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SELECTION CD 26 avril 2024

Donizetti en terres hostiles



On sait l'activisme du festival de Radio-France et de Montpellier pour faire revivre des ouvrages lyriques oubliés. Ici associé avec les éditions Actes Sud, il publie un enregistrement réalisé en 1999 des Exilés de Sibérie de Donizetti ; un hommage dont sa gloire se serait volontiers dispensée.


Le 23/10/2001
Jacques DUFFOURG
 

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     Donizetti en terres hostiles

    Les Exilés de Sibérie de Gaetano Donizetti

    Gli Esiliati in Siberia
    Choeur de la Radio Lettone ~
    Orchestre National de Montpellier Languedoc-Roussillon,
    Direction : Enrique Diemecke

    Avec Brigitte Hahn, Luca Canonici, Christine Neithardt-Barbaux, Alessandra Palomba, Alfonso Antoniozzi, Nikola Mijailovic, Valery Ivanov, JĂ©rĂ´me Varnier, et Yann Beuron.

    Premier Enregistrement Mondial, effectuĂ© par Radio-France au Festival de Montpellier le 12 juillet 1999.
    1 CD Editions Actes Sud n° 3 298490 341087.


    Paraphrasons un peu Chabrier ; il y a, dans le monde de l'opĂ©ra belcantiste du XIXe siècle, trois sortes de musiques. La bonne, la mauvaise
    et celle de Gaetano Donizetti. En effet, les nombreux chef-d'oeuvre de celui-ci ne doivent pas masquer une facilité de plume - aux deux sens du terme - absolument décourageante. Le meilleur n'en a pas toujours résulté.

    À la décharge du musicien, reconnaissons que certains contrats, dont celui signé avec l'insatiable Domenico Barbaja, n'ont guère contribué à la prise de recul indispensable à une inspiration de haut niveau. Dans les rets dudit Barbaja se trouvent les présents Exilés de Sibérie, donnés en 1827 à Naples, sous le titre Otto mesi in due ore (Huit mois en deux heures, d'après Pixérécourt.)

    Deux ans plus tard, la légendaire soprano Carolina Ungher se faisait accommoder, à Rome, le rôle principal (encore une Elisabetta) par la substitution de la scène finale
    d'Alina, Regina di Golconda. Modeste aperçu d'une genèse complexe, en fait jamais terminée, autrement que dans la démence qui fut fatale à Donizetti.

    Comme à l'accoutumée, les Editions Actes Sud proposent une livraison d'une splendeur éditoriale bien accordée aux soins que le Festival de Montpellier porte à la défense des oeuvres rares - ou inédites (c'est le cas de celle-ci).

    La version enregistrée est un aménagement de très nombreuses variantes. Honnêtement cornaqué par Enrique Diemecke, l'excellent orchestre de Montpellier s'implique avec conviction dans une entreprise risquée. En effet, les rapiéçages multiples de l'opéra débouchent sur une pépinière de mélodies convenues (ou connues - l'Elixir d'Amour), aux caballette peu raffinées


    D'agréables trouvailles (une ouverture stimulante, un très beau duo soprano-basse, un trio de valeur et l'air du Grand Maréchal par exemple) peinent à gommer l'impression globale de décousu, et les lourdeurs de bien des ensembles. Sans parler des traits d'opéra-comique (car Paris en connut, sous ce label, sa version française) qui ridiculisent le pathos de l'intrigue.


     
    Un canevas rocambolesque


    Nonobstant un canevas rocambolesque voire absurde (vĂ©riste avant la lettre et lui aussi très remaniĂ©), le propos serait malgrĂ© tout dĂ©fendable avec une Ă©quipe vocale solide et soudĂ©e ; ici introuvable. Si l'hĂ©roĂŻne Elisabetta trouve en Brigitte Hahn bien mieux qu'un faire-valoir, sa partie est très Ă©prouvante, elle chagrine un peu par l'Ă©mission pĂ©nible de quelques notes aiguĂ«s forte, et un chant de grâce (spianato) d'une sidĂ©rante monotonie.

    Luca Canonici (Potoski, son papa) attirerait presque la sympathie tant il met met d'implication dans un autre rôle difficile, à défaut d'être passionnant. Malheureusement, il ne lui reste plus beaucoup de voix digne et ses aigus mettent durement l'oreille à l'épreuve .

    Ă€ l'exception de Nikola Mijailovic (Grand MarĂ©chal), personnage fugace mais musicalement bien servi, les trois autres chanteurs de " clefs de fa " rivalisent de nasalitĂ© molle et tâcheronne. Enfin, notre Christine Barbaux nationale en Fedora expĂ©die les affaires courantes avec un haut-mĂ©dium dĂ©sormais en prĂ©-retraite. Maigre bilan.

    Donc, plutĂ´t que de s'exiler dans des contrĂ©es hostiles et glaçantes, l'amateur de raretĂ©s donizettiennes se tournera avec profit vers les merveilles consignĂ©es par Montserrat CaballĂ© (Parisina d'Este, Caterina Cornaro, Maria Stuarda...) toutes disponibles dans la discographie, disons " parallèle ".

    Il comptera aussi avec la rĂ©Ă©dition toute fraĂ®che chez Westminster de la trilogie des reines avec Beverly Sills, au sein de laquelle on retient un Roberto Devereux Ă  se pâmer ; ou encore, certaines rĂ©ussites de la marque Opera Rara, dont une Rosmonda d'Inghilterra avec une RenĂ©e Fleming Ă  faire fondre toutes les glaces de SibĂ©rie.

     

     

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