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SELECTION CD 18 avril 2024

Sir Simon pousse sa berline



Le Philharmonique de Berlin est comme une grosse voiture ultra-puissante. Certains n'y voient qu'une grosse berline confortable qui ronronne toute seule, d'autres un tigre difficile à dompter. Sir Simon Rattle a déjà eu le temps de roder la mécanique, cela lui a permis cet éblouissant concert inaugural à fond de 5e.


Le 15/12/2002
Gérard MANNONI
 

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     Sir Simon pousse sa berline

    Rattle dirige Mahler
    Orchestre Philharmonique de Berlin
    Direction : Sir Simon Rattle.
    1 CD EMI 5 57385 2


    Extrêmement inspirée et presque sans surprise dans sa forme, la < I > 5e symphonie  de Mahler peut sembler d'une sagesse inhabituelle chez ce compositeur habitué à bousculer la tradition des grandes formes orchestrales.

    Sa force réside surtout dans le déploiement instrumental qu'elle engendre et qu'elle met au service de multiples pupitres de l'orchestre, des vents en particulier. Alors, il est bien évident qu'une formation comme le Philharmonique de Berlin est totalement chez elle dans une oeuvre pareille.

    Par contraste, on réalise que l'écueil principal des orchestres français dans le répertoire germano-viennois est justement la nature de la sonorité des vents, plus aptes par tradition à briller chez Berlioz ou Ravel qu'à rêver chez Brahms ou Mahler.

    Ici, tout est parfaitement adéquat, du son lui-même au phrasé, notamment pour le cor solo, doté d'une partie très en relief. Quant à Sir Simon Rattle, c'est bien avec ce type de répertoire et des interprétations comme celle-ci qu'il a définitivement gagné sa place dans le groupe de ceux qui peuvent prétendre succéder aux grands de la seconde moitié du XXe siècle.

    Même si elle apporte moins de nouveauté que celle d'un Abbado au même stade de la carrière, sa direction s'impose par la qualité de sa réflexion, son investissement aussi bien charnel qu'intellectuel, un sens infaillible des couleurs orchestrales qu'il sait obtenir du somptueux instrument dont il est désormais le maître.

    Il y a de l'âme et de l'inspiration dans cette approche qui se veut en outre plus sincère que surprenante. C'est assez rare aujourd'hui pour mériter d'être souligné.




     

     

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