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SELECTION CD 19 avril 2024

Un Japonais à Paris



Poulenc, Grieg ou Franck, autant de noms qui mettent à l'épreuve les plus talentueux des violonistes car leur musique est un piège pour tout virtuose trop confiant en sa dextérité digitale. Daishin Kashimoto n'y échappe pas tout-à-fait, mais voilà un enregistrement bien prometteur.


Le 28/03/2002
Gérard MANNONI
 

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     Un Japonais à Paris

    Daishin Kashimoto joue Poulenc, Grieg et Franck
    Daishin Kashimoto, violon
    Itamar Golan, piano
    Poulenc, Grieg, Frank : sonates pour piano & violon
    1 CD Sony SK 89688 2


    Couvert de prix internationaux dont celui du Concours Long-Thibaud, Daishin Kashimoto est un virtuose typique de cette génération pour qui la technique est un jeu lui permettant de cueille des lauriers partout dans le monde. Il semble pourtant se distinguer de bon nombre de ses contemporains par le souci de faire vraiment de la musique, et pas seulement le plus grand nombre de notes possible dans le plus petit laps de temps possible. Ainsi a-t-il choisi pour ce disque trois sonates qui, si elles nécessitent une maîtrise implacable de l'instrument, mettent surtout en valeur des qualités d'analyse en profondeur d'un univers musical précis, et ne pardonnent guère à un éventuel manque d'inspiration.
    Très bien aidé par le pianiste estonien Itamar Golan, muni d'un beau Stradivarius prêté par la Nippon Music Fondation, le jeune musicien ne démérite nullement même si ses interprétations sont exactement de celles dont on se dit : « C'est vraiment bien, mais ce sera encore mieux et surtout encore plus inventif et personnel dans quelques années ». C'est peut-être la sonate de Grieg qui approche le plus d'une sorte d'idéal, avec ces sonorités soyeuses, ce climat poétique de rêve pudique. A Poulenc, il manque sans doute un rien d'élégance, de refus de se prendre totalement au sérieux même dans le lyrisme. Peut-être faut-il avoir été élevé « à la française » pour trouver spontanément les clés de ce style faussement aisé. Pour sa part, la sonate de Franck est abordée avec beaucoup de conviction, une volonté d'aller au fond des sons et de la pensée de cette oeuvre magistrale, dont quasiment aucun interprète, sauf sans doute quelques grands noms des années cinquante, n'arrive vraiment à traduire toutes les dimensions. Un disque intéressant qui révèle une nature riche dont il faudra suivre avec attention les développements futurs.


     
    Gérard MANNONI


     

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