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SELECTION CD 25 avril 2024

L'Évangéliste du Lied



Le ténor allemand Christoph Prégardien mène carrière discrète dans le domaine lied, mais chacun de ses enregistrements souligne un peu plus sa maestria, en témoigne un récent enregistrement des  Liederkreis  de Schumann ; déjà une référence.


Le 03/05/2002
Christian PETER
 

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      (ex: Harnoncourt, Opéra)


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     L'Évangéliste du Lied

    Liederkreis de Robert Schumann
    Liederkreis op. 24
    Kerner-Lieder op.35
    Belsazar op. 57
    Lieder op. 127 et 142
    Christoph Prégardien, ténor
    Michael Gees, piano
    Un CD RCA (BMG classics) no 7 43217 32352 3


    Christoph Prégardien s'est imposé dès la fin des années quatre-vingt comme un interprète majeur d'oratorios et de musique religieuse (enfant, il chantait déjà dans les choeurs d'église) et surtout comme le meilleur Évangéliste de sa génération, témoin le récent enregistrement de  La Passion selon Saint Matthieu  d'Harnoncourt (Teldec 2001).

    Parallèlement il aborde l'opéra (Mozart, Haydn, Weber.), et surtout le lied romantique avec le même bonheur :  La Belle Meunière  gravée en 1992 avec Andreas Staier se hisse d'emblée sur les cimes de la discographie. D'autres CD consacrés à Schubert ont montré les affinités profondes qui existent entre le ténor et le compositeur viennois. Dès lors il était naturel qu'il s'intéresse à l'univers schumannien avec un  Dichterliebe  miraculeux d'abord, dans un CD consacré aux lieder sur des poèmes de Heine (DHM 1994) et le présent enregistrement gravé en 1995, que BMG publie aujourd'hui.

    Ce CD met en perspective deux poètes aussi différents que possible : Heine et Kerner, dans des lieder presque tous composés en 1840, année charnière pour Schumann, en conflit avec son futur beau-père qui s'oppose violemment à son mariage avec Clara.

     Liederkreis op.24 , premier vrai cycle de mélodies composé par le musicien (si l'on excepte quelques oeuvres de jeunesse), est une déclaration passionnée à sa bien-aimée où transparaît la crainte face à un avenir incertain. l'influence de Schubert, et plus particulièrement de  La Belle Meunière , y est perceptible, ne serait-ce que par les thèmes abordés : l'amour, l'espoir, la désillusion, la détresse, l'adieu, autant d'affects que Prégardien exprime avec une spontanéité immédiate, un naturel confondant allié à une expression sobre et virile, à mille lieues de tout maniérisme.

    On ne sait ce qu'il faut admirer le plus : la ligne de chant impeccable ( Morgens steh ich auf und frage susurré mezza voce ), les aigus en demi-teinte et parfaitement timbrés ( Ich wandelte unter den Bäumen ), l'autorité du grave ample et solide ( Warte, warte, wilder Schiffmann ), le phrasé suave,  Mit Myrten und Rosen  proprement inouï. Voilà sans doute la référence moderne de l'oeuvre dans sa tonalité originale.

    Avec  Kernerlieder op. 35 , c'est un autre thème cher aux romantiques qui est abordé : la nature, nature refuge, nature consolatrice pour le voyageur meurtri par la société des hommes. Prégardien avait interprété ce cycle à la Comédie des Champs-Élysées en septembre 1998 dans un concert mémorable où figurait également  Dichterliebe . Toutes les qualités qui firent la magie de cette soirée se retrouvent ici : le ténor se montre un diseur captivant, capable d'évoquer aussi bien la véhémence de la tempête déchaînée ( Lust der Sturmnacht ) que la délicate pudeur d'une prière de jeune fille ( Strib, Lieb'und Freud'), servi par une voix dont la dynamique et la variété des coloris surprennent à chaque mesure et renouvellent constamment l'intérêt.

    Michael Gees lui donne une réplique à la hauteur de son talent, Les deux artistes se produisent régulièrement ensemble sur scène et cela s'entend : depuis le tandem Dietrich Fischer-Dieskau/Gerald Moore, rarement une telle connivence entre deux interprètes aura contribué autant à la réussite d'un récital, et quand le piano est seul, notamment dans les différents postludes de certains lieder ( Stille Tränen ), un pur régal.

    L'étonnant  Belsazar , la ballade la plus longue écrite par le musicien, et sa première rencontre avec Heine, et les opus 127 et 142 complètent judicieusement ce programme généreux. Bien que publiés tardivement (le 142 est posthume) ces deux opus datent également de 1840, et comportent quatre lieder qui faisaient partie de la première mouture de  Dichterliebe , avant d'être écartés par Schumann.

    Un programme pertinent et, on l'a dit, copieux, une interprétation superlative qui confirme l'inspiration quasi divine de Prégardien dans ce répertoire. Une discothèque ne trouvera meilleur apôtre pour diffuser la bonne parole schumannienne.


     

     

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