altamusica
 
       aide















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




SELECTION CD 29 mars 2024

Une baguette à vif



Hitler a contrarié sa carrière, la concurrence d'un blanc-bec aux dents longues – un certain Karajan — lui a donné envie de travailler sans relâche pour démontrer que l'art de la direction d'orchestre n'est pas une affaire de marketing, tel était le grand " Furt " tel que le présente une biographie à vif de Gérard Géfen.


Le 27/11/2001
Françoise MALETTRA
 

  • Une baguette à vif
      [ Toutes les parutions ]


  • Les 3 derniers dossiers
  • Les "indispensables" Bach de nos critiques

  • Telefunken Legacy : le nec plus ultra des collections historiques

  • Les dernières parutions pour l'année Bach

    [ Tous les dossiers CD ]


     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)


  •  

     Une baguette à vif

    Wilhelm Furtwängler, La puissance et la gloire
    (Suivi de  Je n'ai pas cédé , texte inédit de Wihelm Furtwängler)
    Par Gérard Gefen
    Préface d'Elisabeth Furtwängler

    Editions L'Archipel, 300 pages, 150,54 F (22,95 Euros)


     " Je n'ai pas cédé. Pourquoi, moi, un allemand de vieille souche, aurais-je dû quitter ma patrie aimée, peut-être sans espoir de retour ? Parce que je n'étais pas d'accord avec son gouvernement ? Parce que je connaissais trop bien dans quelle atmosphère de pression morale les meilleurs allemands devaient vivre ? Me fallait-il la quitter, alors que je ne lui serais peut-être jamais plus utile qu'à ce moment-là ? Je ne pus l'admettre " .

    Qui parle ? Un des plus grands chefs d'orchestre de notre temps, une légende, et un destin contrarié par la montée du national-socialisme et l'arrivée d'Hitler au pouvoir : Wilhelm Furtwängler (1886-1954). Un homme pris, entre les deux guerres, dans les filets des chasseurs de sorcières qui l'accusèrent à la fin des hostilités de complicité passive avec les sinistres dirigeants du troisième Reich.

    Un musicien, qui en 1945 se réfugie en Suisse pour tenter de restaurer son honneur, et rédige un vibrant plaidoyer où il dénonce point par point le système qui a failli le détruire, et l'usage dévoyé du génie allemand par les nazis.

     " Vrai : je suis avant tout musicien, et j'ai cru que la musique, par son caractère et sa nature mêmes, risquait moins que tout autre art d'être profanée par la politique. Vrai : j'ai aidé beaucoup d'Allemands, artistes ou non, à s'expatrier. Vrai : J'ai sous-estimé la puissance de la propagande. Vrai : en 1934, j'ai démissionné de toutes mes fonctions officielles et de l'Orchestre Philharmonique de Berlin (mais il le dirigera pendant vingt ans, en " chef invité " !). Faux : je n'ai jamais accepté de diriger dans un pays occupé par l'Allemagne [
    ] ".


    Un document central, une pièce inédite à verser au " dossier Furtwängler ", qui vient s'ajouter à une autre, toujours au nom de la légitime défense :  Pourquoi j'ai quitté l'Allemagne , publiée il y a quelques années. Et il est passionnant de mettre ce texte en perspective avec les deux importantes parties du livre consacrées à la vie et à l'héritage du grand chef.

    Dans la première, Gérard Gefen esquisse une analyse de la personnalité, qui selon lui reste une énigme :  réservé, grave, austère, un regard pénétrant et lointain que rien ne pouvait distraire, un long corps embarrassé de lui-même, un peu maladroit, une sorte d'albatros musical que la hauteur de sa pensée empêche de parler.

    Dans la seconde, il dresse la liste de ses certitudes et de ses contradictions : son interprétation post-romantique de la musique baroque, son mépris de la science musicologique en matière d'instrumentation et d'établissement des partitions, et en même temps la versatilité de ses interprétations, ses idées sur le tempo et le rubato, sa méfiance quant à l'atonalisme, alors qu'il n'hésite pas à diriger Schoenberg, et même à le créer. En fait, un anachronisme grandiose qui le fait étranger aux modes ou aux avancées des nouvelles écritures.

    Ce que l'on retrouvera chez Furtwängler compositeur, hostile à toute idée de progrès en art, refusant  " la prétendue délivrance de la musique par le sérialisme " , se disant héritier de la pure tradition allemande, celle des Brahms et des Bruckner, à la recherche d'une vision  " simple, grande et monumentale ".

    Chaque chapitre du livre est précédé de repères chronologiques qui facilitent la lecture. On y trouve une discographie très complète et largement commentée (avec les " vrais " et les " faux " enregistrements
    ), une sélection d'archives sonores où Furtwängler " parle ", et en cadeau, un single où il dirige des extraits d'oeuvres de Beethoven, Schubert, Weber, Brahms, et Johann Strauss fils, à la tête du Philharmonique de Vienne. Une somme désormais incontournable sur le grand " Furt ".

     

     

  • Une baguette à vif
     


  •   A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com