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SELECTION CD 26 avril 2024

Un mauvais rêve de Renée Fleming



Elle est probablement l'une des grandes divas d'aujourd'hui et chacun de ses disques récitals est attendu comme une promesse de félicité. Mais son nouvel enregistrement consacré aux musiques de la nuit ressemble plutôt à un mauvais rêve dont on aimerait se réveiller au plus vite en attendant un songe meilleur.


Le 13/10/2001
Jacques DUFFOURG
 

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     Un mauvais rêve de Renée Fleming

    Récital de Renée Fleming avec Jean-Yves Thibaudet
    Nocturnes
    Gabriel Fauré : Clair de lune, Mandoline, Après un rêve, Soir, Nell ~ Claude Debussy : Beau soir, Mandoline, Apparition, Trois chansons de Bilitis ~ Joseph Marx : Nocturne, Nachtgebet, Selige Nacht, Pierrot Dandy ~ Richard Strauss : Ruhe, meine Seele !, Schlechtes Wetter, Leises Lied, Leise Lieder, Cäcilie ~ Sergei Rachmaninov : Zdes khorosho, V molchani nochi taynoy, Rechnaya liliya, Son, Eti letniye nochi, Ne poy krasavitsa.

    Renée Fleming, soprano ~ Jean-Yves Thibaudet, piano Steinway.
    1 CD Decca, 467 697-2


    Revenons un peu en arrière : le 11 Février 1999, au Palais Garnier, Renée Fleming donnait un récital resté dans les annales. Il comprenait des Debussy (Ariettes oubliées) idéaux d'incantation et de modelé, et des Strauss (dont Morgen) d'une élévation rarement égalée.

    Ceci pour éviter tout malentendu ; et faire un sort à certain cliché qui la voudrait grande chanteuse, mais peu douée pour l'intimité de la mélodie et du lied . On accueille donc avec curiosité – et même envie – un disque original, qui se veut un parcours parmi des oeuvres françaises, germaniques et russes consacrées sur le thème de la Nuit.

    Au dos et à l'intérieur du CD, des cercles violacés en provenance directe d'une champignonnière hallucinogène constituent l'essentiel du graphisme. Insérée dans le livret, une double confession, narcissique et prétentieuse, répond à une photographie des deux artistes, dans une sorte de salle d'attente pour consultation du Planning Familial. Passons.

    L'écoute. Pierre de touche de la mélodie française, Fauré est servi en hors d'oeuvre. Première déconvenue : est-ce bien de la mélodie française ici ? L'idiome prononcé – ou plutôt mastiqué – par la chanteuse est inconnu des anthropologues. Sens, accent, scansion, voyelles nasales, et liaisons dangereuses : tout y est escamoté.

    Assurément, la voix est là, magnifique et souveraine comme à l'accoutumée ; mais monotone, en plus d'incompréhensible, de Clair de lune à Après un rêve.

    Rendons hommage à Jean-Yves Thibaudet d'épouser, plus que d'accompagner, sa partenaire ; et de la pousser à l'ésotérisme sensuel indispensable au Debussy des Bilitis. Epreuve encore plus risquée, et échec plus cuisant. Prononciation mise à part – n'y revenons plus -, la vénéneuse Bilitis se trouve, de manière toujours aussi monocorde, revêtue d'oripeaux de communiante.

    Etre davantage à côté du sujet semble ardu : un grand effort cérébral devient nécessaire pour aborder Joseph Marx (1882-1964) et Richard Strauss dans la sérénité. L'oreille est d'autant plus rassurée que l'intonation se raffermit, dans cette langue allemande plus familière à la diva.

    Un Thibaudet des grands jours – le véritable héros de ce CD - l'aide, là encore, à trouver de la conviction. Mais la succession des pièces ramène au triple galop un naturel trop peu chassé : linéarité, indifférence, hédonisme vain surtout.

    Dès lors, après une Cäcilie très ancillaire, Rachmaninov a fort à faire pour s'imposer. C'est pourtant l'exploit qu'il réussit : on y retrouve avec soulagement la Fleming tant aimée : longue de souffle, ambrée de chair, phosphorescente d'aigus ; et aux épanchements irrésistibles


    Il est un peu tard, tout de même, pour ramener l'ensemble vers le pinacle. L'amateur de Fauré ou Debussy par des voix féminines se tournera sans dommage vers De Los Angeles (EMI), Crespin (EMI et Decca), Stutzmann (RCA), Gens (Virgin) ; et trouvera des Strauss plus convaincants avec Della Casa (BMG) et Bumbry (DGG), voire Ludwig (RCA).

    " La " Fleming s'est voulue Reine de la Nuit ; elle n'est ici, hors Rachmaninov, pas même Mab, la Reine des Songes
    mais, très certainement, une Brünnhilde au sommeil sans fin.

     

     

  • Un mauvais rêve de Renée Fleming
     


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