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SELECTION CD 20 avril 2024

Gage de bonne facture



Frank Braley est un romantique né. Ses premiers disques Schubert et Strauss se sont taillé un joli succès d'estime. Sur la pochette de son dernier album Beethoven, l'artiste a l'air pensif, le cheveu long et le physique de l'emploi. Pour une fois, l'apparence est à l'image du résultat : réflexif et échevelé.


Le 09/11/2001
Gérard MANNONI
 

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     Gage de bonne facture

    Sonates de Beethoven par Frank Braley
    " Clair de lune ", " Appassionata " et Op. 110
    Frank Braley, piano Steinway 1882
    1 CD Harmonia Mundi HMC 901750


    Depuis son Prix Reine Elisabeth de Belgique en 1992, Braley effectue une carrière calme, méthodiquement construite, plus présente dans les récitals et les concerts de musique de chambre que dans les médias. Psychologiquement, on le classerait volontiers comme un " réfléchi ", ou plutôt comme un " instinctif raisonné ", un artiste qui sait canaliser ses élans dans une expression accessible à l'auditeur.

    C'est du moins ce qu'inspire sa lecture de pages aussi galvaudées que ces trois sonates qui comptent parmi les plus célèbres de Beethoven. De la " Clair de lune ", il fait une sorte de récit intérieur, une introspection plus philosophique que bucolique. Le rayon de l'astre y devient une sorte de lueur apaisée qui tente de calmer les élans qui bouillonneront au dernier mouvement après les interrogations de l'Allegretto.

    Depuis l'intégrale collective à laquelle il a participé à la Roque d'Anthéron, le pianiste a mûri. Construite davantage sur l'impulsion et l'angoisse, son " Appassionata " se libère dans un ultime mouvement abordé dans un tempo infernal qui ne nuit pas à la clarté des structures ni surtout à la sincérité de l'expression.

    Même impression avec l'Opus 110 qui bénéficie peut-être plus que les autres de la chatoyante et riche sonorité du Steinway 1882 sur lequel le disque a été enregistré. Contrairement à certains pianos historiques ayant perdu leur sève, celui-ci est un diamant toujours pur, à la fois très typé et riche de reflets de couleurs plus profondes et diverses que les Steinway d'aujourd'hui, sans que la brillance et l'éclat en pâtissent.

    Gage de bonne facture pour ce bel album Beethoven, il y a des instruments qui portent et inspirent mieux que d'autres : peut-être faudrait-il considérer qu'il existe aussi des " Stradivarius " dans les pianos.

     

     

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