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SELECTION CD 26 avril 2024

Le treizième travail



En avril 2000, à l'issue du concert de Poissy, Altamusica écrivait à propos de cet Hercules : "On ne change pas une équipe qui gagne", en référence au mémorable Ariodante de janvier 1997 dans le même théâtre, et avec une équipe (presque) identique : le choeur et l'orchestre des Musiciens du Louvre de Marc Minkowski, en compagnie d'Anne-Sofie von Otter, Lynne Dawson et Richard Croft.


Le 11/04/2002
Juliette BUCH
 

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     Le treizième travail

    Hercules de Haendel par Marc Minkowski
    HERCULES - Georg Friedrich Haendel
    Avec Gidon Saks (Hercules) – Anne-Sofie von Otter (Dejanira) – Richard Croft (Hyllus) – Lynne Dawson (Iole) – David Daniels (Lichas) – Marcel Pujol (Priest of Jupiter).
    Les Musiciens du Louvre – Marc Minkowski, direction
    Coffret DG ARCHIV PRODUKTION


    L'enregistrement qui paraît aujourd'hui est le fidèle reflet de ce concert datant de près de deux ans déjà et bénéficie, outre de la magnifique prise de son mise en oeuvre par Deutsche Grammophon , de l'acoustique idéale du Théâtre de Poissy. Il vient par ailleurs compléter une discographie assez limitée, la belle version réalisée chez DG en 1982 par John Eliot Gardiner (avec notamment Sarah Walker et Anthony Rolfe-Jonhson) et republiée en CD en 1995 ayant l'inconvénient d'être moins complète (2 CD au lieu de 3 dans le cas présent).
    Certes, Hercules n'a pas la force émotionnelle et dramatique d'Ariodante, le héros ne faisant pas preuve, comme le preux chevalier, de cette capacité de déploration lunaire et poignante, presque maladive, de cette exaltation maniaque et triomphante et de cet éventail de sentiments contradictoires. Hercules ici est plutôt tout d'une pièce, personnage assez solaire et peu compliqué. Cependant, cette oeuvre datée de 1745, qui connut un certain échec à sa création et tomba temporairement dans l'oubli, recèle de vraies beautés, que tout l'art de Marc Minkowski et de ses interprètes contribue à mettre en relief.

    Curieusement, il semble que la partie "héroïque" soit dévolue non au rôle-titre, mais à Dejanira, son épouse, personnage très contrasté, sorte de prisme complexe où vont se fracasser douceur, charme, doute, jalousie, espoir, désespoir, exaltation amoureuse et folie meurtrière. Et Dejanira, c'est Anne-Sofie von Otter qui, une fois de plus, fait montre de son immense talent à utiliser toute la palette des couleurs de sa voix et de sa technique exemplaire, et sa puissante et presque diabolique capacité d'expression. Son interprétation est saisissante, s'attachant à varier à l'infini tous les états par lesquels passe ce personnage ambigu, presque androgyne finalement, par sa complexité, et quelque part, elle rejoint par ce biais Ariodante, toutefois dans une tonalité plus sombre, plus noire, plus désespérée, puisque qu'Hercule, victime de la jalousie aveugle de son épouse, meurt empoisonné par la tunique de Nessus, et que le "happy end" ne concerne pas le couple principal, mais Hyllus et Iole enfin réunis. Elle donne du grand air de folie Where shall I fly une version d'anthologie.
    Elle a la chance, certes, de bénéficier de partenaires à sa hauteur ; Lynne Dawson, bouleversante Iole (on se souviendra longtemps de son Daughter of gods, bright liberty tout de douceur et d'intensité extatique) ; David Daniels, Lichas de luxe, que l'on a hâte d'entendre à l'automne prochain dans le rôle de Jules César à Garnier avec le même chef, le même orchestre et Anne-Sofie von Otter également en Sextus ; Richard Croft, Hyllus juvénile, bouillant, électrisant et vertigineux de vocalises virtuoses, futur Orphée de la "version de Paris" de Gluck, encore avec Marc Minkowski et les Musiciens du Louvre) ; Gidon Sacks, un peu monolithique, parfait pour ce rôle de colosse pris au piège, à la voix sombre et un peu engorgée (il était enrhumé le soir du concert) et qui n'abuse pourtant pas d'effets trop appuyés ; et enfin Marcos Pujol, par ailleurs membre du choeur, que l'on remarque en prêtre de Jupiter.

    On ne dira jamais assez les qualités de cet orchestre, ses couleurs ambrées, le moelleux de ses instruments, il est vrai dynamisés par l'enthousiasme et l'énergie inventive de son chef, qui s'est livré, une fois de plus à un travail remarquable de précision, exigeant, mais sans tomber toutefois dans la sécheresse musicologique à laquelle peuvent aboutir parfois certaines formations baroques trop soucieuses de bien faire. Ici, l'équilibre entre la justesse d'interprétation et la ferveur sont exemplaires et les choeurs, comme toujours, magnifiques.

    Une version de référence, donc, à saluer comme il se doit : un treizième travail d'Hercule.

     
    Juliette BUCH


     

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