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SELECTION CD 24 avril 2024

Le filleul de Rameau



Ne pas trahir Rameau avec un piano ? C'est possible, Marcelle Meyer l'a prouvé il y a déjà plus d'un demi-siècle. Mais depuis, les aventures discographiques dans cette chasse gardée des clavecinistes sont devenues rares. Alexandre Tharaud vient de reprendre le flambeau et réussit à son tour un éclairage original.


Le 20/11/2001
Yutha TEP
 

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     Le filleul de Rameau

    Tharaud joue Rameau
    Jean-Philippe Rameau
    Nouvelles Suites de pièces de clavecin, 1728 : Suite en la, Suite en sol
    Alexandre Tharaud, piano Steinway
    1 CD Harmonia Mundi HMC901754


    La réussite de Marcelle Meyer dans Rameau est légendaire. Encore aujourd'hui, son inspiration et son instinct musical ont de quoi désarmer toute velléité inquisitoriale en face d'une introuvable orthodoxie baroque. Alexandre Tharaud fait bien de la prendre pour marraine.

    Bien sûr, comme lui-même le clame à qui veut l'entendre, il ne joue pas Rameau comme le faisait son illustre devancière. Pianiste " post-baroque " (l'expression est signée Xavier Lacavalerie pour Télérama), Tharaud n'a pas voulu ignorer l'apport baroque et il est difficile de questionner son respect face au texte.

    Effectivement, le premier mérite de son enregistrement réside dans la conscience que le pianiste a de son instrument face au clavecin. Il ne singe donc pas mais son travail sur les ornements est impressionnant, et si certains peuvent sonner de façon parfois étranges, la faute en incombe probablement au réglage du piano et à la prise de son.

    De même, le balancement de la danse pourrait être parfois plus évident, notamment dans les célébrissimes Sauvages, mais jamais l'artiste ne s'enlise dans une quelconque inertie rythmique : l'oscillation obsessionnelle de la Poule, par exemple, est parfaitement maîtrisée, grâce à une souplesse rythmique savamment dosée, le pianiste trouvant au passage des couleurs sombres fort à propos.

    De par l'opulence sonore même du piano, un jeu excessivement pétillant aurait pu évoquer dangereusement un éléphant dans un magasin de porcelaine. Mais dès les premières mesures, on s'incline devant la mise en place des plans sonores, d'une lisibilité permanente, qui rend d'autant plus frappantes les audaces harmoniques du compositeur dijonnais ; les célèbres modulations de l'Enharmonique en particulier.

    Le soin apporté aux amples lignes mélodiques est également au-delà de tout reproche, rendu possible par un toucher d'une grande délicatesse qui semble caresser les phrases ; l'Allemande déjà citée, ou la Trois Mains et ses longues montées mélodiques sont exemplaires à cet égard.

    Cette dernière est aussi l'occasion d'une virtuosité digitale appréciable, sans faille tout au long de l'enregistrement. Ainsi armé, Alexandre Tharaud parvient à une variété de climats admirables, qu'illustrent par exemple la Gavotte et ses Six Doubles.

    Au final, si le projet de Tharaud s'est souscrit grâce à la caution bienveillante (et posthume) de Marcelle Meyer, son filleul discographique vient de la lui rembourser avec de confortables intérêts.

    Lire aussi la critique d'un concert avec le même programme.

     

     

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