Nuits d'été pour contre-ténor |
David Daniels : Mélodies françaises Mélodies de Berlioz, Ravel, Fauré
David Daniels, contre-ténor
Daniel Arrignon, hautbois
Richard Vielle, clarinette
Daniel Catalanotti, cor
Guillaume Paoletti, violoncelle
Ensemble Orchestral de Paris
direction : John Nelson
1 CD Virgin Classics 5 456487 2 8
Depuis qu'on l'a entendu en Jules César dans l'opéra de Haendel au Palais Garnier, on sait très bien que David Daniels ne possède pas de vrais moyens d'opéra comparables à ceux qui pratiquent le grand répertoire lyrique traditionnel. Il passe certes la rampe d'un orchestre baroque, mais on a vu que son timbre paraissait bien fluet à côté de celui de la majorité de ses partenaires dans une salle de cette taille. Le disque a l'avantage de créer une autre illusion que celle du spectacle. La majorité des chanteurs de musique ancienne en bénéficient d'ailleurs aujourd'hui. Alors jugeons un disque pour un disque et alors force est de reconnaître que celui-ci est très étonnant à bien des égards.
D'abord, il fallait oser aborder ce répertoire, bien différent de celui que les contre-ténors pratiquent par tradition et par nature. David Daniels nous avaient déjà habitués, cependant, à ce type d'intrusions directes chez les sopranos en chantant la mélodie française et le Lied. Mais de là à s'attaquer aux Nuits d'été de Berlioz, il y avait un grand pas à franchir. Toutes les cantatrices ou presque s'y sont essayées, avec des réussites très diverses, la version de référence restant celle de Régine Crespin, totalement miraculeuse et inégalée.
Pas question de comparer ces deux approches tant les moyens sont opposés, mais reconnaissons que David Daniels a un timbre superbe, une technique parfaite, une musicalité sans égale et un vrai sens de l'interprétation. Son articulation est excellente, elle aussi, et son sens du style sans défaut. Alors, si l'on accepte ce type de voix pour ce type d'oeuvre, avec l'accompagnement du grand berliozien qu'est John Nelson, on doit avouer que cette version est fort belle, émouvante, subtile et profondément romantique.
Tout comme sont abordées avec style et goût les Cinq mélodies populaires grecques de Ravel, ainsi que Mandoline, En Sourdine et Clair de lune de Fauré. Mais on peut aussi trouver que ce timbre très particulier n'est pas adapté, ou trop dérangeant. Admettons-le. A souligner la très belle interprétation des différentes pages orchestrales et instrumentales qui figurent aussi à ce programme, Pantomime du deuxième acte des Troyens, Pavane pour une infante défunte de Ravel, Elégie pour violoncelle et orchestre de Fauré.
Un disque qui sort vraiment de l'ordinaire et qui convainc par ses très grandes qualités musicales.
| |
|