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SELECTION CD |
29 mars 2024 |
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Lieder de Schumann par Bernarda Fink Robert Schumann :
Frauenliebe und Leben, op.42
Mignon, op. 79/29
Der Nussbaum, op.25/3
Aufträge, op.77/5
Die Lotosblume, op. 25/7
Ständchen, op.36/2
Nachtlied, op. 96/1
Der Sandmann, op. 79/13
Das verlassne Mägdlein, op.64/2
Die Kartenlegerin, op.31/2
Lieder op. 90
Bernarda Fink, mezzo-soprano
Roger Vignoles, piano
Harmonia Mundi
Elle est trop discrète, Bernarda Fink. À la scène, elle ne se met pas volontiers en avant, pourtant, elle est régulièrement invitée par Jacobs, Gardiner, Harnoncourt, Minkowski et quelques autres pointures du même calibre. Au disque, elle brille par sa timidité dans le répertoire de soliste. Heureusement, l'équipe d'Harmonia Mundi vient de l'obliger à confesser ses amours
Fine musicienne à l'aise dans toute sorte de répertoires de Monteverdi à Wagner, la mezzo-soprano argentine ne pouvait ignorer longtemps l'univers du Lied, et ceux qui l'ont entendue en mars 2000 à la Comédie des Champs-Élysées dans un programme Brahms/Schumann savent déjà qu'elle y excelle. De Schumann elle interprétait une partie des lieder présents dans ce CD dont L'amour et la vie d'une femme.
Composé en 1840 (« l'année des lieder » selon les biographes du musicien), ce cycle est considéré comme le pendant féminin du Dichterliebe, et même si les vers de Chamisso ne valent pas ceux de Heine, son succès ne s'est jamais démenti. Nombre de cantatrices l'ont mis à leur répertoire, citons entre autres Kathleen Ferrier, Elisabeth Schwartzkopf, Jessye Norman, Brigitte Fassbaender, et plus récemment Anne Sofie von Otter.
Face à cette concurrence redoutable, Bernarda Fink aborde cette oeuvre avec les qualités qu'on lui connaît : musicalité irréprochable, sincérité, et cette classe ineffable qui fait les grands chanteurs de lieder. Sa voix claire et délicatement ambrée épouse avec bonheur, et sans pathos excessif, les différents affects de l'héroïne : fiancée émerveillée, femme amoureuse, mère comblée et veuve éplorée, auxquels son timbre chaud confère une sensualité qu'on chercherait en vain chez d'autres interprètes.
Une incarnation majeure qui fait regretter un peu la neutralité relative de l'accompagnement, notamment dans le lied conclusif dont l'accord initial est bien timide (Bengt Forsberg, avec von Otter chez DGG le faisait sonner comme un couperet), et le postlude par trop détaché.
Le pianiste est plus à son affaire dans l'opus 90 qui clôt le programme. Ici la symbiose entre les deux artistes est totale, et Fink distille une émotion soutenue (Einsamkeit, prodigieux !) qui culmine dans le Requiem final. Voilà sans doute une version majeure de ces lieder tardifs (1850) et si rarement gravés.
Entre les deux cycles, les interprètes nous offrent quelques joyaux glanés dans différents opus, et judicieusement choisis. Citons le célébrissime Der Nussbaum (Myrthen), le facétieux
Der Sandmann (Album de chansons pour la jeunesse), et l'irrésistible Kartenlegerin qui permettent à Fink d'exploiter toutes les facettes de son talent de diseuse. Alliant la grâce à la beauté, Bernarda Fink est décidément un amour de mezzo.
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