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SELECTION CD |
19 avril 2024 |
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Sublimes battements de Sills |
The Art of Beverly Sills ÂŒuvres de Thomas, Massenet, Charpentier, Donizetti, Bellini, Donizetti, Offenbach, Mozart, Heuberger, Lehar, Moore, Korngold, R. Strauss.
Beverly Sills, soprano
1 CD double Deutsche Grammophon 471 766
Pour des raisons familiales, car elle ne voulait pas rester trop longtemps loin de chez elle, la carrière de Beverley Sills fut essentiellement américaine. Technicienne phénoménale de la vocalise, style exemplaire, prodigieusement douée pour les langues, Beverley Sills était réellement une soprano d'exception.
Qui plus est jolie femme et bonne comédienne, Sills possédait un registre suraigu aussi aisé que musical ; qui d'autre hormis Sutherland, a jamais produit contre-ré et contre-mi aussi naturels et agréables à l'oreille ? Elle fut la reine du New York City Opera du milieu des années cinquante à celui des années soixante-dix avant d'en être directrice de 1979 à 1989.
Elle n'accéda comme tant d'autres que tardivement à la scène du Met, triompha à l'occasion à l'opéra de Vienne et à la Scala de Milan, fit une ou deux furtives apparitions en concert à Paris  c'était l'époque où les grandes divas ne passaient en France qu'occasionnellement-, mais elle a fort heureusement laissé sur disque le souvenir de ses interprétations d'un vaste répertoire culminant avec les reines de Donizetti et les héroïnes de Rossini.
Elle aimait la musique française qu'elle chantait avec une excellente diction, comme le prouvent ici les extraits de Mignon, de Manon, de Louise ou des Contes d'Hoffmann.
Mais ce qui frappe encore le plus, est la fabuleuse agilité de cette voix toujours prompte à s'envoler vers d'acrobatiques ornements comme s'il s'agissait de la chose la plus naturelle et évidente du monde, et sans que jamais la qualité de l'émission, ni celle du timbre n'en pâtissent.
On retrouve sur ce double disque certains de ses plus grands rôles de bel canto mais aussi d'un répertoire qu'elle pratiqua à ses débuts, comme Heuberger ou Lehar. Outre un immense plaisir auditif, c'est une implacable leçon de chant et de musique que devraient méditer bien des prétendues spécialistes actuelles des mêmes partitions.
Et si l'on souhaite entendre la Sills dans des intégrales, Westminster publie en même temps trois Donizetti basiques, Roberto Devereux, Maria Stuarda et Anna Bolena, mais aussi une Lucia d'anthologie et une remarquable version des Contes d'Hoffmann.
Autant de preuves qu'il faut garder un royaume dans nos mémoires pour la Sills qui, à 73 ans, pourrait reprendre prochainement des responsabilités au MET après avoir quitté le Lincoln Center.
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Un bémol
Ce double album qui se veut un hommage à la grande Beverley Sills reprend une série de trois disques publiés en 33 tours.
Ces enregistrements qui n'ont jamais été réédités intégralement auraient facilement tenus sur ces deux CD sans qu'on y ajoute des airs extraits d'intégrales qui ressortaient en même temps ; la Lucia di Lammermoor, avec l'harmonica de verre dans la scène de la folie, constitue à elle seule un événement. Dommage.
Michel Parouty |
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