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SELECTION CD |
23 avril 2024 |
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Le boudoir enchanté d'Anne-Sofie von Otter |
Récital de Lied
par Anne-Sofie von Otter
Giacomo Meyerbeer : Mina, Komm, La Barque légère, La Fille de l'air, Sicilienne, Prière d'enfants, Vœu pendant l'orage, Der Schäfers Lied.
Ludwig van Beethoven : In questa tomba oscura, T'intendo si mio cor, Als die Geliebte, Seulzer eines Ungeliebten, Ariette (Der Kuß), Maigesang, Adelaïde.
Ludwig Spohr : Abend, Feier, Jagd Lied, Töne, Erlkönig, Der Spielmann une seine Geige, Abendstille.
Melvyn Tan, piano-forte
Christina Högman, soprano,
Kristina Hammaström, mezzo-soprano
Eric Hoeprich, clarinette
Niels-Erik Sparf, violon.
1 CD Archiv (DGG), 2001, n° 0 28946 90742 9.
De récitals en opéras, du baroque au XXe siècle, des chants de Noël à la pop-music, la mezzo suédoise aurait-elle l'humeur vagabonde ? Vagabondage, Beethoven ? Certes oui dans son dernier récital pour Archiv. Placé à dessein entre Meyerbeer et Spohr, dans un ensemble qui ne cache pas son appartenance au genre de la mélodie de salon, le grand Ludwig dévoile quelques raretés, dont deux en italien.
Petite forme que ces divertissements ? Ils n'en soulignent que davantage les chef-d'oeuvre et ne trahissent jamais l'inspiration de son auteur qui sait même briller dans les oeuvres de commande. Ici donc, rien que du pur Beethoven hors des sentiers battus, depuis la Tomba oscura jusqu'à Adelaïde, en passant par Als die Geliebte.
Ces camées délicats, que le fortepiano de Melvyn Tan parfume à la fleur d'oranger, sont poursuivis avec distinction par Ludwig Spohr, l'auteur du Nonet et de Jessonda. Quelques orfèvreries, dont certaines raffinées par l'ajout d'un violon obligé, parfois un peu envahissant (la prise de son ?).
Jamais ennuyeuses, ces ariettes, toutefois, ne se démarquent pas l'une de l'autre avec beaucoup de caractère (il faut songer aux sensationnels Haydn en anglais, presque contemporains, interprétés Von Otter et Tan), et constituent un adieu simple et pudique à l'auditeur.
En revanche, le disque débute d'entrée par un sommet inattendu : d'étonnantes mélodies de Meyerbeer que seul Hampson avait gravé il y a dix ans. Certes, les textes sont assez pauvres (souvent égrillard, d'ailleurs) et l'accompagnement guère fouillé, mais ils offrent toute licence au chanteur pour faire étalage de ses dons de musicien-narrateur.
Von Otter s'y engouffre avec délectation. Après elle, qui pourra maintenir à flots cette Barque légère où les sous-entendus scabreux font à tous moments risquer le chavirement ? Étonnante Sicilienne encore, où se dessine déjà - gravité en moins - la geste mélodique de Berlioz. Sans parler de la Prière d'enfants, pour trois voix féminines, un bijou d'esprit qui ne doit qu'à l'originalité d'un compositeur qu'il est parfois de bon ton de mépriser.
À quarante-cinq ans, la mezzo-soprano suédoise, dont la voix s'est considérablement éclaircie, est au faîte de son métier, ou plutôt de de son art. Sans doute l'égale d'une Cathy Berberian. Diction, sûreté, intelligence, humour, tendresse, connivence avec ses partenaires, autant de vertus encore glorifiées dans ce boudoir enchanté.
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Le boudoir enchanté d'Anne-Sofie von Otter | |
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