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SELECTION CD 24 avril 2024

Une mémoire de concours



Alors que débutait fin avril la cinquantième édition du Concours Reine Elisabeth de Belgique, l'éditeur belge Cyprès réunissait dans un écrin de 12 CD quelques-unes des archives les plus marquantes du demi-siècle écoulé. Un demi-siècle de foisonnement musical. De révélations, souvent. De coups de maître, parfois.


Le 07/05/2001
Stéphane HAIK
 

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     Une mémoire de concours

    Concours Reine Elizabeth 1951-2001
    Leonid Kogan, Berl Senofsky, Julian Sitkovsky, Jaime Laredo, Charles Casterman, Alexei Michlin, Philippe Hirshhorn, Gidon Kremer, Peter Zazofsky, Edith Volckaert, Mikhaïl Bezverkheny, Miriam Fried, Nai Yuan hu, Yayoi Toda, Nikolaj Znaider, Vadim Repin, Vitaly Samoshko, Alexandre Ghindhin (violon), Leon Fleisher, Lazar Berman, Malcom Frager, Vladimir Ashkenazy, Jean-Claude Vanden Eynden, Evegny Moguilevsky, André De Groote, Ekatarina Novitskaja, Yuri Egorov, Mitsuko Uchida, Abdel Rahman El Bacha, Andrei Nikolsky, Mikhaïl Faerman, Pierre-Alain Volondat, Johan Schmidt, Valery Afanassiev, Daniel Blumenthal, Frank Braley, Markus Groth (piano), Anga Winska, Thierry Félix, Stephen Salters, Ana Camelia Stefanescu, Eleni Matos, Olga Pasichyk, Marius Brenciu, Marie-Nicole Lemieux (voix), Orchestre national de Belgique, Orchestre symphonique de la RTB/BRT, Orchestre symphonique de la Monnaie, Academy of Ancient Music, Franz André, Daniel Sternfeld, André Cluytens, René Defossez, Georges Octors, Michael Gielen, Irwin Hoffmann, Sylvain Cambreling, Marc Soustrot, Paul Goodwin (direction).

    Coffret 12 CD Cyprès (distribution en France : Intégral)


    Pari réussi. La gageure était pourtant de taille : en 12 CD serrés, fournir une photographie sonore précise d'un demi-siècle d'épreuves de l'un des concours les plus réputés de l'après-guerre, rapidement devenu l'alpha et l'oméga pour les nouvelles générations de violonistes et de pianistes. " Compiler " l'ensemble des témoignages sonores eût été une mission aussi périlleuse qu'à l'intérêt pour le moins contestable ; publier des oeuvres tronquées eût été une erreur éditoriale manifeste, car propre à diluer l'attention ; opérer une sélection d'interprètes drastique, forcément subjective, eût également été sujet à caution dans la mission assignée à cette publication-anniversaire : dégager des lignes de force, débusquer des tendances, voire brosser une diversité stylistique. Pour ce faire, l'éditeur est parti d'un postulat simple, qui s'avère concluant in fine : dans des oeuvres non amputées, mettre en exergue les premiers lauréats de ces cinquante dernières années, à quelques exceptions près, la plus notoire étant sans conteste celle de la pianiste japonaise Mitsuko Uchida, classée 10e en 1968
    dans un Troisième Concerto de Beethoven époustouflant, dont il eût été dommage de se priver. Sans oublier bien sûr le 3e prix cuvée 1975, enlevé par un certain Yuri Egorov.

     
    Les Soviétiques qui s'imposent, les Américains en embuscade


    Dans un climat de Guerre froide alors à son paroxysme, les premières années du Concours sont résolument soviétiques. De Moscou, de Gorki, de Saint-Pétersbourg, d'Odessa, déboulent les Lazar Berman, Vladimir Ashkenazy et autres Evegny Moguilevsky, tous formés à la plus pure école soviétique : à force d'encourager la stricte technicité, souvent au détriment de la couleur, du chatoiement des timbres, du galbe de la ligne, cette école-là eut vite mauvaise presse, comme en témoigne une Toccata de Prokofiev, qui implose littéralement sous les doigts d'acier d'un Berman qui décidément ne faillit pas à sa réputation de " broyeur d'ivoire ". À l'inverse, Ashkenazy et Moguilevsky font montre d'un jeu autrement plus idoine : le premier semble avoir compris que le Concerto n° 1 de Liszt s'inscrivait dans une lente mais irrésistible progression dynamique, le second qu'une interprétation rigoureuse du Concerto n° 3 de Rachmaninov justifiait que l'on écartât d'emblée toute débauche expressive.

    De ces premières éditions du Reine Elisabeth, pourtant largement dominées par les pianistes soviétiques, on retiendra aussi la présence d'une poignée d'Américains : Malcom Frager, en prise avec un trop insignifiant Concerto de Marcel Poot pour que l'on puisse prendre toute la mesure de ses capacités, et, surtout, Leon Fleisher, offrant ici une lecture du Concerto n° 1 de Brahms d'une incroyable maturité, dépouillée, décantée, à la manière de Claudio Arrau, dans l'enregistrement qu'il grava avec Haitink en 1960.

    Quant aux violonistes, là aussi les Soviétiques imposent leurs lois aux membres du jury. Deux violonistes dominent alors d'une hauteur de tête : Julian Sitkovesky, qui n'obtint que le 2e prix en 1955, malgré une Sonate op.27/6 d'Ysaÿe d'une rare élégance virtuose, et Leonid Kogan, 1er prix de la toute première épreuve, en 1951, dans un Concerto n° 1 de Paganini, dont seule la cadence figure dans cette anthologie ; un peu plus de trois minutes, et l'absolue certitude que l'on tenait en Kogan l'un des plus grands archets de notre temps s'il n'avait disparu prématurément, il y a près de vingt ans.

     
    Nos chers disparus
    et les autres



    La liste des lauréats d'hier et d'aujourd'hui qui ont depuis fait carrière est longue: Gidon Kremer, Abdel Rahman El Bacha, Pierre-Alain Volondat, bien qu'à l'écart des grands circuits, Vadim Repin, Frank Braley et, dans une moindre mesure, Miriam Fried sont sans doute les noms qui retiendront l'attention, passé le face-à-face systématique russo-américain des années cinquante et soixante, où les jurys successifs du Reine Elisabeth semblaient vouloir opérer cette dichotomie permanente, somme toute très artificielle.

    Reste qu'un concours, quel que soit son prestige, n'est pas non plus un sésame. Pêle-mêle, que sont devenus les violonistes Alexei Michlin, Peter Zazofsky, les pianistes André De Groote, Ekaterina Novitskaja ? Pas grand-chose, apparemment.

    Et si ce coffret-anniversaire ne devait avoir qu'un seul mérite, ce serait sans doute celui d'offrir des témoignages de musiciens disparus, trop mal documentés par le disque officiel. Ainsi, l'éditeur propose-t-il opportunément le Carnaval de Schumann, sous les doigts de Yuri Egorov
    3e prix en 1975. Un vrai miracle sonore : plus que jamais le pianiste agit en musicien libre, capable de transfigurer le Carnaval comme peu osèrent le faire avant lui, chantant, virevoltant, rêvant, trépignant, avec audace et insolence parfois. Il en va de même pour le violoniste très injustement oublié, Philippe Hirshhorn, lauréat en 1967, mort en 1996, qui dynamite Tzigane, au point de donner l'impression d'une improvisation sans cesse jaillissante.

    Depuis 1988, le Reine Elisabeth s'est ouvert aux voix, auxquelles ce coffret consacre son douzième et ultime volume. Et l'avenir dira si cette nouvelle épreuve permettra à terme de constituer une pépinière de chanteurs internationaux, à l'instar des violonistes et pianistes réunis ici.

     



    Paganini : Concerto pour violon (cadence) - Debussy : Sonate pour violon - Ysaye: Sonate pour violon op.27/6, Sonate pour violon op.27/2 - Milhaud : Concerto royal pour violon - Jongen: Concerto pour violon - Brahms : Concerto pour piano n° 1 - Prokofiev : Toccata pour piano - Poot : Concerto pour piano - Liszt : Concerto pour piano n° 1, Sonate pour piano - Schumann : Etudes symphoniques, Fantaisie pour violon, Carnaval - Rachmaninov : Concerto pour piano n° 3, Variations sur un thème de Paganini - Chostakovitch : Concerto pour violon n° 1 - Ravel : Tzigane - van Rossum : Concerto pour violon n° 1 - Moussorgski : Les Tableaux d'une Exposition - Beethoven : Concerto pour piano n° 3, Sonate pour piano op.110 - Schubert : Sonate pour piano D.664 - Prokofiev : Concerto pour piano n° 2 - Bartók : Concerto pour violon n° 2 - Brahms : Sonate pour piano n° 1, Quatre ballades pour piano - Tchaïkovski : Concerto pour violon, Concerto pour piano n° 1 - Stravinsky : Petrouchka (transcription pour piano) - Sibelius : Concerto pour violon - Simonis : Cantilène pour violon et orchestre - Janacek : Sonate pour violon - Devreese : Concerto pour piano n° 4 - Chopin : Ballade pour piano n° 4, Barcarolle - Mozart : Sonate pour piano K.332 - Airs de Verdi, Mozart, Boesmans, Mahler, Monteverdi, Rossini.

     

     

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