A la différence de ses contemporains russes comme Kissin ou Lugansky, Leiv Ove Andsnes n'est pas l'un de ces tempéraments flamboyants qui fascinent les média. La trentaine, comme les autres, une carrière en progression permanente, c'est un authentique poète du piano, plus dans la lignée des Claudio Arrau ou des Gerhard Oppitz. Un toucher miraculeux, d'où toute agressivité est exclue, l'art de créer des climats magiques en quelques notes, une capacité naturelle d'analyse qui le conduit droit à l'essentiel de ce qu'il joue, une approche néanmoins toujours personnelle des partitions abordées, voilà les commentaires qu'inspirent ce disque consacré aux Pièces lyriques de Grieg.

Il serait trop facile de voir dans la réussite de ces interprétations la seule filiation de la nationalité. Tous les Français ne jouent pas bien Debussy ou Ravel, ni tous les allemands Beethoven ou Schubert. Pourtant, cet univers scandinave est bien particulier et il faut sans doute y avoir grandi pour en saisir pleinement les séductions et les spécificités émotionnelles de manière aussi exacte que le fait Andsnes. Un vrai bonheur, qui sera certainement renouvelé dans un programme plus diversifié au récital que le pianiste norvégien donne le 2 avril au Théâtre des Champs-Elysées.