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SELECTION CD 23 avril 2024

Beethoven à la chope



Alimentaires, ces arrangements d'airs populaires écossais et irlandais que Beethoven composa à l'instigation d'un éditeur d'Edimbourg ? Peut-être, mais en tous cas injustement méprisés. Une équipe de musiciens et chanteurs spécialistes de musique ancienne viennent de leur rendre une nouvelle jeunesse.


Le 24/10/2001
Olivier BERNAGER
 

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     Beethoven à la chope

    Irish and scottisch songs de Beethoven
    Sophie Daneman, soprano
    Paul Agnew, ténor
    Peter Harvey, baryton
    Jérôme Hantaï, pianoforte (Broadwood 1806)
    Alessandro Mossia, violon (Gisalberti 1715)
    1 cd Naïve E8850


    Ces mélodies ne sont pas la Chine de l'Orient, mais Beethoven a bien écouté les usages en vigueur dans les pubs anglais et en a transmis leur saveur embrumée dans cette série de mélodie, dont les thèmes recouvrent les principaux centres d'intérêt des premiers romantiques allemands : rêves de chevalerie, de nature et de voyages.

    Beethoven n'a pas le génie mélodique d'un Bellini, il ne conduit pas ses airs vers la volupté sonore, vers l'extase, mais il sait comme personne, donner du caractère à des thèmes sans prétention et attirer vers les cimes des petits airs à boire et de gentilles déclarations d'amour.

    Plus encore que la mousse de l'excellente Guiness, les frimats d'Albion ont tout pour séduire les intellectuels allemands des cercles de poésie des années 1810, dont les discussions âpres vont forger l'esthétique du lied. On admire les mystères des romans de Walter Scott, on se reconnaît dans les bardes des "Poèmes d'Ossian" de James Macpherson. On est en quête de légitimité germanique pour conquérir le monde des lettres international.

    Il est courant à l'époque que poètes, musiciens, philosophes et écrivains se tournent vers l'Angleterre qui leur paraît un havre de traditions et de liberté, quand la politique allemande est tellement despotique et provinciale.

    Beethoven ne voyagea pas plus que Bach ne sortit de sa Thuringe natale. L'Écosse de ses mélodies est bien lointaine, et de l'Irlande il ne connaît que la nostalgie des mélopées. L'homme des grandes architectures n'a pas un besoin irrépressible pour la mélodie comme Mozart ou comme Schubert. Pourtant, entre 1809 et 1818, Beethoven a composé quelque cent quatre-vingts arrangements de chants écossais, irlandais et gallois pour une ou plusieurs voix, chantés avec accompagnement de piano, de violon, et de violoncelle.

    Ils constituent la commande d'un éditeur d'Edimbourg, Georges Thomson qui sollicita Beethoven et quelques autres parmi les plus célèbres de leur temps : Ignace Pleyel, Joseph, Haydn, Jan Nepomuk Hummel, Carl Maria von Weber et d'autres. À eux d'écrire, voire de transposer des " mélodies dans le style national ", destinées à un ouvrage en plusieurs volumes.

    Cet éditeur flairait la bonne affaire : exporter des cultures régionales en les valorisant par des signatures de stature internationale, donc allemandes ! Beethoven fut bien payé, mais son oeuvre mal jugée par la postérité : à cause d'elles, on estima qu'il n'était pas fait pour le lied ! C'est en partie vrai, mais quelle ambiance dans ces petites choses !

    Il y a ici la poésie, le plaisir, la simplicité, la spontanéité et parfois une certaine facilité. Les interprètes de cet enregistrement se laissent emporter par la vigoureuse honnêteté de ces pièces. Ils y mettent une vitalité et une jeunesse qui trahit peut-être leur goût pour le jeu des fléchettes et le Black Velvet (un mélange irlandais de porto et de Guiness). Un disque à emporter dans l'Eurostar avec le guide du routard et le dernier Houellebecq.

     

     

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