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SELECTION CD |
28 mars 2024 |
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Lohengrin de Richard Wagner Lohengrin : Nicolai Gedda
Elsa von Brabant : Aase Nordmo-Løvberg
Friedrich von Telramund : Rolf Jupither
Ortrud : Barbro Ericson
König Heinrich : Bengt Rundgren
Der Heerufer (le héraut) : Ingvar Wixell
Orchestre et Choeur de l'Opéra Royal de Stockholm
Direction : Silvio Varviso
Enregistrement public du 29 janvier 1966
3 cd PONTO PO-1011
.Pas de distributeur en France, pour le moment, mais le coffret est disponible chez le vépéciste http://www.jpc.de
Il est le plus polyglotte de tous les chanteurs d'opéras, il a exploré pratiquement tous les répertoires et tous les styles. Son nom ? Le ténor suédois Nicolaï Gedda bien sûr. En France, on admire toujours ses nombreux enregistrements (live ou studio) d'opéras français. Ses interprétations de Werther, Hoffmann, Raoul de Nangis, George Brown, Faust, Benvenuto Cellini, Nadir et tant d'autres, sont maintenant des modèles pour les ténors de la nouvelle génération*.
Ce déchiffreur insatiable resta, cependant, en retrait des oeuvres de Wagner. Sa voix essentiellement lyrique ne lui permettait pas les rôles de Heldentenor. Mais en 1966, il se laissa fléchir et accepta de chanter le Chevalier au Cygne pour une série de représentation dans sa ville natale.
Néanmoins, il déclina l'offre du Festival de Bayreuth de reprendre le rôle en 1967, craignant de causer des dommages irréparables à sa voix. Cette décision est typique de ce musicien perfectionniste qui refusa durant toute sa carrière la facilité et l'indulgence où de nombreux ténors sont tombés hier comme aujourd'hui.
Dès les premiers mots de Lohengrin, on est captivé par cette diction d'une pureté remarquable ainsi que par la noblesse du ton, on est d'ailleurs à des années-lumière de certaines approximations germaniques par un ténor ibérique bien connu !
Et en plus, il y a cette extraordinaire sensibilité aux mots : on écoute un véritable acteur-chanteur qui sait donner à chaque phrase tout son poids. Mais il y a mieux : une technique vocale qui laisse littéralement sans voix. La projection des aigus, l'homogénéité des registres et la palette de couleurs sont sans rivales.
Le rôle requiert un médium riche et sonore qui lui pourrait poser des problèmes. Mais en 1966, âgé de 41 ans, il est à son apogée vocale. Il assume la tessiture avec aisance, projetant divinement ses remerciements au cygne, au premier acte. Lohengrin est pour lui un demi-dieu d'essence plus humaine que divine.
Ses tourments devant la trahison d'Elsa sont exprimés plus librement que d'autres Lohengrin qui restent sur leur quant-à -soi. Le duo de la chambre du troisième acte, avec sa lente montée en tension, le montre tour à tour tendre, sévère et finalement désespéré. Les indications dramatiques de Wagner sont suivies à la lettre, tout en conservant une parfaite spontanéité. Sans aucune trace de fatigue à la fin du troisième acte, Nicolaï Gedda chante un récit du Graal d'une intelligence et d'une subtilité rares.
Pour ce qui est du reste de la distribution, la norvégienne Aase Nordmo-Løvberg fut Elsa à Bayreuth en 1960. Elle n'a pas la classe de Léonie Rysanek ou d'Elisabeth Grümmer, mais elle brosse une Elsa claire et sensible. Telramund est un peu grisâtre, Ortrud a du volume et Le héraut est un jeune Ingvar Wixell plein de promesses. Cette distribution honnête est dirigée par un Silvio Varviso, malheureusement un peu lourd.
Cet enregistrement est pour la première fois disponible avec un son convenable, contrairement aux bandes exécrables qui circulaient sur le manteau. Ce sera un must pour les fans du ténor suédois mais aussi pour les toqués du walhalla.
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