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SELECTION CD 25 avril 2024

Pérou rossinien



29 ans seulement mais déjà une longue expérience du circuit lyrique, Juan Diego Flórez est le ténor qui monte. Il signe aujourd'hui un premier disque solo Rossini, accompagné de Riccardo Chailly avec lequel il a déjà collaboré pour deux enregistrements (1). On n'avait pas entendu ténor plus rossinien depuis un demi-siècle.


Le 06/02/2002
Jacques DUFFOURG
 

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     Pérou rossinien

    Récital Rossini par Juan Diego Florez
    Airs d'opéras extraits de Sémiramis, Othello, Le Barbier de Séville, La Pie voleuse, L'Italienne à Alger, Zelmire, La Dame du lac et Cendrillon.

    Juan Diego Flórez, ténor ;
    Orchestre Symphonique et Choeur " Giuseppe Verdi " de Milan ;
    direction : Riccardo Chailly.

    1 CD Decca-Universal 2002, n° 0 28947 00242 0. Durée : 59'43''


    Y aurait-il pénurie de grands ténors rossiniens ? Dans ce répertoire, les parties vocales sont toujours redoutables. Une Callas puis d'autres, ont remis le soprano " dramatique colorature " sur les rails. Une Horne a porté au pinacle le mezzo héroïque travesti, un Ramey a accompli des prodiges avec sa basse chantante et souple. Mais les ténors ? Même en tenant compte de la diversité qui se cache derrière cette tessiture, les cinquante dernières années ont été avares de personnalités incontestables en ce domaine.

    D'accord, il faut compter avec un Rockwell Blake à la technique éclatante, fort d'un haut-médium et d'un aigu aussi insolents qu'infaillibles, aussi à son aise dans les styles bouffe que sérieux, mais malheureusement flanqué d'un timbre ingrat. Pour les rôles plus graves et cette fameuse tessiture intermédiaire de " baryténor ", il faut aussi se rappeler un Nozzari, et distinguer aujourd'hui un Charles Workman.

    Pour les autres, même méritants, maigre bilan : Alva, Palacio, Gonzalez, Merritt, Gimenez, Matteuzzi, Ford
     des hommes valeureux, voire performants, mais jamais totalement idoines.

    Mais voici venir péruvien Florez, peut-être enfin un descendant plausible de Davidde, ce ténor napolitain chantant haut perché que Rossini gâta particulièrement. Pour bien comprendre où l'on se situe, il faut écouter d'abord l'air d'Ilos Terra amica (extrait de Zelmire - plage 6). L'écriture est d'entrée terrible avec une quinte aiguë (du fa au contre-ut dièse) sollicitée avec une élasticité diabolique ; pourtant Florez paraît presque en récréation.

    À sa virtuosité sans efforts ni effets, il faut ajouter sa douce virilité, sa suave vaillance façon ange protecteur (c'est un air guerrier et amoureux) où le sentiment (et non la sentimentalité) fait bon ménage avec des choeurs très martiaux. Confrontation douloureuse pour le William Matteuzzi de l'unique intégrale (Scimone, Erato) !

    Poursuivre le petit jeu des comparaisons serait cruel et fastidieux. Ne confrontons donc Juan Diego Flórez qu'à lui-même. Dans Don Ramiro de Cendrillon par exemple, il séduit déjà sur une médiocre bande vidéo en provenance de Pesaro (auprès de Sonia Ghanassi). C'est évidemment plus complexe de se surpasser seul qu'avec des faire-valoir. Il n'en souffre nullement, et compose, comme en se jouant, un Prince Charmeur roucoulant à souhait, tendre et follet, papillonnant, dont nulle midinette ancillaire n'a jamais osé rêver.

    Encore un atout maître : le moelleux (en italien, morbidezza). C'est d'autant plus fondamental, qu'à la fois technique et expressive, la voix doit être claire, détachée, autant qu'élégiaque et languide ; en quoi Rossini (tout comme Bellini), se rapproche de Mozart, n'en déplaise à quelques musicologues grincheux. Deux preuves : Sémiramis, morceau trompeur où la facilité n'est qu'apparence, et la Dame du lac, modèle de galbe et de plastique, une sorte de Naissance de Vénus botticellienne en musique.

    Citer les autres extraits relèverait de l'excès de zèle : ils sont tous à l'image de ce qui précède. Attention, toutefois : le ténor andin n'est pas seul. Avec lui – et non à côté – on trouve un Riccardo Chailly capiteux autant que virevoltant. Très peu de chefs du XX° siècle ont saisi, et encore moins rendu, l'importance de Rossini ; quant à résoudre la quadrature du cercle de ses crescendi : Toscanini, Serafin, Fricsay, Abbado
    Chailly les rejoint désormais en qualité d'expert en augmentation progressive du plaisir.

    Et son iridescente direction étourdit d'autant plus que, pour une fois, la prise de son Decca est à la hauteur. Reste quand même un défaut majeur : à l'échelle d'une renaissance rossinienne tant attendue, ce disque est d'une insupportable brièveté d'environ soixante petites minutes


    (1) Tous deux sortis en 2001. Verdi : Messe solennelle, Pièces sacrées de jeunesse, Libera me per Rossini, Rossini : Le Nozze di Teti e Peleo, Il Pianto d'Armonia sulla morte d'Orfeo.

     

     

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