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SELECTION CD |
20 avril 2024 |
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Varèse par Boulez Edgar Varèse : Amériques, Arcana, Déserts (version sans les interpolations électroniques), Ionisation.
Chicago Symphony Orchestra
Direction : Pierre Boulez
1 CD Deutsche Grammophon 471 137-2
D'emblée, la texture de l'orchestre est frappante. Avec des cuivres surpuissants typiques de l'école américaine, le Chicago Symphony est à la fête dans ces oeuvres détonantes, et paraît sans concurrence dans ce répertoire. Les trombones, notamment, sont d'un éclat sauvage.
Boulez évite toutefois soigneusement tout vacarme gratuit et ménage quelques plages de détente bienvenues. Cette nouvelle anthologie varésienne peut donc s'écouter d'un bout à l'autre sans la moindre fatigue auditive.
Le plus frappant chez Boulez est la parfaite maîtrise de la désintégration progressive du matériau sonore (selon son expression favorite), du decrescendo de nuance couplé à celui de l'orchestration, tenu d'une main de maître et aboutissant à un climat raréfié quasi webernien dans les mesures précédant les silences.
Ces passages - dans Arcana surtout - paraissent nettement mieux réalisés que dans les années soixante-dix, notamment les silences, tétanisants. Les anciennes gravures du chef français étaient sans doute plus " brut de décoffrage " mais aussi considérablement moins subtiles.
Avec le Chicago Symphony et Boulez, la mise en place rythmique et la justesse d'intonation sont sans équivalent au disque. Jamais la musique de Varèse n'aura paru aussi lisible, facile d'accès et cruellement belle.
Cette nouvelle lecture pourra néanmoins paraître un rien sous nuancée, mais l'énergie gardée " sous la semelle " fait alors l'effet d'une bombe lorsque le chef empoigne un accord fortissimo. Seule Ionisation semble se perdre un peu dans cette nouvelle optique.
Même si l'on peut trouver ces réenregistrements quelque peu édulcorés, trop lents, avec des sirènes très en retrait, on ne peut être qu'enthousiasmé par la science du coloris, des alliages orchestraux, l'équilibre des masses (Amériques), la clarté des passages en demi teinte et l'excellence de chaque solo.
En simplifiant, l'ionisation correspond en physique à un déplacement de charge électrique. Définition qui décrit idéalement l'effet quasiment physique produit par ce disque à charge complètement positive.
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