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SELECTION CD 28 mars 2024

L'oreille virtuose de Jacques Lonchampt



Wilhelm Furtwaengler disait : " Le véritable critique est celui qui sait écouter, dans le temps d'un concert, l'événement qui se déroule ". Jacques Lonchampt, l'ancien critique du quotidien Le Monde, est de cette race, il le prouve dans son dernier recueil d'articles publiés sur une trentaine d'années.


Le 27/05/2001
Françoise MALETTRA
 

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     L'oreille virtuose de Jacques Lonchampt

    Jacques Lonchampt " Journal de Musique "(1949-1995)
    Éditions de l'Harmattan
    (320 pages – 170 F.)


    Jacques Lonchampt a traversé un demi-siècle, l'oreille en alerte, exercée au phénomène musical dans tous ses états et en tout lieu, et la plume généreuse, comme si, pour lui, chaque concert avait un goût de première fois. Après son Journal de musique contemporaine publié en 1994 (Ed. Plume), il livre aujourd'hui son Journal de musique tout court.

    Il s'agit d'un journal de bord dont il n'a voulu garder que " les heures claires ", abandonnant les heures médiocres dont il n'avait que faire. Dès ses années d'apprentissage à la rédaction du Journal des Jeunesses Musicales, il se forgera une éthique dont il ne s'est jamais départi : s'interdire tout écart avec la liberté de penser et d‘écrire, mais argumenter toujours.

    Qu'il s'agisse de convaincre du meilleur, ou d'accorder au pire quelques circonstances atténuantes, ses articles du Monde, entre 1960 et 1990, auront fait référence pour toute une génération qu'il a aidé à s'y reconnaître dans la vague déferlante du baroque, la montée en puissance de Gustav Mahler, l'éloignement ou la disparition des grandes figures du siècle (de Cortot à Casals, de Klemperer à Horowitz, de Scherchen à Glenn Gould, les portraits qu'il en donne sont de véritables morceaux d'anthologie).

    D'années en années, il nous a fait refaire le voyage de Prague, de Munich, de Bayreuth et de Salzbourg. Mais il l'a fait en voyageur inspiré, qui s'imprègne de l'histoire, de la culture, de l'atmosphère des villes, et les restitue avant d'inviter son lecteur à entrer dans les salles de concert ou à se rendre à l'opéra.

    Et le lendemain, on découvrait un Haydn en redingote, par Sir Thomas Beecham, un Simon Rattle, Platini de l'orchestre, un Poulenc saisi par la fraîcheur des années folles, un Armin Jordan, vigneron dans sa cuve, un Lucien Pavarotti, ténor de formule 1, ou une Martha Argerich dans une solitude peuplée de rêves


    Effet pervers de la mémoire : à relire son Journal de musique, j'ai la sensation troublante de les avoir tous connus, et de très près.

     

     

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