck

    Choeur et orchestre des Musiciens du Louvre
    Marc Minkowski, direction
    Avec Mireille Delunsch (Iphigénie)- Simon Keenlyside (Oreste)- Yann Beuron (Pylade)- Laurent Naouri (Thoas)- Alexia Cousin (Diane)- Claire Delgao-Boge (Première prêtresse)- Nicky Kennedy (Deuxième Prêtresse)- Laurent Alvaro (Un Scythe)
    3 CD Archiv Produktion 471 133-2


    Sans vouloir faire du chauvinisme primaire, comment ne pas se réjouir de voir la réussite de cet enregistrement réalisé en quasi totalité avec des artistes français. C'est un peu le retour à une suprématie que nous n'aurions jamais du quitter dans ce répertoire.

    D'abord, il y Minkowski, toujours en état de grâce dramatique. Il mène cet ouvrage pourtant peu aisé avec une lucidité étonnante. Il a l'énergie qu'il faut au moment adéquat, le lyrisme juste là où il sied le mieux, le sentiment parfaitement équilibré entre humain et héroïque, une sorte d'instinct des tempi les plus intéressants. Et puis, il y a Mireille Delunsch dans le rôle titre.

    Nul ne sera surpris que cette belle voix franche et claire, cette excellente diction, rendent une totale justice à un rôle parmi les moins faciles du répertoire de l'époque. C'est le style du vrai chant à la française retrouvé, sans les dégénérescences qui marquèrent sa décadence par excès de mignardise dans les années d'après guerre.

    La brève intervention d'Alexia Cousin en Diane est tout aussi convaincante. Yann Beuron, le mémorable Pâris du Châtelet, change d'emploi radicalement mais avec intelligence, musicalité ert vaillance. Simon Keenlyside en Oreste est son double parfait et Laurent Naouri campe un Thoas de belle allure. On retrouve, grâce aux choeurs aussi, l'esprit réel de cette musique avec tout ce qui la rattache à son siècle et tout ce qui prépare déjà le romantisme naissant.

     

     

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