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SELECTION CD |
26 avril 2024 |
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Journal d'un disparu de Janacek et pièces pour piano
Ian Bostridge, ténor
Thomas Adès, piano
1 CD EMI 5 57219 2
Le journal d'un disparu est un peu l'équivalent tchèque de La Belle Meunière de Schubert. Cet ensemble de vingt-deux poèmes publiés à l'origine sous un pseudonyme et qui racontent les amours d'un jeune paysan pour une tzigane, séduisit Janacek qui travailla plus deux ans à la composition de ce qui reste son cycle le plus significatif.
Il avait en effet trouvé dans cette poésie belle et simple, un écho à une aventure amoureuse personnelle, tout comme les grands cycles de Schubert reflètent les amours généralement malheureuses du compositeur. Le succès des grands opéras de Janacek occulta celui du Journal et détourna même leur auteur de ce type de composition.
Ian Bostridge, dont on connaît la sensibilité, est un interprète idéal pour ces pages toute de subtilité et de finesse. S'il chante un jeune homme qui abandonne tout pour les beaux yeux d'une séduisante Tzigane (la mezzo Ruby Philogene, parfaite), c'est par son contrôle, sa retenue et son aptitude à créer une intimité narrative qu'il captive.
Il a beau prêter son chant à un disparu, c'est réellement une présence qu'il impose à voix feutrée. Il a pour partenaire le pianiste Thomas Adès qui joue par ailleurs le cycle des Chants traditionnels moldaves et quelques autres pièces. L'oeuvre pour piano de Janacek possède une profonde personnalité qui la différencie immédiatement des autres oeuvres marquantes du début du XXe siècle, qu'il s'agisse de Bartok ou à plus forte raison des Français comme Ravel ou Debussy.
Malgré les traces d'une pensée encore profondément romantique, l'écriture est bien celle d'une époque nouvelle, sans audaces inutiles, mais avec une énergie et des couleurs qui prennent racine dans la sève folklorique moldave. Certaines pièces, plus tardives, sont comme un écho de passages d'opéras, montrant bien à quel point ce genre était devenu la préoccupation majeure de Janacek.
Mais le piano de Thomas Adès ne chante pas moins que l'instrument de Bostridge. À eux deux, ils livrent une dernière édition du Journal qu'il ne faut surtout pas manquer.
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