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SELECTION CD 25 avril 2024

Trop joli pour être beau



Pour son nouveau récital chez DGG Magdalena Kozena a choisi un programme ambitieux et cohérent : la cantatrice tchèque rend ici hommage à son pays natal. Accompagnée par la Philharmonie de Prague elle chante des airs de compositeurs du XVIIIe siècle, qui tous ont séjourné dans cette ville .


Le 26/03/2002
Christian PETER
 

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     Trop joli pour être beau

    Le Belle Imagini par Magdalena Kozena
    Mozart : airs de La Clemenza di tito, Le Nozze di Figaro, Lucio Silla, Idomeneo, La Finta giardiniera.
    Gluck : airs de Paride e elena, La Clemenza di Tito.
    Josef Myslivecek : airs de Abramo ed Isacco, Antigona, L'Olimpiade.
    Magdalena Kozena, Mezzo-soprano.
    Prague Philharmonia, direction Josef Swierczewski.
    1 CD DGG No 0 28947 13342 1


    C'est Mozart, bien sûr, qui se taille la part belle avec six airs : de Lucio Silla (1772 ) à La Clémence de Titus (1791), un panorama où les pages célèbres côtoient judicieusement d'autres, moins fréquentes au disque. En complément, des oeuvres de Gluck et de Myslivecek (né à Prague en 1737). Le livret, fort luxueux, comporte de nombreuses photos de l'interprète, au demeurant ravissante, sur fond de monuments Pragois .

    Mais à quoi bon graver Voi che sapete si l'on n'a rien de nouveau à proposer dans cet air dont il existe d'innombrables versions ? On y cherche en vain le frémissement, le trouble de l'adolescent qui s'éveille à l'amour, et cette sensualité, essentielle chez Mozart. Même remarque pour les airs de Sextus : pour s'en tenir aux seules contemporaines, Cecilia Bartoli et Anne-Sofie von Otter en ont laissé des témoignages autrement plus convaincants, chacune avec sa personnalité.

    Et c'est justement ce qui manque à la voix de Kozena : la personnalité. Tous les airs sont chanté peu ou prou de la même manière. Certes, le timbre est agréable, la technique est sûre et l'instrument a gagné en homogénéité, mais la palette des couleurs est limitée, et la caractérisation spécifique des personnages et des situations fait défaut, si bien que très vite l'ennui gagne. Seul l'air de Ramiro (La finta giardiniera) suscite l'intérêt, peut-être à cause de sa rareté. Tandis que Il tenero momento ( Lucio Silla) révèle quelques difficultés dans le grave.

    Gluck est un peu mieux servi avec les deux airs de Pâris (Paride e Elena), rôle que la chanteuse a tenu en 1998 à Drottningholm, et qu'elle interprète avec délicatesse...En revanche, s'il était astucieux de rapprocher sa Clémence de Titus de celle de Mozart, le résultat laisse perplexe : comment ne pas penser à Bartoli qui dans son tout dernier récital se montre déchirante dans l'air de Sextus où Kozena apparaît du coup bien prosaïque !

    Ce sont finalement les quatre plages consacrées à Myslivecek qui captent réellement l'attention : compositeur très en vogue dans les années 1770, il fut surnommé par les Italiens Il divino Boemo . Son écriture n'est pas sans rappeler celle du jeune Mozart à qui l'on a longtemps attribué l'oratorio Abramo ed Isacco, dont figure ici un extrait particulièrement poignant. Kozena en donne une lecture impliquée, sans toutefois le mordant nécessaire. Ces pages semblent convenir idéalement à ses moyens - Il est vrai qu'elle n'a ici aucune concurrence à redouter. On regrette qu'il n'y en ait pas davantage, car il s'agit véritablement d'une découverte passionnante qui justifierait à elle seule l'acquisition du CD.

    Au pupitre, le chef Michel Swierczewski est plus qu'un accompagnateur de récital, sa direction élégante et (trop ?) sobre, n'est pas sans rappeler Sir Charles Makerras, dont il fut d'ailleurs l'élève. Au final, un joli disque dans lequel une jolie chanteuse chante joliment de jolis airs
    Bref un récital trop joli pour être beau.

     

     

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