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SELECTION CD 19 avril 2024

Modeste correspondance




La correspondance de Modeste Moussorgsky est enfin traduite en français. Soit 274 lettres qui constituent un document surprenant sur le compositeur et surtout sur l'homme, de l'âge de 18 ans jusqu'à la mort. Des pages à lire comme elles ont été écrites, à coeur ouvert, sans retenue, et toujours dans un sentiment d'urgence.



Le 06/06/2001
Françoise MALETTRA
 

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     Modeste correspondance

    Correspondance de Modeste Moussorgsky (1839-1881)
    traduite, présentée et annotée par Francis Bayer et Nicolas Zourabichvili.
    Préface d'André Lischké
    Éditions Fayard (526 pages – 180 F.)


    Cette correspondance accroît singulièrement l'image paradoxale de l'homme, orgueilleux et inadapté, et celle du musicien, prodigieusement doué mais lacunaire, qui cherche passionnément à saisir les mouvements d'une époque qui lui échappe, qui interroge, trouve des points d'appui incertains, harcèle ses amis, mais dont les spéculations intellectuelles sont la plupart du temps mises en échec par une incapacité à les réaliser, qui s'affaiblira d'année en année, et que la mort, à quarante-deux ans, ne suffit pas à expliquer.

    En 1880, il écrit : " Si le destin m'offre la possibilité d'élargir les entiers battus qui mènent aux buts vitaux de l'art, je serai au comble de la joie et de l'allégresse. Mais les exigences que l'art fait peser sur l'artiste contemporain sont si lourdes qu'elles sont susceptibles d'engloutir l'homme dans sa totalité. Et pourtant, se donner à soi-même tout entier aux hommes, voilà ce qu'on doit faire aujourd'hui dans le domaine de l'art. "

    Pour André Lischké, Moussorgsky offrirait cette particularité d'être probablement " le seul compositeur que l'on doit juger autant pour ce qu'il a fait que pour ce qu'il n'a pas fait." Il suffit de lire les lettres au critique Vladimir Stassov, l'apôtre du réalisme dans l'art, d'un sectarisme dogmatique redoutable, pour mesurer la distance entre ses aspirations, ses convictions, et leurs applications concrètes (on serait tenté dire : tant mieux !).

     



    Il reste que l'on assiste à l'oeuvre en train de se faire, telle par exemple qu'il s'en ouvre à Rimsky-Korsakov à propos de Une nuit sur le mont Chauve, des Enfantines, de la Khovantchina, ou des Tableaux d'une exposition (" les sons et les idées planent dans l'air, je les gobe, je m'en goinfre, et c'est à peine si j'ai le temps de les griffonner sur le papier. On devine ma personne dans les interludes, pour l'instant, je trouve cela très réussi
     "
    ).

    Rien, hélas, sur la première version de Boris. Et puis on découvre le Moussorgski citoyen, présent aux turbulences politiques et sociales de la Russie d'alors, qui s'engage dans la défense de causes aussi rudes que l'abolition de l'esclavage ou la réforme de l'enseignement musical officiel dispensé dans les conservatoires (" livré à trop d'influences venues d'ailleurs "), le tout sur fond de nationalisme exacerbé, d'attachement farouche au sol du pays, à son histoire, au psychisme individuel ou collectif de son peuple (" Il nous faut créer un opéra qui soit fondateur de l'identité russe ! ").

    J'aime particulièrement les lettres à Mili Balakirev, l'ami indéfectible, avec lequel pourtant il rompra tout lien en 1872 (Balakirev avait émis des réserves sur Une nuit sur le mont Chauve), comme il le fera avec presque tous les membres du Groupe des Cinq, ou les lettres à Ludmilla Chestokova, la soeur de Glinka, la confidente (Vous êtes le refuge sacré de tous les artistes
    ).

    Remarquons enfin la clarté de l'appareil critique et la traduction des lettres qui restitue la saveur de la langue, son extraordinaire effet de proximité
    et sa politesse.

     

     

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