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SELECTION CD 25 avril 2024

Pas cocotte pour un sou



On l'a longtemps attendu, ce récital Mozart de Sandrine Piau, mais le bonheur est total. La soprano française y livre bien évidemment une démonstration pyrotechnique étourdissante, mais elle montre surtout quelle belle Constance et quelle touchante Pamina elle peut offrir.


Le 19/03/2002
Yutha TEP
 

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     Pas cocotte pour un sou

    Récital Mozart par Sandrine Piau et le Freiburger Barockorchester
    Mozart : airs d'opéras

    Sandrine Piau soprano
    Freiburger Barockorchester
    Gottfried von der Goltz direction
    Airs extraits de Lucio Silla, Il Re Pastore, Mitridate, La Clemenza di Tito, Die Zauberflöte, Die Entführung aus dem Serail, Zaide.

    1 CD Naïve E8877


    Il serait malvenu de taxer Sandrine Piau d'imprudence, tant la soprano française semble gérer sa carrière avec un jugement peu commun. Eblouissante dans le répertoire baroque, en particulier dans Haendel qu'elle aborde avec une aisance exceptionnelle, Sandrine Piau conquiert peu à peu un répertoire plus tardif. Pour preuve sa participation remarquée dans le Mitridate de Mozart, avec Christophe Rousset et ses Talens Lyriques, ou même son incarnation de Ännchen du Freischütz sous la direction de Myung-Whun Chung au Théâtre des Champs-Elysées, et dans la production de Francesco Negrin.
    Voici précisément et à point nommé un disque récital qui vient rappeler tout ce que la chanteuse peut apporter au service de Mozart, sans chercher vainement à jouer sur le terrain des Natalie Dessay ou autre Edita Gruberova. On saluera d'abord, dans ce disque enthousiasmant, le choix judicieux des airs. Le jeune Mozart de l'opera seria est bien sûr largement présent, avec notamment Giunia de Lucio Silla et Aspasia de Mitridate. Dans ces airs de pure virtuosité un peu extérieure, il convient de se mettre à genoux devant la démonstration de mademoiselle Piau. Vocalises virevoltantes totalement intégrées à une ligne vocale d'un bon goût constant (la seule impression d'effort, presque imperceptible, concerne le terrifiant Ah se crudel periglio de Giunia), notes piquées et piquantes, suraigu infaillible et radieux, avec des pianissimi d'une précision d'intonation incroyable, tout est là pour montrer quelle virtuose nous tenons ici, avec en plus un charme vocal qui n'empêche nullement un tempérament explosif au besoin. Et charme vocal et justesse psychologique grandissent encore s'agissant par exemple de l'élégiaque Servilia de La Clemenza di Tito, ou de l'ineffable Ruhe sanft de Zaide (peut-être attaqué un brin trop lentement pour que s'exprime totalement la magnifique fluidité des lignes vocales). Et c'est là que l'on découvre (ou redécouvre, pour être juste) que Sandrine Piau n'est pas qu'une ravissante machine à cocottes, qu'elle est un soprano d'essence lyrique, auquel le ciel a aussi accordé la plus parfaite maîtrise technique : on trouvera difficilement Pamina plus touchante, comme l'atteste l'air Ach, ich fühl's. Et Constance, que la chanteuse a abordé très récemment à Bordeaux ? Evitant prudemment l'inchantable Martern aller Arten, Sandrine Piau distille idéalement toute la rêverie pudique de Ach, ich liebte et surtout la noble mélancolie de Traurigkeit : Constance est assurément une jeune fille aux nobles principes. Tout Sandrine Piau, pourrait-on dire. Quant à l'orchestre, il confirme lui aussi, après son beau Sogno di Scipione, tout le bien qu'on pense de lui dans ce répertoire : cohésion diabolique des cordes prodigues également en couleurs, dignité enfin acquise des vents tout aussi riches de sonorités, « les Freiburger » occupent assurément le haut du panier, en matière de formations « tout terrain », capables aussi bien d'animer comme personne Mozart et Haydn, que de magnifier Vivaldi ou Pergolèse. Un disque décidément précieux.

     
    Yutha TEP


     

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