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SELECTION CD 25 avril 2024

Un Beethoven en jupons



Question piège pour un jeu radio ou télé : " Citez trois femmes compositeurs du XIXe siècle. " Les deux premières, facile, Fanny Mendelssohn et Clara Schumann, respectivement soeur et femme de compositeurs homonymes bien connus. Après, ça se corse



Le 20/12/2001
Eric SEBBAG
 

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     Un Beethoven en jupons

    Les 3 symphonies de Louise Farrenc
    Orchestre de Bretagne
    Direction : Stefan Sanderling
    Enregistrement de concert à l'Opéra de Rennes
    2 CD Pierre Verany-Arion PV700030


    Les plus malins se raccrocheront aux rares compositrices-vedettes effectivement nées au XIXe comme Alma Mahler ou Nadia Boulanger, même si leur activité créatrice appartient plutôt au siècle suivant.

    Les discophiles érudits pencheront plutôt pour la pianiste Cécile Chaminade (très enregistrée ces dernières années), les lyricomanes pour Pauline Viardot (plus connue évidemment comme chanteuse), les plus érudits peut-être vers Marie Jaëll (la moins inconnue du bataillon des quasi-anonymes) ou Louise Bertin (que Berlioz cite volontiers en exemple)

    Mais si on pousse le vice jusqu'à demander une femme ayant composé des symphonies - le genre roi - durant cette période. Cette fois, la colle est plus que probable. Heureusement l'éditeur Pierre Verany-Arion vient à point au secours des discophages, avec un enregistrement des trois symphonies (1841-47) de Louise Farrenc (1804-1875).

    Qui est cette symphoniste d'exception ? D'abord une pianiste qui reçu l'enseignement des virtuoses Hummel et Moschèles, mais aussi d'Anton Reicha pour le contrepoint et la composition. Elle-même professeur de piano au Conservatoire de Paris jusqu'en 1872, se produisant régulièrement à la cour de Louis-Philippe, ses compositions connurent de son vivant plus qu'un succès d'estime, mais sa notoriété ne dépassa pas Bruxelles et la capitale française.

    A-t-elle entendu les premières exécutions des symphonies de Beethoven en 1830 à la Société des Concerts, ou seulement en 1838 lorsqu'elles furent jouées en cycle au Conservatoire ? Toujours est-il que l'imprégnation du style, mâtinée de finesses mendelssohniennes, est saisissante à l'écoute.

    Il y a cette force tragique, cette même verve épique, les mêmes caprices de modulations et une semblable propension au multi-thématisme. Certes, la manière est plus policée et donne moins l'impression de vouloir qu'il s'agit de briser le moule à chaque mesure; ce qui la rapproche plus de Haydn ou de Mendelssohn. Néanmoins la société des Concerts du Conservatoire ne s'y est pas trompée en programmant sa troisième symphonie dans le même concert qu'une de Beethoven, le 22 avril 1849.

    Jusqu'ici, il n'existait que l'enregistrement de la première et troisième par l'Orchestre Philharmonique de Hanovre sous la direction Johannes Goritzki (chez CPO). Fruit d'une captation en concert de l'orchestre de Bretagne dirigé par Stefan Sanderling, le présent album y ajoute la seconde symphonie.

    Passées la surprise et la découverte de l'incroyable qualité de la partition – particulièrement pour son sens raffiné de l'instrumentation-, on remarque facilement les limites de la formation bretonne : un son un peu brouillon et sans caractère, des attaques imprécises, une conduite d'ensemble un peu molle et des pupitres de vents le plus souvent écrasés sous la masse des cordes.

    Évidemment, même si les beaux yeux de Louise Farrenc le valent bien, on ne pouvait pas demander à cette phalange de concurrencer les Wiener Philharmoniker ou le Concertgebouw. En revanche la prestation des Bretons vaut largement celle des hanovrais, et laisse entrevoir une musique qui mérite amplement de rentrer au répertoire des grands orchestres, où les oeuvres des compositeurs en jupons sont si rares.




     

     

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