Carmen, opéra de Georges Bizet Choeur Les Eléments de Toulouse
Orchestre du Capitole
Michel Plasson direction
Avec Angela Georghiu (Carmen), Roberto Alagna (Don José), Thomas Hampson (Escarmillo), Elisabeth Vidal (Frasquita), Isabelle Cals (Mercedès), Ludovic Tézier (Moralès), Nicolas Cavallier (Zuniga), Nicolas Rivenq (le Dancaire).
Coffret 3 CD EMI 5 57478-2
Comme dans leur récent Roméo et Juliette de Gounod sur scène (aux Chorégies d'Orange l'an passé) et au disque (chez EMI également), Roberto Alagna et Angela Georghiu ont évité les tentations du « one-man show » et aux débordements en tous genres que leur statut de vedettes absolues de l'opéra aurait pu engendrer. A cela deux raisons, mais de taille : le métier de Michel Plasson, incontestablement l'un de nos grands chefs lyriques du moment – et cela dépasse nos seules frontière hexagonales –, et les qualités de « son » orchestre, le Capitole de Toulouse. Difficile, pour un chanteur, aussi fameux soit-il, de faire cavalier seul noyé dans des sonorités aussi luxueuses, dans une coulée musicale surtout aussi savamment canalisée. Car Plasson, en grand coloriste, rend magnifiquement justice aux mille couleurs d'une partition dont on a tendance à sous-estimer les merveilles orchestrales, trop obsédé peut-être par les prestiges de la Habanera ou des roulements d'épaule du toréador. De même, comment s'approprier un enregistrement lorsqu'on est entouré d'une distribution aussi adéquate, dont les compétences vocales sont indiscutables ? Certes, Thomas Hampson est parfois curieusement engorgé, et les graves de l'Air du Toréador se dérobent quelque peu (mais qui les a réellement ?). Certes encore, la belle Inva Mula, habituée de l'opéra français, verse ponctuellement dans un sabir inhabituel. Mais ils n'en constituent pas moins des Escarmillo et Micaela de luxe. Et le reste de l'entourage plane sur les mêmes hauteurs, surtout les hommes, emmenés par un Ludovic Tézier dont l'étoile ne cesse de croître. Que les fanatiques d'Alagna et de Georghiu se rassurent cependant : Don José – vaillant à souhait, même si l'héroïsme du rôle éprouve un peu le beau Roberto – et Carmen (ici vénéneuse à souhait, et pourtant si tragique face à la mort, à des années-lumières en tout cas du mauvais goût atterrant d'une Jennifer Larmore) sont à l'heure actuelle sans rivaux. Particupation sans histoire des Eléments de Toulouse, sous la direction de Joël Suhubiette. Une référence moderne, assurément.
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