Pareille réunion pourrait facilement tourner à une débauche d'effets, et pourtant, dans l'approche de ces deux concertos si proches musicalement, on ne trouve rien d'excessif ni d'exaltant au premier degré, ni rien de tapageur. Tout se joue au contraire dans l'intériorité, dans le dosage des sensations, dans la mise en valeur d'une écriture si particulière chez Schumann dont seul Grieg, effectivement, s'est approché sous cette forme.

Certes, l'orchestre s'emballe parfois avec une ardeur qui ne correspond pas exactement aux intentions si vraies du pianiste, mais cela n'est que passager et l'alliance des sons et des couleurs reste exceptionnelle. Le jeu d'Andsnes et sa conception du romantisme – que certains contestent dans ses interprétations schubertiennes notamment – semblent faits pour ces musiques si lumineuses et apparemment simples.

La fermeté du toucher, ses emportements contrôlés, la pureté des lignes du phrasé, une sorte d'austérité généreuse, tout est parfaitement dans l'esprit de ces deux oeuvres dont la discographie, depuis Lipatti entre autres, est riche de grandes interprétations. Jansons apporte de son côté cette sensibilité à la russe éduquée par Mravinski qui fait merveille avec la qualité naturelle des musiciens berlinois.

Nous tenons là, très certainement, l'une des toutes meilleures versions de ces deux concertos parues depuis bien longtemps au catalogue.