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SELECTION CD |
24 avril 2024 |
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L'Oreille musicienne Les chemins de la musique, de l'oreille au cerveau
Par Claude-Henri Chouard
Editions Gallimard
347 pages – 114,31 F (22 euros)
Étonnante entreprise qui met en mouvement tout un territoire de recherches à la croisée de l'histoire des techniques musicales, de la médecine, de la biologie et des sciences cognitives.
Assisté de quelques grands témoins (le chef d'orchestre James Conlon, le compositeur Gÿorgy Ligeti, le professeur de chant Janine Reiss, le violoniste Julian Rachlin), Claude-Henri Chouard propose une descente vertigineuse dans le cerveau humain. Le tout dans un langage très clair et parfaitement accessible au commun des non-scientifiques.
Tout débute avec un petit cours d'anatomie sur les organes destinés à " l'entendre ", chacun remplissant le rôle d'un véritable chargé de mission très spécial.
Ici, leurs interactions et solidarités sont dévoilées par le menu : mise en codage des sons pour le nerf auditif, stockage et classement des messages sonores transitant par l'oreille externe pour l'hippocampe, le cervelet et le cortex frontal, gestion des multiples circonvolutions induisant à la sensibilité musicale pour l'encéphale.
Révélation : la musique ne jaillirait donc pas de source pour pénétrer tout droit jusqu'à la conscience ! D'innombrables messages se perdent en route ! Et là , le voyage devient fascinant : on découvre ses hypothèses sur la localisation dans le cerveau des centres traitant des différents constituants physiques de la musique, ou les facteurs génétiques de l'oreille absolue, entre l'inné et l'acquis.
Claude-Henri Chouard a relevé par exemple chez le nourrisson des aptitudes musicales qui, en dehors de tout apprentissage préalable, prouveraient l'existence chez le nouveau-né de réseaux neuronaux préprogrammés, dévolus à l'écoute de la musique, et constitués très tôt dans la vie intra-utérine. Au passage, On note que le développement de l'oreille musicienne varierait selon le sexe
En revanche, on ne saura rien des raisons de la souffrance auditive des musiciens célèbres de notre temps, qui selon l'auteur relève du secret professionnel, exception faite de cette maladie orpheline très handicapante provoquée par les acouphènes (sifflements permanents, bourdonnements) dont ils sont souvent victimes.
Et puis, il ne faut plus se moquer plus de ceux qui chantent faux : ce sont en réalité des " amusiques ", des individus perçoivent mal les intervalles ce qui les empêche par exemple d'ajuster leur voix pour chanter à l'unisson dans un choeur.
Dire que " le besoin de musique " est prouvé par cet ouvrage serait exagéré, mais il offre au moins un point intéressant pour les néophytes quant à l'état des recherches scientifiques sur la perception musicale.
Reste que Claude-Henri Chouard est taraudé d'autres angoissantes questions : quelle étaient la taille du cerveau de Pythagore et la constitution de son système auditif ? Dans l'état actuel des recherches, la réponse ne peut qu'être différée !
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Le besoin de musique | |
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