L'aisance est souveraine, le timbre rayonnant, le style beaucoup plus affiné qu'il ne l'était il y a quelques années. On l'a encore vu dans des représentations récentes du Trouvère à l'Opéra de Paris où il était le seul à traiter cette partition de la manière proche du bel canto qui lui convient. Le vérisme est un autre langage qui trouve ici les accents adéquats, sans excès de mélodrame et sans que la voix perde jamais sa qualité. On retrouve les pages les plus célèbres de Giordano, Catalani, Zandonai, Leoncavallo, Ponchielli, Mascagni, mais aussi des airs d'opéras bien moins connus comme Zara ou Chatterton de Leoncavallo, ou encore La cena delle beffe de Giordano et même Sly de Wolf-Ferrari qui vient de connaître un regain de popularité.

Et puis, Alagna nous gratifie de deux versions du Nessun dorma de Turandot, l'une en ouverture, sous sa forme d'air pour le concert, l'autre, en conclusion, tel qu'il est dans l'opéra en spectacle. Il est de bon ton en France de critiquer nos artistes qui font de grandes carrières. Alors, n'entrons pas dans ce jeu stupide bien que traditionnel et reconnaissons que ce disque est une belle réussite et qu'il doit ravir tout vrai amateur d'opéra italien.