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SELECTION CD 26 avril 2024

Le théâtre au bout de l'archet



Il y a 10 ans, le violoniste Gidon Kremer faisait entrer Astor Piazzolla, maître incontesté du tango argentin, dans son panthéon musical aux côtés de Schubert, Schumann, Prokofiev, Schnittke, Adams ou Pärt. Kremer persiste avec une nouvelle série d'arrangements pour formation de chambre sans bandonéon.


Le 05/09/2001
Françoise MALETTRA
 

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     Le théâtre au bout de l'archet

    Tracing Astor
    Musiques d'Astor Piazzolla (1921-1992) :
    (La Calle, Tango-Etudes, Chiquilin de Bachin, Rio Sena, Milonga sin Palabras : arrangements de Gidon Kremer et Leonid Desyatnikov – Violoncelles, vibrez, deGiovanni Sollima, Tracing Astor, de Leonid Desyatnikov, All in the Past, de Georgs Pelécis)

    Gidon Kremer: violon – Ula Ulijona: violon – Marta Sudraba et Sol Gabetta: violoncelles – Leonid Desyatnokov: piano – Horatio Ferrer: voix – Kremerata Baltica.
    1 CD Nonesuch Records 7559796012 (distribution Warner Classics)


    Gidon Kremer avoue être immédiatement tombé amoureux du maître du bandonéon, et d'une musique " qui avait toutes les tristesses, toutes les joies de Schubert, et une énergie si puissante qu'elle amplifiait votre propre énergie et vous encourageait à aller plus loin que vous ne l'aviez jamais fait. "

    Quatre disques plus tard (Hommage à Piazzolla, El Tango, Maria de Buenos Aires, Tango Ballet), sans compter ce dernier Tracing Astor, cette passion pour Piazzolla, qu'il partage avec Barenboim et quelques autres pointures du monde classique, ne le lâche pas.

    En écoutant Kremer se saisir du tango, on pense à la petite phrase d'Erik Satie : " Cette danse est la danse du diable, celle qu'il préfère, il la danse pour se refroidir un peu
    "
    Mais aussi lascive et voluptueuse soit-elle, la musique de Piazzolla est d'une écriture extrêmement rigoureuse, dont l'apparente spontanéité débouche tout à coup sur des structures harmoniques savamment contrôlées, ou un contrepoint d'une orthodoxie parfaite. Et cela n'a rien de surprenant de la part d'un compositeur formée à la rude école de Nadia Boulanger.

    Même si l'on regrette (évidemment !) l'absence du bandonéon dans l'enregistrement, on réalise rapidement que les arrangements de Kremer et Desyatnikov rendent justice au musicien. Leur habileté à se couler dans sa rythmique si spéciale, sans en altérer ni le caractère, ni le climat est en soi une prouesse.

     
    Irrésistible Astor


    Dès lors, comment résister à cette Calle, pour alto et violoncelle, toute en cordes sèches et glissandi vertigineux, aux Six Etudes-Tango, véritable grammaire du tango, énoncée par le violon seul en fugues, canons et arias da capo, et à cette Milonga sin Palabras ? De la véritable " musique classique populaire " pour reprendre l'expression de Bartok.

    Des trois pièces en hommage à Astor Piazzolla , il faut retenir Tracing Astor de Leonod Desyatnikov (né en 1955) pour trio à cordes et piano, où les instruments croisent leurs voix dans le pur style tango-ostinato ; mais aussi All in the Past, pour violon et cordes, de Georgs Pelécis (né en 1947), réminiscence d'un tango tout de douceur et de désolation, à peine soutenu par des cordes affinées dans le pianissimo.

    En revanche, le Violoncelles, vibrez, pour deux violoncelles et cordes, de Giovanni Sollima (né en 1962), apparaît comme une ballade romantique, passablement sirupeuse, singulièrement étrangère à l'univers de Piazzolla.

    La conclusion revient à John Adams : " Il faut être doué d'un esprit rare pour pouvoir transformer une simple petite forme comme le tango en un canal d'expression d'une telle profondeur et d'une telle portée, à partir d'un propos si fondamentalement tragique. " La force de Kremer est précisément d'avoir su capté et restituer ce théâtre si prenant au bout de son archet.

     

     

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