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SELECTION CD 28 mars 2024

Karl Böhm, classique et volcanique



La série Great Conductors of the 20th Century d'IMG a connu un succès assez mitigé, en raison de compilations souvent hétérogènes. Toutefois, certains albums dressent des portraits pertinents et fort bien documentés des chefs du passé, à l'image du volume consacré à Böhm, grisant d'un bout à l'autre.


Le 29/03/2004
Yannick MILLON
 

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     Karl Böhm, classique et volcanique

    Grands chefs d'orchestre du XXe siècle : Karl Böhm
    Karl Böhm
    Great Conductors of the 20th Century, volume 27

    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Così fan tutte, ouverture
    Philharmonia Orchestra (septembre 1962, studio)

    Anton Bruckner (1824-1896)
    Symphonie n°8 en ut mineur (version 1890, édition Nowak)
    WDR Sinfonieorchester Köln (27 septembre 1974, concert radio)

    Joseph Haydn (1732-1809)
    Symphonie n°91 en mib majeur
    Wiener Philharmoniker (septembre 1973, studio)

    Franz Schubert (1797-1828)
    Symphonie n°9 en en ut majeur D. 944, « la Grande »
    Staatskapelle Dresden (12 janvier 1979, live)

    2CD EMI IMG Artists 7243 5 75944 2 4


    De l'opéra au répertoire symphonique, de la bande de studio au témoignage de concert, Karl Böhm (1894-1981) apparaît comme une des personnalités majeures de la direction d'orchestre au XXe siècle, à l'opposé du dinosaure frigorifique à la tradition poussiéreuse et à la baguette empesée trop souvent dépeint. L'album que lui consacre IMG dans la série Grands Chefs du XXe siècle synthétise bien l'art de ce géant de la direction d'orchestre : un mélange inimitable de probité au service du texte et de grandeur sonore typique de la tradition viennoise. A l'image d'un Jochum, Böhm fait l'effet d'un chef au fort tempérament mais toujours sobre, loin des excentricités délirantes de bien de ses collègues, mais loin aussi du « sac de pommes de terre » inexpressif que voyait en lui l'irascible et odieux Celibidache.

    Le premier CD s'ouvre avec une référence archi connue, l'ouverture de Così issue de l'intégrale EMI de 1962 – par ailleurs bien plus aboutie que celle de la décennie suivante pour DG – qui retransmet intactes la discipline, l'élégance absolue et la modernité du Mozart de Böhm – un Mozart sobre et léger, sans effets, vivant malgré des tempi très modérés, où l'architecture globale prime sur le détail. On se délectera des cordes lumineuses, des bois si reconnaissables du Philharmonia de l'époque Klemperer : un hautbois surtimbré et pincé au charme fou, une flûte enchantée à la sonorité transparente.

    Côté classicisme, on est aussi gâté avec une 91e de Haydn apollinienne et baignée de lumière grâce à un Philharmonique de Vienne en état de grâce. Quarante ans de musicologie n'ont pas eu raison de cette merveille de classicisme, d'équilibre et de lisibilité. Altmodisch ? Peut-être, mais une leçon de style, dénuée de toute trace de mauvais goût.

    En sus de ces deux documents de studio, IMG nous gratifie de deux bandes de concert. Un inédit tout d'abord, une magnifique 8e de Bruckner du 27 septembre 1974 avec le WDR Sinfonieochester Köln, dans laquelle Böhm fait se surpasser un orchestre de seconde zone qui trouve alors des couleurs insoupçonnées. Ardente, motorique et fiévreuse, cette 8e de Cologne est assez proche de l'autre live de Böhm avec la Tonhalle de Zürich (1978, édité par le label canadien Palexa) : avancée permanente grâce à un tempo toujours soutenu, pulsation toujours perceptible, articulations cassantes – un premier mouvement frondeur, un Scherzo laconique – mais beaucoup de poésie également – un mouvement lent tétanisant d'émotion, aux cordes brûlantes. Si dans l'absolu, on gardera une légère préférence pour la version studio de la même époque et les timbres souverains du Philharmonique de Vienne (DG Double), on serait bien bête de se priver du surcroît d'urgence d'une telle vision sur le vif.

    Enfin, last but not least, on retrouve la volcanique 9e de Schubert live longtemps disponible chez DG Galleria, avec une Staatskapelle de Dresde galvanisée par un chef de 84 ans dont le lyrisme de la battue – les violoncelles de l'Andante introductif, du mouvement lent – la fougue rythmique et la puissance d'articulation – un premier mouvement impétueux, aux trombones incandescents et aux cordes rageuses ; un Finale déchaîné, aux cuivres et aux timbales furieux – ont rarement atteint une telle intensité.

    Un témoignage essentiel sur l'un des plus grands chefs de l'histoire de la direction d'orchestre.

     
    Yannick MILLON


     

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