Histoires sacrées de Charpentier par l'Ensemble William Byrd Marc-Antoine Charpentier
Transfige dulcissime Jesu H 251
Extremum Dei Judicium H 401
Le Reniement de Saint Pierre H 424
Salve Regina H 24
Litanies pour deux dessus et basse chantante H 86
Motet pour les Trépassés H 311
Ensemble Vocal Européen William Byrd
Catherine Greuillet, Raphaëlle Kennedy, sopranos – Brigitte Vinson, mezzo-soprano – Ryland Angel & Emmanuel Bardon, altos – Bruno Boterf, Vincent Bouchot & Adrian Brand, ténors – Alain Buet, François Fauché & Paul Willenbrock, barytons-basses
Graham O'Reilly, direction
1 CD Pan Classics 10 175
Nonobstant la célébrité que confère au Te Deum un certain indicatif Eurovision, c'est dans les pages intimistes que l'art coloriste de Marc-Antoine Charpentier s'exprime le mieux. Difficile ici de faire oublier les grands aînés – notamment les Arts Florissants de la grande époque pour le Reniement de Saint Pierre – qui attirèrent les premiers l'attention sur elles.
L'ensemble William Byrd ne les relègue point aux oubliettes, loin de là , mais on ne peut que constater l'évidente modernisation des options interprétatives, passant notamment par une meilleure connaissance des maîtres italiens qui ont influencé le français – Carissimi et ses oratorios en tête, qui sont directement à l'origine des « histoires sacrées » de Charpentier. Car c'est ce qui frappe en premier lieu : l'italianité d'une écriture déployant sans vergogne des chromatismes et des écarts mélodiques dont on comprend ce qu'ils avaient de dérangeant dans une France férue de particularisme culturel (il suffit d'écouter, pour cela, quelques mesures du Transfige dulcissime Jesu ou les suaves dissonances du Motet pour les Trépassés).
Ce répertoire requiert un ensemble vocal, donc des chanteurs quasi-solistes cependant rompus au chant collectif, aptes en tout cas à assumer tout aussi bien les interventions solistes que de se fondre dans des images harmoniques raffinées ; contrat que remplissent parfaitement les membres de William Byrd. Inutile dès lors de chercher de réelles personnalités vocales, encore que la basse Alain Buet trouve quand même l'occasion de se distinguer, et même si le ténor Bruno Boterf est quelque peu éprouvé par des lignes demandant un vrai haute-contre. La souplesse rythmique et prosodique qu'obtient Graham O'Reilly rend en tout cas pleinement justice à cette attention aux mots tant vantée chez Charpentier, soulignant les beautés sonores sans pour autant sacrifier une efficacité narrative indispensable dans les histoires sacrées – Jugement Dernier et Reniement de Saint Pierre, dont la dizaine de minutes fait souffler un dramatisme que le Bach des Passions n'aurait pas renié. Un bien bel enregistrement de partitions admirables.
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