|
|
SELECTION CD |
26 avril 2024 |
|
Messiaen avec moins de noms d'oiseaux |
Huit préludes, La Fauvette des jardins d'Olivier Messiaen Roger Muraro, piano
1 CD Accord 461 642-2
Avec Les Vingt Regards sur l'Enfant Jésus et Catalogue d'oiseaux, Muraro proposait une approche très fouillée et très personnelle en même temps de ces deux monuments de la littérature pianistique du XXe siècle.
Cette fois, il s'attaque à des pages plus intimistes et certainement moins connues, tout au moins en ce qui concerne les Préludes. Ici en effet, à une exception près, la Colombe, Messiaen abandonne ses chers oiseaux pour se tourner vers des thèmes moins habituels chez lui comme l'indiquent les titres: Chants d'extase- Le nombre léger- Instants défunts- Les sons impalpables du rêve- Cloches d'angoisse et larmes d'adieux- Plainte calme- Un reflet dans le vent.
La référence aux autres grands compositeurs de préludes, à Debussy notamment, est évidente. La similitude s'arrête là , même si la sensibilité " à la française " reste évidente par sa clarté, sa subtilité, ses côtés plus allusifs que descriptifs.
La pensée musicale de Messiaen garde toujours un côté plus philosophique, plus cérébral, même lorsqu'il s'agit d'évoquer Un reflet dans le vent. Et puis, on comprend ici toute la finesse de l'art de Messiaen coloriste, car il est finalement encore plus difficile de donner des couleurs pianistiques à des sensations ou des impressions de ce type qu'à des chants d'oiseaux.
Tout comme dans cet ensemble magistral qu'est La Fauvette des jardins, Roger Muraro fascine par la qualité d'un toucher qui traduit ce très délicat jeu de clairs-obscurs et de scintillements intérieurs. Du projet de Messiaen qui semblait d'abord naturaliste et descriptif, Muraro dévoile la mystérieuse nature : l'identification narrative d'un compositeur avec un animal chanteur. Aussi étonnant qu'enchanteur.
| |
|
| | |
Messiaen avec moins de noms d'oiseaux | |
|