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SELECTION CD 23 avril 2024

Furtwängler sort du frigo



L'appellation " enregistrements légendaires " est suffisamment galvaudée pour que l'on se méfie de son utilisation abusive. Mais pour ce qui concerne les dernières sorties de DGG consacrées à Wilhelm Fürtwangler, pas de souci : il s'agit bien ici de légende, et pas seulement du fait des conditions historiques particulières à l'Allemagne des années 1942-1944.


Le 14/03/2002
Françoise MALETTRA
 

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     Furtwängler sort du frigo

    Enregistrements des années 1942-1944 de Willhelm Fürtwängler
    WILHELM FURTWÄNGLER (l886-l854)
    (Enregistrements l942/l944, volumes l et 2)
    Volume l
    Mozart : Symphonie n°39 en mi bémol majeur – Beethoven : Ouverture Coriolan, Op.62, Symphonies n°4 en si bémol majeur,Op.60, n°5 en ut mineur, Op.67, n°7 en la majeur, Op.92 - Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op.6l – Haendel : Concerto grosso en ré mineur, Op.6, n°l0, Schubert : Symphonie n°9 en ut majeur, D 944 " La Grande ", Weber : Ouverture du Freischütz.
    Volume 2
    Schumann :Concerto pour piano et orchestre en la mineur, Op.54, Concerto pour violoncelle et orchestre en la mineur, Op.l29, – Brahms : Concerto pour piano et orchestre n°2 en si bémol majeur, Op.83 – Bruckner : Symphonie n°5 en si bémol majeur – Richard Strauss : Sinfonia domestica, Op.53, Don Juan, Op.20, Till Eulenspiegel, Op.28, – Sibelius : En Saga, Op.9 – Ravel : Daphnis et Chloé (deuxième suite) .
    Orchestre Philharmonique de Berlin
    Solistes : Walter Gieseking (piano), Erich Röhm (violon), Tibor de Machula (violoncelle)

    (2 coffrets vendus séparément : 4 CD et 5 CD – DGG 47l 289-2, 47l 294-2 – Distribution Universal)


    En l987, les premiers enregistrements de concert de l'histoire de la Radio allemande, réalisés entre l942 et l944, et " prélevés " par l'occupant soviétique à la fin de la Deuxième Guerre mondiale pour être " entreposés " à Moscou, franchissaient enfin le rideau de fer, et étaient restitués à la Sender Freies Berlin (la Radio libre de Berlin). Seuls, quelques-uns d'entre eux avaient été distribués par l'Union soviétique, mais si confidentiellement que l'on considérait le collection définitivement perdue. Deux ans après leur retour en Allemagne, ils firent l'objet, par la Deutsche Grammophon, d'une première édition qui réunissait les interprétations figurant dans les deux présents coffrets. Au catalogue : Beethoven, Brahms, Schumann, Mozart, Strauss, Sibelius, Haendel et Weber, servis par un certain nombre d'artistes prestigieux, parmi lesquels Walter Gieseking, Edwin Fischer, Erich Röhn, Tibor de Machula, et
    Wilhelm Furtwängler à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Berlin. Ce qui rend l'héritage si précieux, c'est la mise à nu de l'art d'un chef à la cinquantaine impérieuse, dirigeant en public, dans des conditions à hauts risques, sous la terreur des bombardements, avec une prise de son précaire qui laisse passer les bruits de fond, parfois la distorsion de la bande, et en même temps ajoute au sentiment que l'on a d'une réalité musicale unique. Des moments que ces enregistrements nous redonnent à vivre de manière bouleversante.

    Car là est Furtwängler, là est l'analyste rigoureux de l'idée et de la forme, qui au concert libère la vie interne des oeuvres, les ouvre à tous les possibles, comme s'il cherchait passionnément à revenir à la source ultra-émotionnelle de la musique, en insufflant à l'orchestre ses intuitions, ses visions, en lui intimant un excès d'énergie ou d'extrême douceur. Et s'il bouscule souvent les règles du jeu en refusant d'enfermer le son dans des codes trop bien établis, c'est – comme le dit si justement Adorno – qu'il était " entièrement gouverné par la représentation de la chose musicale ". Seule compte l'instantanéité, l'expression immédiate et vivante de la musique en train de se faire, non reproductible, toujours à ré-explorer. Parmi les sommets : le Deuxième concerto pour piano de Brahms avec Edwin Fischer, d'une poésie rayonnante et d'un hyper-romantisme miraculeusement partagés, la Grande Symphonie en ut de Schubert, avec ses brusques accélérations, ses contrastes dynamiques saisissants qui ne relèvent pas du hasard, mais d'une volonté de ne rien masquer de l'idée musicale, et d'oser ces pulsations intimes que Furtwängler lui-même qualifiaient de " biologiques ", la Cinquième Symphonie de Bruckner, qui entraîne l'orchestre dans une véritable odyssée héroïque, chargée d'éclairs fulgurants interrompus par de longues plages sombres et méditatives, En Saga de Sibelius, où le chef délivre, à travers un jeu de lumières aveuglantes, les images légendaires des affrontements primitifs de tout un petit peuple évoluant dans des paysages désolés, ou encore la Sinfonia domestica de Richard Strauss, enregistrée sous la menace des bombes en l944, ce qui explique sans doute la formidable force vitale qui embrase l'orchestre dans une démesure que les instruments, portés à la limite de leur intensité sonore, exacerbent encore dans une extension du texte qui dépasse largement le caractère de la partition. Plus étrange, la Deuxième suite de Daphnis et Chloé, où les couleurs émergent comme à regret de l'ombre, pour laisser la beauté du thème central exprimer toute sa sensualité avec une ampleur inhabituelle. Enfin, avec les Cinquième et Septième symphonies de Beethoven, avec la Symphonie n°39 (KV543) de Mozart, on entre dans le domaine de la puissance et de la grâce. Furtwängler s'appuie sur la clarté de la trame musicale et une stabilité rythmique vigoureusement imposée, pour déployer des phrasés d'une souplesse et d'une élégance superbes qui, d'un bout à l'autre, semblent redonner aux oeuvres leur respiration naturelle. Impérissable !


     
    Françoise MALETTRA


     

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